Aide médicale à mourir : inquiet, un regroupement d’organismes en santé mentale dépose un mémoire

Aide médicale à mourir : inquiet, un regroupement d’organismes en santé mentale dépose un mémoire
(Photo : Unsplash)

SANTÉ MENTALE. Le Regroupement des organismes de base en santé mentale des régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec (ROBSM 04-17) est inquiet face à l’élargissement de la loi concernant les soins de fin de vie concernant les demandes d’aide médicale à mourir (AMM) réalisées pour seul motif de troubles de santé mentale. Il dépose d’ailleurs aujourd’hui son mémoire à la Commission spéciale.

À la suite de lecture de mémoires, de rapports de recherche et à des consultations auprès de ses membres, le Regroupement a retenu les trois éléments suivants :

  • Les maladies mentales ne sont ni incurables ni irrémédiables;
  • L’élargissement de la loi représente un potentiel accru de stigmatisation et de discrimination à l’égard des gens ayant des troubles de santé mentale;
  • Les symptômes de la maladie mentale et le rétablissement fluctuent dans le temps et sur de longues périodes en termes d’années selon chacune des personnes.

Ainsi, le ROBSM 04-17 maintient une vision négative face à l’accès pour seul motif de trouble de santé mentale à l’AMM pour les personnes vivant avec de telles problématiques, en vertu du caractère irrémédiable de la maladie qui ne peut être confirmé par aucune donnée probante et de l’irréversibilité du traitement imposée, soit la mort. Cette vision, soulignons-le, repose sur le travail mandaté auprès de Marjolaine Trottier, infirmière-clinicienne, étudiante à la maîtrise en soins infirmiers – profil éthique à l’Université du Québec à Trois-Rivières et personne concernée par la maladie. Celle-là même qui a rédigé le mémoire.

«En ce qui me concerne, côté santé mentale, j’entends des voix. Bien que rétabli à 90 %, depuis quelques années, il reste un 10 % pendant lequel, presque quotidiennement, les voix me disent de me suicider. Je les ignore tout simplement et dédramatise la situation. Je crois donc à une vie épanouie où le suicide n’est pas une solution, tout comme l’aide médicale à mourir qui est, pour moi, un suicide déguisé et institutionnalisé», soutient René Sicard, pair aidant communautaire pour le ROBSM 04-17.

«À l’heure actuelle, nous ne pouvons être surs à 100 % qu’il n’existe aucun traitement ou service pouvant favoriser le rétablissement des personnes vivant avec un problème de santé mentale», relate Jonathan Lacasse, codirecteur.

«Même les gens concernés disent qu’après un épisode suicidaire, ils sont encore contents d’être en vie. J’ai écrit ce mémoire pour eux», ajoute Marjolaine Trottier.

LE ROBSM regroupe près d’une trentaine d’organismes communautaires en santé mentale sur le territoire de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Il a pour mission, par et pour ses membres, de permettre à la population d’avoir accès à une gamme variée de services communautaires et alternatifs en s’appuyant sur la formation, la concertation du milieu et la représentation. (CGM)

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