L’abolition d’un poste à la MRC divise les maires des municipalités

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Par Louis-Philippe Samson
L’abolition d’un poste à la MRC divise les maires des municipalités
L’abolition du poste de coordonnatrice au développement rural a divisé les élus de la MRC de Drummond. (Photo : Louis-Philippe Samson)

DRUMMOND. La décision d’abolir le poste de coordonnatrice au développement rural par la MRC de Drummond laisse un goût amer à la majorité des maires de municipalités. Ceux-ci déplorent que cette décision ait été prise sans être préalablement débattue en assemblée. 

Un groupe de 15 élus ont voulu ajouter le point lors de l’assemblée ordinaire du conseil de la MRC du 11 août. Malheureusement pour eux, la motion n’a pas été retenue lors du vote. Alain Carrier, maire de Drummondville, Thérèse Francoeur, mairesse de Saint-Félix-de-Kingsey, et Diane Bourgeois, mairesse de Saint-Lucien ont voté contre l’ajout de ce point à l’ordre du jour. Étant donné le poids démographique de Drummondville, la motion a été rejetée et le point n’a pu être discuté lors de l’assemblée.

Un froid s’est ressenti immédiatement alors que la mairesse de Saint-Cyrille-de-Wendover, Hélène Laroche, s’est opposée à l’adoption de l’ordre du jour. Lors du vote, les mêmes 15 élus ont voté contre alors que les trois autres ont voté pour. L’ordre du jour a finalement été adopté en raison du pouvoir du vote de Drummondville.

À la suite de la conclusion du conseil de la MRC, quelques maires et mairesses ont livré leurs commentaires à L’Express.

Le maire de Saint-Eugène, Albert Lacroix, s’est montré déçu de l’abolition du poste et du rejet de l’ajout du sujet à l’ordre du jour. «Le poste [de coordonnatrice au développement rural] servait aux municipalités rurales et la personne qui l’occupait était très appréciée de celles-ci. On n’a aucune information sur les raisons qui ont poussé à supprimer ce poste ou s’il s’agit d’un congédiement ou un réaménagement de postes. Il y a des questions à poser effectivement. On voulait aussi souligner le fait qu’il semble que ça n’a pas été fait dans les règles», a commenté M. Lacroix.

Un total de 14 municipalités rurales, composé de Saint-Pie-de-Guire, Saint-Edmond-de-Grantham, Notre-Dame-du-Bon-Conseil Paroisse et Village, Saint-Majorique-de-Grantham, Sainte-Brigitte-des-Saults, Saint-Guillaume, Saint-Eugène, Saint-Cyrille-de-Wendover, Saint-Bonaventure, Durham-Sud, Lefebvre, L’Avenir et Saint-Germain-de-Grantham ont déposé la motion s’opposant à la suppression du poste en question. Le représentant de Wickham, Ian Lacharité, a voté en soutien à ces municipalités alors que la mairesse, Carole Côté, agit comme préfète de la MRC.

«Les représentants des 14 municipalités n’ont jamais été d’accord avec ça parce qu’on n’a jamais été mis au courant. C’est de cette façon qu’on a décidé de se prononcer et vous avez vu ce que ç’a fait», a commenté Hélène Laroche, mairesse de Saint-Cyrille-de-Wendover, en faisant référence à la motion qui a été déposée puis refusée lors de l’assemblée.

Selon la plupart des maires et mairesses rencontrés sur place, c’est la première fois qu’une division aussi franche se fasse ressentir à la MRC. «Il y a toujours eu consensus entre la Ville et les municipalités rurales. Les gens ont toujours été suffisamment adroits pour qu’on s’entende. Une situation comme celle-là, moi, je ne me souviens pas d’avoir déjà vu ça», a ajouté le maire de Saint-Eugène.

L’objectif des maires et mairesses était d’obtenir des réponses à leurs questions, ce qui n’a pas eu lieu. Le maire de Saint-Eugène a mentionné que d’autres recours visant à obtenir les réponses à leurs questions sont explorés, mais il ne s’est pas avancé davantage.

Dossier en arbitrage

Appelé à expliquer son vote contre l’ajout du point à l’ordre du jour,  le maire de Drummondville, Alain Carrier, a mentionné, vendredi matin , que le dossier de l’abolition du poste de coordonnatrice au développement rural sera entendu en arbitrage au mois de septembre.

«On m’a dit, du côté de la MRC, qu’on est présentement en négociation avec l’employée en question. On trouvait que ce n’était pas opportun de parler de ce sujet en public. Mon rôle a été de vérifier ce que le directeur général de la MRC a le droit de faire. Il y a un règlement à la MRC qui dit que le directeur général peut mettre fin à un poste pourvu que ce ne soit pas un poste de cadre. La personne en question n’était pas cadre», a commenté Alain Carrier.

La  porte est ouverte à ce qu’une discussion ait lieu, lors d’une séance du conseil de la MRC, une fois que le dossier aura été entendu en arbitrage.

En 2020, les élus de la MRC ont donné comme mandat à l’Union des municipalités du Québec (UMQ) de réaliser une étude sur le maintien et l’équité salariale dans l’organisation. À la suite du dépôt du rapport de l’UMQ, le directeur général de la MRC de Drummond, Gabriel Rioux, a exposé aux membres du comité du personnel, sur lequel siège le maire de Drummondville ainsi que les mairesses de Wickham et de Saint-Félix-de-Kingsey, la recommandation de l’abolition du poste de coordonnatrice au développement rural. Il a été jugé que le même travail pouvait être accompli par d’autres employés déjà en place. Les tâches ont été additionnées au poste de directeur général adjoint de la MRC, occupé par Michel Royer.

«Sur le comité du personnel, il y avait deux municipalités rurales et la Ville de Drummondville. C’était unanime de dire à M. Rioux que le travail avait été bien fait. Il ne voulait pas avoir notre appui, il voulait simplement nous aviser de l’abolition du poste. De mon côté, j’ai juste demandé qu’il s’assure que le CAP [comité administratif et de planification] le sache avant que ça sorte dans les journaux. […] Ce n’est pas à Drummondville de s’ingérer là-dedans, mais je peux comprendre l’inquiétude des municipalités par contre», a ajouté le maire Carrier.

En terminant, Alain Carrier a mentionné qu’il trouve dommage que ce dossier ait «dégradé le climat de travail» des élus de la MRC, qu’il considérait comme «bon» auparavant.

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