SANTÉ. L’accessibilité au passeport vaccinal peut représenter un casse-tête pour certaines tranches de la population comme les personnes marginalisées ou en situation d’itinérance, tout comme les personnes âgées qui éprouvent des difficultés sur les plateformes numériques.
Jeudi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a annoncé que la date visée pour l’application du passeport vaccinal est le 1er septembre. Le passeport vaccinal sera utilisé seulement s’il y a une dégradation ou un changement dans la situation épidémiologique dans un territoire donné qui justifierait son utilisation. Il ne sera pas utilisé pour l’accès à des services publics ou essentiels. Notons que la preuve vaccinale sera remise par voie électronique via un code QR.
Le directeur général de La Piaule, Francis Lacharité, se dit préoccupé quant à l’arrivée du passeport vaccinal. «Quand je prends position, je me concentre sur les personnes qui sont désorganisées, les personnes qui n’ont pas de repères ou celles qui sont en situation d’itinérance ou d’errance résidentielle. À mon avis, ça va être difficile pour elles», soutient-il.
La vaccination peut représenter un défi pour ces individus, ajoute M. Lacharité. «Pour beaucoup de gens, c’est facile d’avoir accès au vaccin. C’est vrai que la campagne est bien diffusée et il y a des plages horaires. Il n’en demeure pas moins qu’il y a une portion de la population pour qui ça va être plus difficile d’avoir accès au vaccin. On peut penser aux gens qui n’ont pas de pièce d’identité.»
Les étapes à franchir avant d’avoir le passeport vaccinal peuvent être compliquées. «Pour eux, c’est difficile de faire un renouvellement d’assurance maladie. Aller se faire vacciner deux fois et en plus trimballer une preuve vaccinale, c’est sûr qu’il y en a qui vont passer à côté et qui vont vivre de l’exclusion malgré eux parce qu’un moment donné, ils vont vouloir aller dans un lieu public.»
L’accessibilité à la preuve vaccinale est un autre enjeu. «On sait qu’il y en a qui n’ont pas de téléphone et on sait que si c’est un papier, certaines personnes vont le perdre», amène-t-il.
M. Lacharité est conscient que les personnes en situation de vulnérabilité représentent une minorité, mais à ses yeux, il est important de ne pas les oublier. «Mon espoir, c’est qu’on trouve des façons d’être quand même accommodant et compréhensif et qu’on reste dans une société de tolérance et d’inclusion. J’ose espérer que les choses vont bien se passer.»
Les personnes âgées
Les compétences numériques des personnes âgées varient d’une à l’autre. Si certains citoyens sont en pleine maîtrise, certains préfèrent demander de l’aide. «Personnellement, je peux dire que ma mère qui a 81 ans passe par moi pour aller sur ClicSanté. Elle n’est vraiment pas capable d’aller sur Internet. C’est moi qui ai pris ses rendez-vous», exprime Daniel Maillot, membre du conseil d’administration de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) du Centre-du-Québec.
«Une grosse majorité des personnes âgées ne savent pas comment ça fonctionne. Elles ne sont pas habilitées à aller chercher leur code QR. Elles se réfèrent à la famille ou au monde alentour. Même l’impression du code QR par un courriel est compliquée», complète-t-il, en précisant que plusieurs personnes âgées ne possèdent pas de téléphone cellulaire.
M. Maillot se rabat sur les papiers qui sont offerts sur le site de vaccination. «J’ai justement été prendre ma deuxième dose hier. Ils remettent un papier de confirmation. Même si j’ai mon code QR, ils nous demandent de le conserver. Donc, il y a toujours une possibilité d’avoir une preuve. Il y a au moins ça, mais il ne faut pas le perdre.»
Le Drummondvillois rappelle que l’éducation à propos du numérique est constamment à faire. «Il y a la méconnaissance du code QR. Même moi qui suis habitué en informatique, je ne savais pas c’était quoi. J’ai dû faire mes recherches», conclut-il.