La Maison de Tanger : le projet marocain d’Alex Henry Foster

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Par Louis-Philippe Samson
La Maison de Tanger : le projet marocain d’Alex Henry Foster
Jeff Beaulieu et Alex Henry Foster se sont lancé dans une nouvelle aventure avec La Maison de Tanger, au Maroc. (Photo : Gracieuseté, Stéphanie Bujold)

CULTURE. Alex Henry Foster cherchait sa nouvelle aventure lorsque la tournée du lancement international de son album Windows in the Sky ont dû s’interrompre en 2020. L’idée de faire l’acquisition d’un pied à terre à Tanger, au Maroc, bouillonnait depuis un moment. Il ne fallait que trouver l’opportunité idéale.

Alex et son partenaire Jeff Beaulieu du groupe YFE sont tombés sur La Maison de Tanger un peu par hasard. Ce sont des amis communs qui leur ont présenté les propriétaires de l’établissement. Ceux-ci n’avaient pas l’intention de vendre à ce moment, mais avaient amorcé une réflexion quant à trouver les personnes idéales pour reprendre le flambeau.

«On avait ciblé deux autres lieux qui étaient dans le même esprit. Les aspects locatif et de gestion hôtelière étaient plus ou moins ce qui nous branchait. On cherchait un lieu où on pouvait rencontrer les gens dans un esprit d’échange. Ce sont des amis qui nous ont parlé de La Maison de Tanger. On est entré en contact avec les propriétaires et ça s’est fait relativement rapidement. La première prise de contact s’est faite à la fin mars 2021. Ça fait déjà un mois qu’on a bouclé la transaction et déjà, c’est extraordinaire», raconte Alex Henry Foster.

La Maison de Tanger offre aussi à ses nouveaux propriétaires de nombreuses possibilités pour développer l’endroit. L’édifice, construit il y a environ 13 ans, possède une douzaine de suites, un grand jardin, une piscine et de belles terrasses selon son propriétaire. L’objectif d’Alex est clair, il veut en faire un repère pour les artistes de passage à Tanger.

Le moment était propice pour Alex Henry Foster de faire l’acquisition de l’établissement situé près du détroit de Gibraltar. (Photo Gracieuseté, Stéphanie Bujold)

«Il y a énormément de possibilités pour se developer, ce qui était excessivement important pour moi. On n’avait pas envie de reprendre un établissement et seulement poursuivre ce qui s’y faisait. On avait envie d’y amener l’aspect très artistique. On a plein de projets comme une salle de spectacle et un hub culturel autant pour les gens de Tanger que les touristes. On espère que ça devienne un lieu de partage et de création. Il y a beaucoup d’artistes qui ont eu un rapport avec Tanger», raconte Alex Henry Foster.

La ville de Tanger est située au nord du Maroc à l’entrée du détroit de Gibraltar. Lors des belles journées, il est possible d’y apercevoir la côte espagnole à une quinzaine de kilomètres. Mais au-delà de ses paysages, la ville possède une riche histoire et une relation intime avec le milieu culturel et artistique.

Une relation spéciale

La relation d’Alex Henry Foster avec Tanger a commencé à s’écrire il y a un peu plus de cinq ans. Le 2 août 2016, il y arrivait à la suite du décès de son père. Recherchant un endroit où il n’aurait aucun repère, Alex y a trouvé exactement ce qu’il désirait sans réellement le savoir. Il s’agissait d’un voyage qui ne devait durer que quelques semaines, mais qui s’est finalement étiré sur deux ans.

«Il y a certains lieux auxquels tu te sens attiré et tu ne sais pas trop pourquoi, mais la ville t’invite d’une façon tellement incroyable que tu la découvres d’une perspective qui est totalement différente. Pour moi, ce qui a vraiment favorisé la découverte de la ville, c’était, qu’au final, je me retrouvais ici et j’étais déjà complètement perdu. J’étais ouvert à vivre des émotions que j’avais gardées en mortaise pendant tellement longtemps pour plein de raisons, bonnes ou mauvaises», confie le musicien.

Les racines

Partageant son temps entre Drummondville, la Virginie et maintenant Tanger, le chanteur ne se considère pas tout à fait comme un expatrié. Il est fréquemment de passage à Drummondville, où est basé YFE.

«Ça fait déjà 12 ans qu’on fait de la musique à l’international. La notion de déracinement est déjà très grande. Ce qui est difficile, c’est de se sentir enraciné à un endroit. Comme je passe presque la moitié du temps entre la Virginie et Drummondville, qui est pour moi la maison avec ma famille, je ne crois pas que j’ai la compréhension d’expatrié. Comme on voyage constamment, j’ai plus l’impression d’enfin trouver mon équilibre. Je ne me vois pas comme un expatrié, mais plus comme une personne qui a l’occasion de pouvoir se poser où je me sens bien dans trois lieux qui sont complètement distincts», explique M. Foster.

Il est important pour cet artiste de revenir souvent dans la région. Drummondville est là où sont les fondations de YFE. «Pour nous, c’était important de garder nos racines à la maison. C’est nécessaire de revenir à la maison sur une base régulière, c’est aussi de reconnecter avec qui on est, de revoir nos amis et notre famille. On y reprend nos repères et c’est tellement important, parce que c’est facile de se perdre quand on est tout le temps un peu déraciné», est d’avis le musicien.

Similitudes

D’ailleurs, Alex Henry Foster a remarqué, au fil du temps passé à Tanger, plusieurs similitudes entre les peuples québécois et tangérois.

«Ce que j’aime du Québec, c’est la grande ouverture. Je trouve qu’on est une communauté très ouverte, accueillante, qui a un désir de partage et un humour qui nous est propre et qui invite les autres. À Tanger, je retrouve beaucoup de ça et ça fait vraiment du bien. Au Québec, on a ce désir de partage, ce rapport à l’autre qui est très inclusif et généreux et, à Tanger, je vois cet esprit-là», compare-t-il.

D’un autre côté, le Drummondvillois a été surpris par la relation avec le temps complètement différente des Marocains. «Le temps n’existe pas vraiment ici. Les gens n’ont pas la même notion et ça peut parfois rendre dingue. C’est dans la nature du lieu et ça t’amène à lâcher prise sur des trucs. C’est un choc, mais lorsque tu arrives à avoir l’équilibre entre les deux, je trouve que c’est plutôt bien», poursuit-il.

Le musicien prévoit reprendre la tournée cet automne si toutes les conditions sont réunies. Entretemps, La Maison de Tanger est simplement un nouveau défi qui s’ajoute à la liste d’Alex Henry Foster. Un défi qu’il se dit heureux d’affronter avec des amis.

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