CIRCULATION. De nouveaux véhicules s’ajoutent chaque année sur les routes de la MRC de Drummond. Parmi ceux-ci, une large part est composée de véhicules utilitaires sport (VUS), dont le nombre augmente en moyenne de 9 % chaque année depuis 2017. Cette augmentation de VUS et, par conséquent, du nombre de déplacements inquiète le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ).
Selon des données de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), depuis cinq ans, la proportion de VUS sur les routes est passée de 21,35 % à 28,16 % du total de véhicules en circulation, ce qui représente 6 294 unités supplémentaires durant cette période. À l’opposé, le nombre de berlines en circulation a diminué dans une plus courte proportion moyenne de moins d’un pourcent par année depuis cinq ans, soit 1 592 voitures en moins au total.
Les berlines représentent toujours la majorité du parc automobile de Drummond avec leurs 44 470 unités en 2021, soit 58,2 % du parc. Les camionnettes représentent, en 2021, 9 % du parc automobile de la MRC avec 6 873 véhicules en circulation. Ce segment a vu s’ajouter 1 025 unités depuis cinq ans. Pendant ce temps, le nombre total de véhicules de promenade a atteint les 76 409 unités en date du 30 juin 2021 dans la MRC de Drummond, soit 5 127 voitures de plus depuis 2017.
Du côté du CRECQ, on observait déjà une hausse de la popularité des VUS. La directrice générale de l’organisme Andréanne Blais ne voit pas cette tendance d’une façon nécessairement positive. «Ces VUS-là consomment beaucoup d’essence. Les gens vont se départir d’une voiture qui était peut-être plus petite et qui consommait moins pour s’acheter un VUS qui, somme toute, consomme moins que les anciens modèles, mais qui consomme plus que ce qu’ils avaient avant. Il y aurait une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES)», a-t-elle commenté.
La directrice poursuit en signalant que l’augmentation du nombre de véhicules entraîne par le fait même une diminution de la qualité environnante du milieu autant pour des raisons écologiques que pour le sentiment de sécurité des usagers de la route. «Au niveau de l’utilisation de transports alternatifs, comme le vélo et la marche, plus qu’il y a de voitures, moins les citoyens pourraient être enclin à les utiliser», a avancé Mme Blais.
Dans ses recommandations pour réduire les émissions de GES, le CRECQ propose aux citoyens de revoir leurs besoins en termes de transport automobile, même si la région ne se retrouve pas dans un cadre urbain comme les plus grandes villes de la province.
«Il y a beaucoup de choses qui permettraient de n’avoir qu’une seule voiture par ménage. L’idée d’habiter plus près de son lieu de travail et des services de proximité est un exemple. Le citoyen a tout de même un besoin d’avoir une auto au Centre-du-Québec, mais on n’est pas obligé d’en avoir une par habitant. On peut en avoir une par famille et trouver des solutions adéquates pour l’utiliser, a proposé Andréanne Blais. Ce n’est pas une utopie, ça existe des citoyens qui n’ont pas d’automobile au Centre-du-Québec.»
L’option de se procurer une voiture électrique est aussi avancée par le CRECQ. «Le gouvernement tend vers une augmentation du parc automobile électrifié. D’ici 2035, il veut que ça ne soit que des autos électriques qui soient vendues sur le marché. Au Centre-du-Québec, c’est une réalité : il va falloir tendre vers le véhicule électrique», a ajouté Andréanne Blais.
Pour le moment, la voiture électrique demeure marginale dans la MRC de Drummond. Selon les données de la SAAQ, on compte 1 107 voitures entièrement électriques en circulation, ce qui représente 1,45 % du parc automobile.
Limiter les impacts
À la Ville de Drummondville, l’augmentation de la circulation est un enjeu qui a été ciblé dans le plan de mobilité durable, bien que le phénomène ait connu une baisse temporaire durant les périodes de confinement.
Des études ont été réalisées par l’administration municipale afin de prévoir les possibles impacts qu’aura l’augmentation du nombre de voitures sur le réseau routier et quelles mesures d’atténuation devront être adoptées. Des prévisions en vue des 15 à 20 prochaines années existent, confirme Clyde Crevier, surintendant à la circulation routière de la Ville de Drummondville.
«En parallèle, on veut également agir et intervenir dans les autres choix de déplacements, soit la marche, le vélo et le transport en commun. L’option de développer des pôles d’emplois, commerciaux ou de services à proximité de secteurs résidentiels, où il n’y en a pas pour l’instant, pour développer le concept de ville de 15 minutes est dans nos orientations pour contrer les effets négatifs sur la mobilité», a exposé M. Crevier.
Il existe une hiérarchie des axes routiers à la Ville de Drummondville. Ceux-ci sont classés en suivant un principe des artères, des collectrices, puis des rues locales principales et secondaires.
«Les gens circulent sur les axes principaux, mais lorsqu’ils sont pleins, on sait qu’il y a du court-circuitage qui se fait dans certains quartiers résidentiels. C’est ce qu’on essaie d’éviter par la mise en place de mesure d’atténuation dans ces secteurs. On ne veut pas que les gens circulent dans des quartiers paisibles à haute vitesse pour passer du point A au point B. Tout le réseau artériel et collecteur est celui où on veut que la circulation, pour faire de plus grandes distances en ville, soit concentrée», a observé Clyde Crevier.
Les mesures d’atténuation de la Ville de Drummondville incluent l’ajout de feux de circulation, de voies de virage ou encore des changements à la configuration des voies de circulation.
À lire également : Le transport en commun en perte de vitesse
