Une dernière aventure sur le Saint-Laurent pour deux septuagénaires

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Par Lise Tremblay
Une dernière aventure sur le Saint-Laurent pour deux septuagénaires
Robert Béliveau et Bernard Massé sur leur voilier. (Photo : Gracieuseté)

AVENTURE. Robert Béliveau et Bernard Massé n’avaient pas envie d’un été tranquille sur leur balcon. En juillet dernier, ils ont mis à profit toutes leurs connaissances en matière de navigation et ils sont partis à la conquête du fleuve Saint-Laurent, de Québec jusqu’à la Baie des Chaleurs.

Liés par une amitié qui date de plus de 40 ans, Robert Béliveau, 76 ans, et Bernard Massé, 78 ans, ont décidé d’acquérir un voilier de 29 pieds en juillet 2019. Ils l’ont rénové puis ils ont fait quelques sorties ensemble sous le signe du plaisir.

«On se connaît depuis la fin des années 1970. On vient de Drummondville tous les deux et on s’est rencontré sur le lac Champlain. On avait chacun trois filles et un voilier. C’est une passion commune que nous avons», a exprimé M. Massé, qui est retraité de l’usine Sylvania. Dans ses temps libres, il fabriquait et rénovait des bateaux dans son garage.

Son ami, Robert Béliveau est un comptable agréé à la retraite. Il a acheté son premier voilier à 32 ans. Il ne compte plus les heures qu’il a passé au large.

Malheureusement, les comparses ont été en deuil de leur épouse à quelques années d’intervalle.

«C’est après que j’ai demandé à Bernard s’il voulait qu’on achète un bateau ensemble. La vie devait continuer», a raconté M. Béliveau.

C’est ainsi que les septuagénaires ont décidé en 2020 de participer à un rallye-croisière entre Québec et Tadoussac. L’événement était organisé par les Plaisanciers du Saint-Laurent. L’expérience s’est avérée si positive que le duo a choisi de la répéter le 9 juillet dernier.

Une flottille de 30 embarcations a levé l’ancre à Québec et s’est donné la mission d’accoster à Rimouski dix jours plus tard.

«Ces messieurs ont été nos participants les plus âgés des deux dernières années, a communiqué Gaël Simon, l’un des organisateurs du rallye. Ils ont été une source d’inspiration pour les autres navigateurs. Ils ont amené tout un bagage et une expérience qu’ils ont partagée volontiers avec les autres. Ils ont eu une attitude bienveillante, qui a contribué à la cohésion du groupe.»

Les Drummondvillois ont atteint leur objectif haut la main, mais ont tôt fait de retrouver le vent et les marées du Saint-Laurent.

Sur le fleuve Saint-Laurent. (Photo Gracieuseté)

«C’était prévu qu’on poursuive notre chemin jusqu’à la Baie des Chaleurs. On n’a pas arrêté de se répéter la phrase suivante : « n’essayez pas ça chez vous, nous sommes des professionnels »», ont-ils raconté à la blague. C’est que l’aventure n’a pas été de tout repos.

«C’était un défi physique, mais aussi intellectuel. Il fallait composer avec la nature et les éléments. On n’a pas été chanceux côté vent. On voulait se rendre jusqu’au Nouveau-Brunswick, mais on a décidé d’arrêter un peu avant, car on redoutait la remontée du fleuve», ont fait savoir ceux qui ont navigué durant 29 jours consécutifs.

«Le plus incroyable là-dedans, c’est qu’on ne s’est jamais chicané!», a lancé Bernard Massé dans un éclat de rire.

À cause des vents qui n’étaient pas coopératifs, le duo a dû actionner à contrecœur le moteur du voilier.

«Ç’a été un peu décevant, mais l’aventure était là quand même. Le fleuve Saint-Laurent est d’une beauté incroyable. Il est tellement vaste», a exprimé M. Béliveau, qui a indiqué avoir observé de nombreux bélugas, phoques et baleines, surtout dans le coin de Tadoussac.

En chemin, ils ont fait de nombreux arrêts, question de profiter au maximum de leur périple. Ils ont traversé le fleuve pour se rendre à Baie-Comeau puis ils ont visité plusieurs villages de pêcheurs, dont Cloridorme, en Gaspésie, où la pêche de cocombres de mer est prisée. «Il paraît qu’en Asie, les gens en raffolent. Pourtant, ce n’est pas très appétissant», ont-ils fait savoir.

Malgré leur vaste expérience, les Drummondvillois ont pris conscience du défi que représente le principal cours d’eau du Québec.

«On a vraiment réalisé qu’on ne peut pas faire de la plaisance sur le fleuve Saint-Laurent. On fait réellement de la navigation. Si tu réussis à naviguer là, tu peux aller partout ailleurs dans le monde», a soutenu M. Massé, qui était à la barre du voilier.

Rencontrés sur la terre ferme, au lendemain de ce périple qui les a rendus excessivement fiers, Bernard Massé et Robert Béliveau songent maintenant à vendre leur voilier. Un peu à contrecoeur.

«On a réalisé ce défi-là sans aucune égratignure. Tout a bien été, mais on ne rajeunit pas. Il faut en être conscients. On a fait ce qu’on voulait, mais je crois que nous devons maintenant passer à autre chose», ont-ils conclu en se lançant un regard complice.

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