La résilience de Vincent Bourgeois

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Par Louis-Philippe Samson
La résilience de Vincent Bourgeois
Le jeune homme de 25 ans voit la suite de son parcours avec beaucoup d’optimisme. (Photo Ghyslain Bergeron)

BASEBALL. Moins d’un an après avoir subi un accident de la route qui aurait pu lui coûter la vie, Vincent Bourgeois a repris un cours de vie presque normal. Il est de retour au travail comme entraîneur personnel et de baseball en plus d’avoir retrouvé son équipe du Saint-Fred le 17 juin dernier. Vincent a réussi ce tour de force grâce au soutien de ses proches, mais aussi parce qu’il a refusé de s’apitoyer sur sa situation.

L’accident du 7 août 2020 survenu sur l’autoroute Jean-Lesage a laissé des traces sur le corps du jeune homme de 25 ans. Il a subi d’importantes brûlures et a dû se faire amputer quatre doigts, de la main droite à la phalange distale. Malgré cela, il affirme bien se porter et reprendre le rythme normal de sa vie.

«Ça va super bien. La vie a repris son cours normal et même accéléré je dirais. Je travaille beaucoup. Je m’implique énormément dans le baseball à Drummondville. J’ai retrouvé mes clients que j’avais avant et j’ai de nouveaux clients aussi en entraînement privé. Je continue de jouer au baseball, puis j’ai eu ma première équipe comme entraîneur-chef cet été. Je suis pas mal occupé», affirme d’entrée de jeu celui qui est un diplômé en kinésiologie de l’Université de Sherbrooke.

Vincent Bourgeois a eu son lot d’épreuves à surmonter cette dernière année. (Photo Ghyslain Bergeron)

Le sportif doit maintenant s’adapter à sa nouvelle vie. Plusieurs choses qu’il pouvait faire auparavant ne sont plus pareilles aujourd’hui. Son corps doit guérir de ses blessures avant tout. Vincent doit faire preuve de patience et de résilience pour atteindre ses objectifs.

«C’est sûr que ça ne sera jamais pareil. On n’est pas encore à un an post-accident. Avec des brûlures de cette ampleur-là, je vivrai quelques années durant lesquelles la peau brulée sera plus dure et moins flexible. Ça limite les mouvements un peu. Il y a des adaptations à faire, mais ça me limite de moins en moins dans le quotidien. C’est un long processus. C’est sûr que c’était un gros choc pour moi. Je suis passé d’être un athlète qui entraîne d’autres athlètes à être limité dans mon quotidien et à avoir de la difficulté à faire mes tâches de tous les jours à la maison. Il fallait que je sois patient», commente Vincent Bourgeois.

De plus, il suit des traitements au laser dans une clinique de Québec pour améliorer la guérison de ses brûlures.

Vincent n’a d’ailleurs conservé aucun souvenir de son accident. Il voit cela comme une chance alors qu’il ne craint pas de reprendre le volant ou encore la chaleur du feu. Cela lui permet de vivre un peu plus paisiblement après tout ce qu’il a traversé.

Retour au jeu

Vincent Bourgeois demeure réaliste quant à la suite des choses. Il se fixe des objectifs qu’il atteindra une étape à la fois. Celui qu’il anticipait le plus était évidemment son retour au jeu au baseball qu’il a accompli en juin.

Le joueur de champ gauche du Saint-Fred anticipait avec émotions son retour au jeu en juin. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Déjà, j’ai recommencé à jouer au baseball moins d’un an après mon accident. Ça me rend assez positif. Je me dis que dans cinq ans, ça va être encore mieux. Je ne me suis pas fixé d’échéancier. J’y vais une étape à la fois. À chaque fois que je réussis un objectif que je m’étais donné, je me dirige vers le prochain», témoigne le joueur de champ.

De plus, cette aventure lui a permis d’approcher son sport d’un tout nouveau point de vue. «Curieusement, j’ai vraiment du fun sur le terrain. J’ai quasiment plus de fun qu’avant. J’avais peut-être de l’anxiété de performance. Maintenant, je fais juste profiter des moments que je passe sur le terrain puisque je sais que j’aurais pu ne jamais rejouer au baseball de ma vie. Juste être capable de jouer presque qu’au même niveau que je jouais avant, me permet d’en profiter encore plus. Ça enlève le stress que j’avais de performer», fait-il savoir.

Même s’il n’a pas encore récupéré son niveau de jeu, Vincent est très heureux de retrouver ses coéquipiers du Saint-Fred. Il voit la présente saison comme une période d’adaptation et accepte un rôle parfois réduit au sein de l’alignement.

Un support important

Durant la période suivant son accident, Vincent Bourgeois a pu constater à quel point son entourage était derrière lui afin de l’accompagner dans cette épreuve. Autant sa famille que ses coéquipiers et tous ceux qui l’ont croisé dans la vie de tous les jours l’ont supporté à leur manière.

«J’ai été extrêmement chanceux d’être bien entouré dans tout ça. C’est ce qui a fait que ça a bien été et que j’ai pu revenir sur de bonnes bases autant dans mon travail que dans mes activités sportives. Ma conjointe a lâché son emploi pour m’aider dans mon quotidien au début. J’ai mes amis et mes collègues qui ont été là pour moi à l’hôpital et même après et qui sont encore là pour m’aider», indique Vincent avec un trémolo dans la voix.

D’ailleurs, il a découvert combien son travail au sein du baseball drummondvillois est estimé. «Le métier d’entraîneur est parfois ingrat. On n’a pas nécessairement le meilleur salaire au monde et on ne reçoit pas le mot gratitude tous les jours. À cause de cette expérience-là, j’ai eu une grosse vague d’amour. Tout le monde m’a dit à quel point ils appréciaient mon travail et qu’ils avaient hâte de me revoir sur le terrain. Ça fait réaliser que mon travail leur plait», souligne celui qui est impliqué dans l’équipe bantam AA de Drummondville et le programme Rallye Cap de Baseball Québec pour les enfants de 4 à 7 ans, durant l’été en 2021.

Vincent Bourgeois. (Photo Ghyslain Bergeron)

Plusieurs jeunes joueurs de baseball qu’il a entraînés ont apposé, sur leur casque, un autocollant «VB51» pour montrer qu’ils portaient leur mentor dans leurs pensées.

«C’est un énorme soutien surtout venant de jeunes de 10 ans et plus que j’avais entraînés. Je me promène sur les terrains et je le vois encore aujourd’hui. Le collant est resté sur le casque. C’est un sentiment incroyable à chaque fois. Moi-même, je ne le dis pas tout le temps, je ne remercie pas tout le temps les gens que je rencontre, mais quand je vois ce collant, ça me fait du bien. C’est génial», témoigne Vincent.

À la suite de ces épreuves, Vincent Bourgeois estime en ressortir grandi et est prêt à entreprendre la suite de son parcours avec optimisme. «La grande leçon que j’ai retenue de tout ça, c’est que lorsqu’il y a quelque chose qui t’importe suffisamment, tu fais les efforts tous les jours pour te rendre à ton objectif. Tu feras les sacrifices nécessaires pour y arriver, une étape à la fois. S’apitoyer sur son sort et se donner des excuses, ça ne sert à rien», conclut-il.

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