Agressée physiquement dans un parc, une adolescente de 11 ans lance un message de sensibilisation

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Par Lise Tremblay
Agressée physiquement dans un parc, une adolescente de 11 ans lance un message de sensibilisation
(Photo : Ghyslain Bergeron)

TÉMOIGNAGE. Ce qui devait être une journée sympathique entre amis s’est transformé en un véritable cauchemar pour Hailey Beaudet-Picard, une jeune fille de 11 ans qui pratique la planche à roulettes. Vendredi dernier, elle a subi une agression physique traumatisante au parc Curé-Demers de Drummondville.

C’était la deuxième fois que Hailey Beaudet-Picard demandait à ses parents la permission d’aller pratiquer son sport favori au parc Gérard-Perron à Drummondville, là où se trouve le skatepark urbain. Généralement, elle avait l’habitude d’aller exécuter ses prouesses au parc de planche à roulettes de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, là où elle vit.

En après-midi, sa mère Cindy Beaudet la dépose. La jeune fille se promet d’avoir beaucoup de plaisir avec ses deux grandes amies. Sur son dos, un petit sac gris contenant collations, eau et effets personnels.

Vers 19 h, les adolescentes prennent une pause et se rendent au parc Curé-Demers, situé à quelques mètres à peine de l’aire de jeux. Quelques minutes plus tard, une bande de jeunes arrive sur les lieux et s’installe près d’une table.

L’agression est survenue dans le parc Curé-Demers de Drummondville, voisin du stake park. (Photo Ghyslain Bergeron)

«J’avais mis mon sac à dos sur cette table. Quand ils sont arrivés, mon amie m’a suggéré d’aller le chercher, pour ne pas que je me le fasse voler. C’est ce que j’ai fait», a raconté la jeune fille d’une voix fragile.

En récupérant son sac, elle est passée près d’un homme de 22 ans. Plus tard, la famille apprendra qu’il était intoxiqué par l’alcool.

«J’ai pris mon sac et je l’ai mis sur mon dos. Mais il m’a tiré vers lui par les bretelles. J’ai essayé de le repousser en lui donnant un coup sur la poitrine avec la paume de ma main. Je ne voulais pas qu’il me touche», a-t-elle poursuivi.

Hailey Beaudet-Picard s’est ainsi retrouvée dos à l’homme. Ce dernier, pour une raison qui demeure inexpliquée, s’est mis à la tirer en l’étranglant par-derrière, sous les encouragements nourris de ses amis.

Hailey Beaudet-Picard a manqué d’air. Et elle a perdu connaissance. «J’ai eu l’impression que ça a duré des heures», a laissé tomber l’adolescente, qui a aussi fait des convulsions.

«Dans son oreille, il lui a murmuré « Fais-toi s’en pas, ça va bien aller ». Elle criait à l’aide et personne n’est allé l’aider. Tout le monde regardait la scène sans rien faire. Il y avait un adulte sur les lieux et c’était lui, son agresseur. Elle se faisait littéralement traîner en se faisant étrangler», ont poursuivi ses parents, qui ont peu dormi depuis les événements.

Un peu plus loin, son amie Ocey-Ann Pontbriand, 13 ans, parlait au téléphone, le dos tourné. Quand elle s’est aperçue que quelque chose clochait, elle s’est précipitée vers son amie.

«Elle nous a raconté que lorsqu’elle l’a vue, notre fille était allongée au sol et ses jambes sautillaient. Elle a crié son nom à plusieurs reprises et elle l’a assise. Quand elle a vu qu’elle arrivait à respirer, elle a littéralement sauté sur le gars, l’a pris par le collet et elle a passé près de le frapper. C’est ce qui a fait qu’il a lâché ma fille. Les deux filles sont vraiment fortes de caractère. Ce sont de petites guerrières, car autour, tout le monde riait et se foutait de ce qui se passait», ont poursuivi les parents.

Hailey Beaudet-Picard. (Photo Ghyslain Bergeron)

Les policiers ont été appelés sur les lieux. Hailey Beaudet-Picard a été transportée à l’hôpital en ambulance puis elle a décidé elle-même de porter plainte. L’homme de 22 ans a été mis en état d’arrestation sur-le-champ. Il devrait comparaître sous peu au palais de justice de Drummondville où il pourrait faire face à des accusations.

«On ne veut pas que son nom soit nommé. Ça ne sert à rien et, surtout, il ne mérite pas d’attention. La vie va se charger de lui. On veut mettre toute notre attention sur notre fille, qui a vécu quelque chose de très difficile», ont souligné les parents.

«Je ne veux pas que ça arrive à d’autres personnes», a renchéri l’adolescente, qui a pris soin d’informer l’auteure de ces lignes que «son agresseur a été libéré le soir même».

Sécurité

Le père de la jeune fille, Danny Picard, est d’avis qu’il y a une lacune en matière de sécurité dans ce secteur. À ses yeux, des caméras de surveillance devraient être installées au parc de planche à roulettes puis au parc Curé-Demers. Il estime aussi que des agents de sécurité devraient y travailler en permanence.

«Je n’en reviens pas de voir autant de différence d’âge dans ce parc. Il y a autant des petits de 6 ans que des grands dans la vingtaine qui vont là. Ça n’a pas de bon sens. Oui, il y a de la surveillance policière, mais il y a clairement quelque chose qui manque dans ce secteur», a-t-il indiqué.

Chose certaine, ce dernier assure qu’il ne laissera plus jamais sa fille sans surveillance dans un parc à Drummondville.

«Je ne retournerai jamais là s’il n’y a pas d’adultes responsables», a lancé Hailey Beaudet-Picard.

Questionnée au sujet de la sécurité dans les parcs, la Ville de Drummondville informe que des caméras de surveillance sont en fonction au parc Gérard-Péron (skatepark), mais pas au parc Curé-Demers, là où est survenue l’agression de l’adolescente de 11 ans.

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