Pression à l’urgence : les paramédics sont aussi inquiets

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Par Cynthia Martel
Pression à l’urgence : les paramédics sont aussi inquiets
En élargissant le rôle des paramédics, cela permettra d’améliorer la fluidité et d’optimiser les délais de prise en charge des usagers de l’urgence. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. Les paramédics de Dessercom se disent à leur tour préoccupés par la situation qui prévaut dans les urgences de la province, dont à Drummondville, parce qu’ils subissent eux aussi des répercussions pouvant avoir des conséquences sur la santé des usagers.

Dessercom, l’une des plus grandes entreprises ambulancières et de transports médicaux de la province, est d’abord inquiète sur le fait que des ambulances doivent être détournées.

En raison de la pénurie de main-d’œuvre et les vacances du personnel, l’urgence de Drummondville doit composer encore plus, rappelons-le, avec des équipes réduites, et ce, alors qu’entre 25 et 30 civières par jour sont occupées. Dix-neuf sont autorisées au permis. Si fermer l’urgence n’est pas une option, avait soutenu en entrevue la Dre Chantal St-Onge, adjointe au chef du département de médecine d’urgence, transférer des patients à Victoriaville s’avère une des solutions temporaires.

Les ruptures de service hospitalières ont des répercussions considérables sur les services ambulanciers, de l’avis de Dessercom. Lorsque les ambulances sont détournées d’une urgence, les transports peuvent donc s’allonger de plusieurs minutes et ainsi entraîner une découverture temporaire du secteur desservi, en augmentant les délais d’intervention pour obtenir l’expertise d’une équipe de paramédics.

«Nous sommes conscients des enjeux dans les hôpitaux, mais nous ne devons pas négliger tous les impacts sur les services ambulanciers découlant des décisions prises par les centres hospitaliers. Nos paramédics veulent offrir un service de qualité et assurer la meilleure continuité de soins à leurs patients», souligne Francis Brisebois, porte-parole de Dessercom, dans un communiqué.

Horaire de faction

À travers le Québec, certains paramédics de grandes municipalités sont toujours sur des horaires de faction, c’est-à-dire aptes à répondre aux appels 24 heures sur 24, pendant 7 jours. Toutefois, selon des critères de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) relatifs à la charge de travail sur un véhicule d’urgence, l’équipe doit être retirée de son quart de travail et remplacée par deux autres paramédics pour leur permettre de se reposer. Ces situations, appelées débordement, sont imprévisibles et peuvent même engendrer des ruptures de service, notamment parce qu’il n’y a plus de paramédic de disponible pour combler ces quarts de travail.

«Imaginez l’effet boule de neige que ça engendre sur les opérations préhospitalières, lorsque nos paramédics en horaire de faction doivent se diriger vers un autre centre hospitalier à plusieurs kilomètres de leur zone de couverture, en raison d’un détournement d’ambulance. À terme, il est possible de subir une rupture de service à l’hôpital et une rupture des services ambulanciers pour votre région», avise M. Brisebois.

Depuis plusieurs mois, Dessercom réalise des représentations auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour convertir définitivement les horaires de faction problématiques en horaire à l’heure, afin que les paramédics soient à bord de leur ambulance et prêts à répondre plus rapidement aux appels. Dessercom est toujours en attente d’une réponse.

Fausse croyance

D’autre part, les hausses d’appels sporadiques que connaissent certaines municipalités occasionnent une importante pression sur les services préhospitaliers d’urgence et les paramédics.

Dessercom tient à rappeler à la population que, pour l’instant, les paramédics doivent transporter systématiquement leurs patients vers les urgences des hôpitaux afin d’être pris en charge par les équipes soignantes. Toutefois, il est faux de croire que l’admission au centre hospitalier sera plus rapide par ambulance.

«Chaque personne passe par le processus de triage de l’hôpital en arrivant par ambulance, sauf évidemment les cas très critiques. Parfois, il est même possible que la personne que nous venons de transporter soit dirigée vers la salle d’attente après le triage. Il est donc important de préserver les services préhospitaliers aux urgences médicales, surtout dans un contexte où les ressources ambulancières et de main-d’œuvre sont limitées», insiste le porte-parole.

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