Perte de milieux humides au Québec : le Centre-du-Québec figure au troisième rang

Perte de milieux humides au Québec : le Centre-du-Québec figure au troisième rang
À Drummondville, les milieux naturels représentent 60 % de la superficie totale du territoire. (Photo : Archives)

ENVIRONNEMENT. En l’espace de quatre ans, la région du Centre-du-Québec a contribué à 7,43% des pertes et perturbations des milieux humides au Québec, ce qui représente 88 hectares, constate le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ).

La région se retrouve ainsi en troisième position après l’Abitibi-Témiscamingue (44,43%) et le Nord-du-Québec (17,31%).

Selon l’Étude des crédits 2019-2020 du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), l’atteinte à 7,9 hectares a été autorisée entre le 1er avril 2018 et le 28 février 2019. Par la suite, du 1er mars 2019 au 31 mars 2021, c’est un total de 80 hectares qui s’est ajouté à ce bilan selon une demande d’accès à l’information réalisé par le journal La Presse. Ces chiffres montrent une accélération des autorisations depuis 2019.

«L’atteinte à ces écosystèmes occasionne des impacts sur diverses sphères de notre qualité de vie, car les milieux humides offrent de précieux services essentiels à la collectivité » mentionne Andréanne Blais, directrice générale du CRECQ.

Dans un contexte de lutte et d’adaptation aux changements climatiques, la conservation des milieux humides représente une solution prioritaire en soutien aux sécheresses, aux inondations et aux déplacements de la faune. La destruction des milieux humides pour sa part, particulièrement les tourbières, entraîne le relâchement d’une quantité importante de gaz à effet de serre selon de récentes études.

Malgré l’objectif d’aucune perte nette instauré par la Loi sur la conservation des milieux humides et hydriques adoptée en 2017, une partie importante de ce bilan représente des pertes nettes considérant qu’une très faible superficie de restauration de milieux humides s’est réalisée en région depuis ce temps. De plus, certaines activités ne sont pas soumises à une compensation financière. La compensation défrayée par les promoteurs en raison de ces pertes et perturbations est de l’ordre de 1 568 872$, soit 2,10% des compensations du Québec.

Au-delà de ce portrait, il faut préciser que cette superficie représente que 0,1% de l’ensemble des milieux humides de la région. De même, aucune donnée ne permet de chiffrer les projets refusés par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques en vertu de l’étape d’évitement et de minimisation lors de l’analyse des autorisations.

Enfin, il faut demeurer prudent sur les conclusions pouvant être tirées des bilans présentés. En marge de l’adoption du prochain règlement sur la compensation pour l’atteinte aux milieux humides et hydriques, le CRECQ s’interroge malgré tout aux impacts des modifications proposées sur le bilan actuel déjà inquiétant.

Selon M. Claude Lefebvre, président du CRECQ, la mise en œuvre des plans régionaux des milieux humides, hydriques et naturels (PRMH) actuellement réalisés par les MRC représente une solution importante afin d’assurer la conservation des milieux humides en région. Actuellement, la MRC de Drummond et d’Arthabaska ont adopté leur premier PRMHHN et les trois autres MRC sont en cours de réalisation ou adoption. Ces plans ont pour objectif d’intégrer la conservation des milieux humides et hydriques à l’aménagement du territoire par l’entremise des compétences des MRC.

Le CRECQ invite les propriétaires à s’informer sur l’encadrement légal soutenant la conservation des milieux humides et hydriques et de la présence de ces écosystèmes sur leur propriété. Un dépliant d’information sur les milieux humides réalisé par le CRECQ est disponible pour le propriétaire qui désire se renseigner sur les milieux humides. (EL)

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