Le sentier de Claude apporte la paix depuis 20 ans

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Par Lise Tremblay
Le sentier de Claude apporte la paix depuis 20 ans
Claude Hébert est celui qui a aménagé le Sentier de Claude situé du côté de Saint-Majorique-de-Grantham. (Photo : Ghyslain Bergeron)

NATURE. Serpentant la rivière Saint-François du côté de Saint-Majorique-de-Grantham, le Sentier de Claude attire depuis déjà 20 ans des milliers d’amoureux de la nature. Si certains viennent le marcher pour prendre l’air, d’autres y retrouvent un réel apaisement. Une paix profonde.

«J’ai commencé à travailler sur ce sentier parce que ça allait mal, côté santé. J’avais des problèmes cardiaques. J’avais attrapé une bactérie lors d’une opération à cœur ouvert à l’hôpital. Quand j’ai commencé à aller mieux, j’ai décidé que j’avais besoin de prendre l’air», raconte Claude Hébert, l’homme qui a aménagé ce sentier unique au sein la MRC de Drummond.

Étonnamment, c’est une piste de chevreuil qui lui a inspiré cette idée et qui l’a mené à passer un nombre incalculable d’heures en forêt, outils en mains et bottes aux pieds.

«Je l’ai vue et j’ai décidé de l’emprunter. C’est là que j’ai réalisé que la piste se rendait à la rivière. Avec mon petit coupe-coupe, j’ai décidé d’enlever quelques branches, de faire un passage», explique-t-il. «Graduellement, j’ai amené ma pelle, ma petite hache puis ma sciotte. Je ne peux pas dire cependant que c’était une passion à ce moment-là. C’était un prétexte pour me dire que j’étais capable de faire quelque chose. J’ai fait ça pour ma santé».

C’est ainsi qu’il a amorcé un travail titanesque, un jour à la fois, un mètre après l’autre. Il avait cependant un objectif en tête : permettre aux piétons de connecter avec la nature et de leur faire découvrir sa fragilité.

Au total, le Sentier de Claude offre environ 8 kilomètres de bonheur aux randonneurs.(Photo Ghyslain Bergeron)

«Quand j’ai commencé à travailler sur le sentier, j’arrivais à 7h le matin et je partais quand il faisait noir. J’étais là six jours par semaine. J’y ai consacré des milliers d’heures. Les chevreuils venaient me voir. Ils ne se sentaient pas menacés à mes côtés. C’était vraiment plaisant de les regarder», exprime Claude Hébert, en assurant qu’il a toujours eu «la nature dans le sang».

À quelques rares occasions, des gens lui ont offert un coup de main, mais ça ne durait jamais vraiment longtemps.

«Ceux qui se sont offert de m’aider sont restés en moyenne une journée. Ils voyaient que ce n’était pas facile de pelleter entre les racines parce que je ne voulais pas les couper. C’était beaucoup d’effort», lance celui qui a aussi investi de l’argent dans ce projet d’aménagement, notamment pour l’achat d’outils et leur entretien.

Chaque printemps d’ailleurs, Claude Hébert maintient les lieux avec cœur. Cette année, il s’est concentré au nivèlement du sol. À cause de leur proximité de la rivière, certains passages sont devenus très glaiseux et nécessitaient une attention humaine. Par la même occasion, il a pris soin d’aménager un petit coin de repos rustique, que l’on peut apprécier dans la deuxième étape, près de la fourche. Il s’agit d’un endroit parfait pour faire le plein de jolis paysages ou même quelques mouvements de yoga, si le cœur nous en dit.

Ce sentier est unique en son genre. C’est celui qui longe de plus près la rivière Saint-François.

«C’est exactement ce que je voulais. Il y avait des bouts qui n’étaient pas accessibles et je me suis arrangé pour qu’ils le deviennent, précise M. Hébert. Aujourd’hui, je suis content pour le monde. Je le vois qu’ils apprécient les lieux. Il y en a qui aimeraient peut-être que le sentier soit plus large, mais c’est important que ça reste naturel.»

Des expériences

À travers toutes ces années à chouchouter ce sentier qui porte son nom, M. Hébert a vécu toutes sortes d’expériences, positives comme négatives. Entre autres, il y a eu cette fois où il a failli tomber dans la rivière du haut d’une falaise en essayant de déplacer un arbre mort. «Je suis vraiment passé proche cette fois-là!», se rappelle-t-il. Maintenant, il les laisse au sol. «Les gens n’ont qu’à les enjamber!».

Claude Hébert. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Il y a un autre événement qui m’a vraiment ébranlé. Il était rendu environ 15h ou 16h. C’était tranquille. Il n’y avait que deux autos au rond-point : la mienne et celle d’une autre personne. En débutant le sentier, je vois une dame. Elle était vraiment sur le bord de la rivière. Elle n’allait pas bien du tout. Je pense qu’elle voulait en finir. On a jasé au moins deux heures ensemble et je lui ai dit de profiter de la vie, de la nature. Après coup, je peux vous dire que ç’a été difficile. J’ai été secoué. J’ai eu peur pour cette femme».

Il n’a jamais revu cette dame. Mais de toute évidence, elle n’est jamais bien loin dans sa mémoire.

Étant à la fois le «père» du Sentier de Claude et son plus fidèle utilisateur, Claude Hébert s’y rend encore aujourd’hui régulièrement.

«Je viens ici pour trouver la paix. Le sentier m’a permis de retrouver non seulement la forme physique, mais aussi la santé mentale. Quand on est rendu à la troisième étape, c’est tellement calme. On se demande même où on est rendu parfois. En plein milieu, il y a une bute de sable qui est utilisée par les outardes. C’est magnifique», s’exclame-t-il.

Se disant très fier du travail accompli au cours des vingt dernières années, il espère cependant que les quelques kilomètres qu’il a aménagés conserveront leur cachet naturel et qu’aucune organisation ne n’y pointera le bout du nez. À l’idée qu’il pourrait un jour y avoir des clôtures et de la gravelle, Claude Hébert frémit.

«Je veux que ça reste comme ça, pour les piétons. Avec les heures que j’y ai consacrées, je peux dire que j’ai développé comme un instinct de protection.»

À ce sujet, il se réjouit de voir à quel point les utilisateurs sont respectueux des lieux.

«Je ramasse très rarement des déchets. Dans l’ensemble, les gens font attention», termine celui qui s’occupe aussi de la maintenance de huit restaurants Tim Hortons de la région.

Les trois étapes du Sentier de Claude

Le Sentier de Claude comporte trois étapes. La première débute à une petite halte de la piste cyclable, à environ un kilomètre de La Plaine, près du chemin du Golf. Il longe la rivière Saint-François vers le nord, puis se rend jusqu’au rond-point du Sanctuaire de la Forêt Drummond. La seconde prend naissance peu après le rond-point et conduit le randonneur jusqu’à une halte de vélo, à une intersection de la rivière appelée «pointe des Indiens». Enfin, la troisième étape permet de se rendre jusqu’à une petite plage. Au total, huit kilomètres sont disponibles aller-retour.

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