Littératie : la MRC de Drummond dans la moyenne québécoise

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Par Louis-Philippe Samson
Littératie : la MRC de Drummond dans la moyenne québécoise
(Photo : Deposit)

LITTÉRATIE. La MRC de Drummond atteint le niveau jaune de l’étude sur la littératie de la Fondation pour l’alphabétisation. Il s’agit d’un de meilleurs résultats de la région du Centre-du-Québec, mais des améliorations sont encore possibles, prévoit l’économiste Pierre Langlois, qui a réalisé l’étude.

Les niveaux ont été déterminés selon le Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) qui classe les aptitudes en littératie selon cinq niveaux. Le niveau trois est le seuil jugé nécessaire pour comprendre des textes plus longs et plus complexes. Au Québec, il a été démontré que 53,3 % de la population n’atteignait pas ce niveau.

«Le niveau trois est jugé comme celui étant satisfaisant. C’est un niveau de compréhension de texte un peu plus complexe, où il peut y avoir des informations contradictoires, des différences entre l’éditorial et le factuel. Ce n’est pas de l’analphabétisme primaire où les gens ne savent pas lire ou écrire. C’est vraiment un enjeu de compétences en littératie qui est calculé par cette évaluation», a indiqué Pierre Langlois.

La Fondation pour l’alphabétisation a classé les MRC québécoises en quatre catégories qui sont le vert, où moins de 54 % de la population n’atteint pas le niveau trois du PEICA, le jaune, entre 54 % et 58 %, l’orange, entre 58 % et 60 %, et le rouge où plus de 60 % de la population n’atteint pas le niveau trois.

Les résultats s’accompagnaient de plusieurs mesures, dont le profil scolaire des répondants. Grâce à ces mesures supplémentaires et les données du recensement canadien de 2016, l’équipe de recherche a pu répartir les résultats des quelque 2 000 personnes sondées sur le territoire québécois.

L’économiste Pierre Langlois qui a réalisé l’étude pour la Fondation pour l’alphabétisation. (Photo : Gracieuseté)

L’un des objectifs de l’étude est de projeter l’écart économique entre le Québec et les provinces limitrophes. À ce propos, l’Ontario a un écart favorable de huit points, soit 45 % de la population n’atteint pas le niveau trois. «C’est un écart tout de même important. Ça a des impacts économiques, parce que, statistiquement, mieux une région se classe en compétences de bases, l’espérance salariale est plus élevée. Si le Québec est capable de combler l’écart avec l’Ontario, il y aurait un impact économique annuel de l’ordre de cinq milliards de dollars sur le PIB de la province. Les compétences de bases sont des mesures de développement social, mais elles sont également des outils de développement économique», a expliqué M. Langlois.

Cependant, la population québécoise fait meilleure figure du côté de la numératie, soit la compréhension des chiffres.

Lutte au décrochage

Dans la MRC de Drummond, le niveau jaune représente le meilleur résultat au Centre-du-Québec en compagnie des MRC de Bécancour et d’Arthabaska.

«Il y a trois grands facteurs au Centre-du-Québec qui expliquent les résultats. Ce sont la démographie, le profil scolaire des répondants et le milieu économique. Pour la région de Drummond, ce dernier facteur a une plus forte importance. Quand on est dans une région où il y a un portrait économique plus axé sur les ressources naturelles, l’agriculture ou le secteur manufacturier, ce profil définira le marché de l’emploi et aura un impact sur les compétences en littératie de sa population», a indiqué Pierre Langlois.

Le niveau d’études a donc un impact sur le niveau de littératie. L’obtention d’un diplôme d’études collégiales a une incidence marquée sur les compétences en littératie des gens. Les efforts quant à la lutte au décrochage au secondaire ont aussi contribué à l’amélioration des résultats de la province. «Ça s’est amélioré dans la province, mais il reste un 20 %, surtout au réseau public, de décrochage. Le phénomène de raccrochage est intéressant pour la littératie. Une idée qu’on propose, pour les jeunes qui entrent rapidement sur le marché du travail à la sortie du secondaire, serait un genre de tremplin ou de continuum de formation, entre la formation professionnelle et collégiale, en situation d’emploi. Ce serait quelque chose pour inciter le jeune à poursuivre une certaine formation même s’il est sur le marché du travail», a proposé l’économiste.

Le vieillissement de la population contribue également à l’amélioration naturelle des compétences de la population active. «On se rend compte, avec le vieillissement de la population, que, chez les aînés, il y a davantage d’enjeux de littératie pour une raison bien simple : à l’époque, il y avait encore ce phénomène de décrochage scolaire au secondaire et même au primaire. Le vieillissement de la population aura une corrélation avec la littératie parce que nos aînés, qui sortent de la population active, ne sont plus considérés dans ce genre d’études», a commenté M. Langlois.

Dans la MRC de Drummond, la présence d’un campus de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) pourrait avoir des conséquences positives sur le résultat de la région lors d’une prochaine étude à ce sujet.

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