Pour mieux accueillir la diversité dans les résidences

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Par Cynthia Martel
Pour mieux accueillir la diversité dans les résidences
Julien Rougerie, chargé de programme à la Fondation émergence. (Photo : gracieuseté)

SENSIBILISATION. Depuis 12 ans, la Fondation Émergence offre la formation-conférence Pour que vieillir soi gai. L’objectif : sensibiliser les milieux de vie et organismes œuvrant auprès des personnes âgées aux réalités des aînés LGBTQ+, un sujet encore tabou.

Les résidences pour aînés demeurent en majorité des milieux hétéronormatifs, c’est-à-dire que leurs approches et services ne sont pas nécessairement adaptés aux réalités des personnes LGBTQ+.

«C’est une forme de discrimination de ne pas les accepter ou les reconnaître tels qu’ils le sont. Dans les études, on constate que les personnes âgées LGBTQ+ sont plus souvent la cible d’intimidation et de maltraitance. Pourquoi? Parce que ça cible souvent les personnes isolées socialement, le point faible des aînés LGBTQ+. À leur époque, il n’y avait aucun signe d’ouverture. Le cacher, c’était une question de survie, ils ont donc encore ce mécanisme de défense qui est difficile à défaire», souligne Julien Rougerie, chargé de programme à la Fondation émergence et responsable de la formation-conférence Pour que vieillir soi gai.

Parce qu’ils ont généralement peur d’être victimes des préjugés ou de subir de la discrimination de la part des autres résidents ou des intervenants, les aînés de cette communauté se font discrets en dissimulant leur appartenance sexuelle et/ou leur identité, ce pourquoi ils sont peu visibles dans les résidences.

Pourtant, on estime la population lesbienne, gaie, bisexuelle et trans (LGBT) à environ 10 % de la population totale.

Les résidences pour aînés demeurent en majorité des milieux hétéronormatifs. (Photo : Depositphotos)

«Être dans le placard dans son propre milieu de vie, ç’a des conséquences très, très néfastes», estime M. Rougerie.

C’est pourquoi depuis 2009, la Fondation Émergence mise sur sa formation-conférence. Sensibiliser les personnes travaillant en milieux aînés aux réalités des personnes âgées LGBTQ+ est essentiel pour leur permettre de vivre dans un environnement sain et inclusif, fait valoir le responsable.

«Le but c’est d’équiper les milieux pour briser le tabou, qui est encore complètement dominant. Souvent, on fait face au même constat : les équipes des résidences nous disent qu’elles n’ont jamais eu de personnes LGBTQ+ dans leur milieu. La mentalité n’a pas trop, trop évolué, on ne dit pas que les aînés sont plus homophobes, ce n’est pas ce qu’on constate, c’est plus du côté des intervenants, qui, par leurs actions ou leurs paroles pas toujours inclusives, sans le vouloir, réduisent les personnes âgées à des stéréotypes de grand-mère et grand-père hétérosexuels, donc ça ne laisse aucune place pour exister en tant que personne», explique-t-il, spécifiant qu’il demeure difficile de rejoindre les résidences.

Gratuite, la formation Pour que vieillir soit gai est d’une durée de deux heures. Elle comporte un survol des concepts reliés à la diversité sexuelle et de genre, de l’évolution des droits LGBTQ+ ainsi que leurs impacts sur les différentes générations, des bonnes pratiques pour rendre son milieu plus inclusif et un témoignage d’une personne aînée LGBTQ+.

«Ç’a arrivé plusieurs fois que des gens, lors d’une formation, en ont profité pour faire leur coming out, signe qu’on fait des petits pas chaque fois», fait savoir en guise de conclusion M. Rougerie.

Pour en connaître davantage sur la Fondation émergence et sa formation-conférence : www.fondationemergence.org

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