Les faits et la vérité, s’il vous plaît (Tribune libre)

Les faits et la vérité, s’il vous plaît (Tribune libre)

TRIBUNE LIBRE. En réponse à l’intervention publique du maire Alain Carrier, à la période de questions, lors de l’assemblée publique de la ville de Drummondville, le 23 août 2021.

Nous les maires et conseiller délégué des 15 municipalités rurales, signataires de cette lettre aux lecteurs, souhaitons replacer les faits dans leur contexte. Nous cherchons à comprendre les raisons de cette sortie publique qui, à nos yeux, n’avait aucune raison de s’immiscer dans une assemblée publique de la ville de Drummondville puisque cette situation était du ressort de la MRC de Drummond. De plus, les informations énoncées publiquement devaient, selon les interventions précédentes du maire Carrier sur l’aspect confidentialité, demeurer privées puisque le dossier de la personne mise à pied serait traité en arbitrage en septembre.

Pourquoi le maire Carrier a-t-il senti le besoin de se défendre quand il n’était pas personnellement visé? Comment se fait-il qu’Éric Beaupré (Vingt55) pose une question et que le maire Carrier fournisse, durant près de neuf minutes, les moindres détails, salaire, dates et noms à l’appui, du dossier? Il a, de plus, insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il n’avait pas été partie prenante des décisions et de la règlementation se rattachant au poste aboli? Peut-on fournir tous ces éléments précis sans une certaine préparation préalable? L’objectif de l’intervention, selon les paroles de M. Carrier : «…l’important de tout ça, c’est que la vérité soit rétablie.» N’oublions pas que nous sommes en période électorale…

Le point en litige est l’absence complète d’informations à transmettre obligatoirement aux membres de l’assemblée des maires à la suite de la décision administrative d’abolir le poste d’agente au développement rural. Nous sommes imputables de toute décision prise au nom de nos citoyens, et, pour se faire, nous devons posséder tous les éléments s’y rattachant. Lors du dernier conseil des maires de la MRC de Drummond du 16 août, nous, les maires et le représentant de la mairesse de Wickham, avons demandé d’ajouter un point de discussion à l’ordre du jour afin d’obtenir des réponses sur ce qui nous semblait très arbitraire comme décision.  Notre demande nous a été refusée et battue à la majorité, principalement par les 16 votes dont dispose la ville-centre, représentée par le maire Carrier.

À l’objectif de M. Carrier de rétablir la vérité, nous désirons, en se basant sur des faits que nous appellerons nos vraies vérités, participer en complétant et/ou en corrigeant certaines affirmations.

M. Carrier a mentionné que «la recommandation était d’abolir un poste… Je vais faire fi de parler de la personne puisqu’il y aura arbitrage en septembre.»

-Notre vraie vérité : Dans ce cas, puisqu’il n’est pas question d’éléments se rattachant à un individu (abolition de poste) il ne devrait pas y avoir d’empêchement à discuter du sujet au conseil des maires de la MRC, d’autant plus que les raisons qui doivent normalement être invoquées lors d’une abolition de poste devraient être objectives et concerner principalement des éléments de procédures opérationnelles. Et si une question particulière devait poser problème, relativement au processus d’arbitrage, le directeur général ou le greffier de la MRC, présent à la réunion, pourrait simplement demander de reporter l’information à une rencontre ultérieure.

M. Carrier a répété plusieurs fois ne pas avoir été impliqué dans les décisions du passé et dans les décisions sur la règlementation concernant les ressources humaines à la MRC.

-Notre vraie vérité : Avec ses 16 votes, c’est lui qui, présentement, empêche les municipalités rurales de comprendre les raisons de l’abolition du poste d’agent de développement rural. Ce poste est amplement justifié, de par son utilité et son efficacité à rendre les services attendus par lesdites municipalités.

M. Carrier a porté à notre attention que, lors de la rencontre à huis clos du conseil des maires de la MRC du 16 août, tous les maires étaient présents, lors de la présentation par visioconférence du professionnel en ressources humaines de l’UMQ, mandatée pour effectuer l’étude sur l’équité salariale. Celui-ci nous aurait précisé l’abolition du poste.

-Notre vraie vérité : Aucun des signataires de cette lettre n’a entendu cette précision ou cette mention qui, pourtant, nous aurait interpelés vivement, et nous aurions certainement réagi. Rappelons aussi que, malgré nos demandes, nous n’avons jamais pu prendre connaissance de cette étude. Ce document, une fois déposé, devenait accessible aux élus afin qu’ils puissent prendre une décision éclairée qui concernait directement le budget des ressources humaines. De plus, après vérifications auprès du personnel ayant réalisé le rapport, l’équité salariale était le seul élément du mandat. Il ne concernait nullement une restructuration des postes ni un changement d’organigramme.

M. Carrier a indiqué aussi à la réunion du conseil municipal de la ville de Drummondville du 23 août que «la personne nommée, mandatée, pas par moi, fait la présentation, les gens se prononcent, ils disent (M. Carrier parle ici de la personne de l’UMQ mais fait l’erreur de parler au pluriel) qu’il y a abolition de poste, qu’on va sauver 86 000$, tous les maires sont là, écoutent».

-Notre vraie vérité : Aucun des signataires de cette lettre n’a entendu cette assertion, qui, pourtant, aurait dû nous sauter aux yeux. Ce qui n’est pas dit par le maire Carrier, c’est que la MRC procède présentement à l’embauche de sept nouveaux employés dont trois occuperont des postes nouvellement créés. Nous n’avons pas été consultés pour ces embauches et la création de nouveaux postes non plus.  Nous sommes contre la création de ces nouveaux postes qui ne nous ont pas été justifiés par rapport aux besoins. La réorganisation ne résultera pas en une économie, mais bien à une augmentation importante des coûts de main-d’œuvre. Et ces coûts n’ont pas été prévus au budget 2021, budget qui, selon ce qui a toujours été mentionné, doit être entériné par l’assemblée des maires à la fin de l’année précédente.

M. Carrier, encore à ce même conseil du 23 août, a mentionné que «… le 30 juin, un vote a été passé à la majorité des membres du comité administratif et de planification (CAP), pour conclure une entente avec la personne qu’on parle.»

-Notre vraie vérité : Il faut d’abord préciser que la résolution a été entérinée à quatre contre trois, encore une fois avec le vote du maire Carrier.

La résolution du CAP du 30 juin spécifiait précisément ceci :

  • Que le poste de coordonnatrice au développement rural et aux projets spéciaux soit aboli en date du 4 juin;
  • Que la MRC, par la voie de son directeur général, mettait à pied l’employée à cette date;
  • Que le directeur général et la préfète étaient autorisés à signer pour et au nom de la MRC tout document relatif à la fin de l’emploi de l’employé numéro 48.

En fait c’est le directeur général qui a procédé au licenciement le 4 juin, bien avant la rencontre du CAP du 30 juin. Les règlements MRC-756 et MRC-753 statuent clairement que c’est le comité administratif qui est autorisé à procéder aux congédiements et non le directeur général. C’est pourtant bien lui qui a effectué le congédiement plus de trois semaines avant la résolution règlementaire.

Le 24 août dernier, dans un souci de trouver une avenue à cette impasse, un conseil spécial des maires de la MRC a été demandé, selon les règles, par deux des signataires de cette lettre. Ni la préfète, Carole Côté, ni le préfet adjoint, Alain Carrier, ni le directeur général, Gabriel Rioux, ne se sont présentés. L’absence du maire Alain Carrier, avec ses 16 votes, a fait en sorte que le quorum n’a pas été atteint, ce qui annulait la validité de la séance. La façon de faire d’usage, lorsque le maire ou la mairesse ne peut se présenter à une séance publique officialisée, est de déléguer un représentant de sa municipalité afin de se prononcer sur le sujet en utilisant son droit de vote.

Malgré le choix de la date qui coïncidait avec la consultation publique sur le site d’enfouissement de Waste Management, date qui a été changée trois fois, nous aurions espéré plus de considération pour notre demande officielle en nous proposant une autre date. À tout le moins, le directeur général, qui est redevable à l’ensemble des municipalités de la MRC de Drummond, aurait dû se présenter. Il nous a donné comme réponse qu’il n’avait pas eu le mandat de la préfète.

Avec un peu de leadership de la part de ces trois personnes, il aurait certainement été possible, par une discussion franche et honnête, de rétablir les ponts, d’expliquer certains éléments et de prendre des décisions justes et équitables, en toute transparence. Rappelons que ces mêmes trois personnes ne se sont pas non plus présentées le 10 juin à une réunion spéciale CAP, dont l’élément principal à l’ordre du jour devait être une discussion sur l’abolition du poste de l’agente au développement rural.

Nous en venons à la conclusion que trop d’éléments de la procédure légale et de la règlementation en force n’ont pas été respectés. Il est facile de comprendre l’impatience, l‘incompréhension et l’indignation des maires de la majorité des zones rurales.

M. Carrier, nous vous citons : «J’espère que les mensonges et les histoires fausses vont s’arrêter là». Nous sommes d’accord.

Les municipalités rurales sont partie prenante des réussites et des initiatives de leur région et de leur ville centre. Depuis plusieurs années, nous avons, ensemble, souhaité une intégration des besoins différents des milieux urbain et rural. Nous avons travaillé à atteindre une harmonie, un consensus dans les discussions et les négociations sur les besoins et les enjeux locaux et régionaux. Nous sommes parvenus, ensemble, à maintenir une belle vitalité économique, un rayonnement régional et bien au-delà, et le respect des autres MRC du Centre-du-Québec et de tout le Québec.

Nous ne souhaitons pas revivre les vieilles chicanes stériles et improductives. Les élus municipaux ont tellement de défis à relever, ne laissons pas les querelles intestines briser l’ énergie positive qui était jusqu’à maintenant, notre force et notre fierté.

M. Carrier, nous vous demandons, S.V.P., d’utiliser votre leadership comme ville-centre à la MRC (16 votes) dans un esprit de collégialité. Nous insistons pour que tous les membres de l’assemblée des maires de la MRC de Drummond soient informés de façon transparente, dans le respect de chacun, et qu’ils puissent, à leur tour, en toute connaissance de cause, exercer leur leadership dans chacune de leur municipalité respective.

Michel Noël (maire Durham-Sud), Jean Parenteau (maire L’Avenir), François Parenteau (maire Lefebvre), Stéphane Dionne, maire NDBC paroisse), Sylvain Jutras (maire NDBC village), Guy Lavoie (maire Saint-Bonaventure), Hélène Laroche (mairesse Saint-Cyrille), Jean-Guy Hébert (maire Sainte-Brigitte), Richard Kirouac (maire suppléant Saint-Edmond), Albert Lacroix (maire Saint-Eugène), Robert Julien (maire Saint-Guillaume), Line Fréchette (mairesse Saint-Majorique), Nathacha Tessier (mairesse Saint-Germain), Benoit Bourque (maire Saint-Pie-de-Guire), Ian Lacharité (conseiller Wickham).


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