«Ça fait mal» – Yan Bussière

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Par Louis-Philippe Samson
«Ça fait mal» – Yan Bussière
L’affiche annonçant la vente a été installée en début de semaine devant l’entrée de l’Autodrome Drummond. (Photo : Ghyslain Bergeron)

COURSE AUTOMOBILE. Le terrain de l’Autodrome Drummond est à vendre. Pour le promoteur Yan Bussière, cette annonce est une véritable «bombe» alors que la saison 2021 s’est conclue il y a quelques semaines à peine.

Informé de la mise en vente depuis quelques jours, Yan Bussière, qui gère l’autodrome depuis 2005, a indiqué en entrevue qu’il digérait mal le fait de ne pas avoir été mis au courant de l’intention des propriétaires, Jacques Constant et Alain Poirier. Il soutient qu’il aurait tenté de trouver des gens d’affaires potentiellement intéressés à acheter le terrain pour y conserver l’autodrome de surcroit.

«Puisque c’est dans les mains d’un agent, c’est plus complexe de mon point de vue. […] De voir une pancarte sur le site, tout de suite après la fin de la saison, on ne se cachera pas que ça fait mal. J’ai bon espoir qu’on trouve quelqu’un qui pourra combiner le développement immobilier et les courses», a-t-il commenté au bout du fil.

Yan Bussière. (Photo Daniel Mailhiot, Autodrome Drummond)

Yan Bussière a indiqué qu’il s’est déjà mis au travail pour contacter des personnes susceptibles de conserver la vocation du site.

Joint au téléphone mercredi matin, Alain Poirier a indiqué que le facteur âge a influencé la prise de décision.

«Tant qu’il y avait des courses, on était intéressé à ce que ça se poursuive. On est rendu à l’âge où l’on fait du ménage dans nos affaires. On ne pensait pas que ça aurait pu intéresser M. Bussière de le savoir plus tôt. Peut-être qu’on aurait dû lui en parler», a commenté M. Poirier, qui possède le terrain depuis une vingtaine d’années.

Au cours des trois dernières années, Yan Bussière a mis beaucoup d’efforts à réaliser des projets d’expansion à l’Autodrome Drummond. «C’est ce que je trouve dommage. J’ai voulu faire prendre un autre step au circuit pour que les amateurs en aient pour leur argent. Je pense que ça a été mission accomplie avec la réfection de la piste, le rafraîchissement des installations et la mise à niveau du système d’éclairage vers le DEL», a énuméré le promoteur et pilote.

Des courses en 2022?

Dans le milieu de la course automobile, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe auprès des amateurs, a signalé M. Bussière. «Mon téléphone ne dérougit pas depuis mardi soir. Les gens s’associent beaucoup à l’Autodrome Drummond parce qu’ils sont des passionnés de courses. Chaque année, on a près de 40 000 visiteurs qui viennent d’un peu partout à l’autodrome. Ils se demandent tous s’il y aura encore des courses en 2022», a raconté M. Bussière.

À ce propos, ce promoteur s’attend à pouvoir présenter des courses de stock-car la saison prochaine à moins de circonstances exceptionnelles. Précisons que l’Autodrome Drummond bénéficie d’un droit acquis sur le terrain actuel selon la réglementation municipale. «Si on ferme pendant une saison complète parce que les propriétaires ne veulent pas tenir de courses, on perd notre droit acquis. C’est à ce moment que l’autodrome est en péril et ce serait terminé», a mentionné Yan Bussière.

L’option de déménager à un nouvel emplacement est aussi pratiquement impossible. «Financièrement, ça coûterait une fortune de déménager l’autodrome sur un nouveau terrain. La seule option qui pourrait être possible serait de trouver un circuit existant et y transférer les infrastructures de l’Autodrome Drummond. En démarrer un autre de zéro, sur un terrain commercial, ce serait impossible de le rentabiliser», a expliqué M. Bussière.

Malgré tout, le promoteur est optimiste de voir des courses à Drummondville pendant encore de nombreuses années. «J’essaie de faire tout en mon pouvoir pour que l’Autodrome Drummond soit là pour encore une dizaine d’années au minimum. L’investisseur devra y trouver son compte. Mon plan serait de lui offrir ce que j’ai en tête tout en poursuivant la présentation des courses de façon rentable pour l’acquéreur du terrain», a avancé le promoteur de 49 ans.

Le copropriétaire du terrain, Alain Poirier, s’est aussi fait rassurant sur l’avenir des courses. «Personnellement, je ne pense pas que les courses vont disparaître. La personne qui va acheter devrait être intéressée à avoir le locataire», a-t-il laissé savoir.

Développements à prévoir

La vente du terrain a été confiée à l’agence immobilière PMML. L’Autodrome Drummond est situé sur deux lots représentant une superficie totale d’environ 2,4 millions de pieds carrés.

Le secteur de l’Autodrome Drummond. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

«Sur ces deux lots, il y a plusieurs zones. Environ la moitié du terrain est en zone de réserve, donc aucun usage n’est permis. Une autre grande portion, qui représente aussi environ la moitié du site, est zonée agricole. Une petite partie située près du boulevard Saint-Joseph est en zonage habitation. La piste est située dans la zone agricole», indique Dominic Villeneuve, le directeur du Service des communications de la Ville de Drummondville. À l’heure actuelle, la Ville n’a aucun projet prévu pour ce site.

«Si je me fie aux professionnels de la Ville de Drummondville, ils m’ont dit que c’était pratiquement impossible de dézoner le site agricole. Ça va peut-être prendre encore 50 ans avant que ça se fasse. L’un n’empêche pas l’autre. On pourrait avoir un promoteur immobilier qui démarre un projet et l’autodrome poursuivrait ses activités de la même façon pendant plusieurs années», a avancé M. Bussière.

Au moment d’écrire ces lignes, il n’avait pas été possible de s’entretenir avec l’agent responsable de la vente. Il a cependant été possible d’apprendre que le terrain est d’abord offert à de potentiels clients présélectionnés puis sera ultérieurement affiché publiquement. Le prix demandé serait de 7,5 millions de dollars, mais cette information n’a pas pu être confirmée auprès de l’agent.

Ces dernières années, le secteur entourant l’Autodrome Drummond a vu quelques projets immobiliers lever de terre. Selon Yan Bussière, la cohabitation entre le site et les résidents pourra se poursuivre même si le développement de logements continue.

«On a 10 à 12 jours d’activités le samedi durant la saison. Sur 365 jours, je ne pense pas que ça soit un drame pour les citoyens. La Ville nous exige de finir à 23 h et c’est rare qu’on dépasse, sauf lorsqu’il y a des pépins météos ou des accidents majeurs. Je ne pense pas que la portion, qui se développerait en projets immobiliers, serait dérangée par les courses à court terme», a-t-il dit.

D’ailleurs, le copropriétaire ne sait pas combien de temps il faudra avant qu’une vente se concrétise. «On a été surpris des réactions, mais on s’attendait à ce que ça bouge. C’est un grand terrain, ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre ça», a conclu Alain Poirier.

(Avec la collaboration de Marilyne Demers)

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