Le joyeux chaos de P-A et Martin

Le joyeux chaos de P-A et Martin
Les éducateurs Pierre-Alexandre Guillot et Martin Cournoyer s’amusent comme des petits fous en compagnie des enfants. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Dans la comédie américaine Garderie en folie, deux pères au foyer créent leur propre garderie. À Drummondville, le centre de la petite enfance coopératif des P’tites abeilles mise sur deux éducateurs… qui sortent du lot.

Au sein d’une équipe majoritairement féminine, difficile de ne pas remarquer la présence de Pierre-Alexandre Guillot et Martin Cournoyer. Au milieu du joyeux chaos qui s’élève au coin des rues Dunkin et Lindsay, les deux gaillards s’amusent comme des petits fous en compagnie des enfants.

Originaire de Québec, Pierre-Alexandre Guillot a travaillé comme animateur dans des camps de jour avant de bifurquer vers le milieu scolaire. L’homme à la stature imposante et à l’enthousiasme contagieux a ensuite eu un véritable coup de cœur pour le milieu de la petite enfance.

Pierre-Alexandre Guillot. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«J’aime aider les enfants à se développer. J’aime leur partager mon goût de la vie, mes passions et mes valeurs. Je suis quelqu’un de très dynamique. J’aime bouger, la musique et les sports. J’aime voir les enfants évoluer dans ces créneaux-là», explique Pierre-Alexandre, qui n’hésite pas à utiliser ses connaissances acquises dans ses emplois précédents.

«Moi, quand je fais du bricolage, ce n’est pas mon champ d’expertise, poursuit l’éducateur de 41 ans avec un large sourire. J’y vais donc en surface. Mais quand on arrive dans les jeux moteurs, j’y vais à fond! Ça me permet de me dépasser. Pour certaines éducatrices, ces activités-là sont plus difficiles, mais pour moi, ça coule naturellement. On vient donc aider les filles à développer les enfants dans toutes les sphères. On s’entraide beaucoup. On se complète bien.»

«Autant qu’on apprend des filles, autant qu’elles apprennent de nous», renchérit son collègue Martin.

Un dynamisme différent

Si les pères prennent de plus en plus leur place à la maison, ce sont encore souvent les mères qui tiennent un rôle accru durant la petite enfance. La présence de visages masculins à la garderie permet de projeter une image différente auprès des enfants.

«Ça amène un bel équilibre et une belle complémentarité dans notre équipe, fait valoir la directrice du centre des P’tites abeilles, Annie Brouillard. Les filles sont plus bienveillantes et cajoleuses. Leur côté affectif et maternel ressort davantage. Les deux gars apportent un dynamisme différent. Ils utilisent beaucoup le gymnase. Ils amènent aussi un côté paternel et sécuritaire. Certains enfants en ont plus besoin.»

Pour les deux complices, la reconnaissance des «p’tites abeilles» à leur endroit n’a pas de prix. «Quand Martin arrive dans la cour, il y a un troupeau de p’tits monstres qui courent après lui! Quand j’arrive à mon tour, les enfants crient « P-A! P-A! » et on se tape dans la main. On met de la musique et on se met à jouer ensemble. Quand je les croise à l’épicerie quelques années plus tard, ils se souviennent encore de moi. J’adore ça! Ça me nourrit totalement.»

Martin Cournoyer. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Ayant cumulé plusieurs métiers avant de retourner sur les bancs d’école, Martin Cournoyer a finalement découvert l’emploi idéal à ses yeux. «Sincèrement, c’est le plus beau métier du monde! C’est l’un des rares endroits où je peux combiner plaisir et travail. À tout moment, on peut mettre la routine de côté. Si on sent que ça bouge beaucoup dans le local, on passe vite au plan B. S’il fait beau, on va jouer à l’extérieur», explique l’homme de 46 ans originaire d’Acton Vale.

«Le matin, on voit parfois que l’enfant veut rester à la maison avec papa ou maman. Moi, je me donne l’objectif suivant : je vais m’arranger pour que ta journée soit extraordinaire! Je m’amuse avec eux. Je cours beaucoup. Avec P-A, on met en place des jeux de gars», ajoute celui qui est également animateur scout.

Au menu : de la danse, du yoga, des séances d’entraînement au parc, des spectacles de marionnettes, des dictées mimées, mais aussi des jeux de fusils ainsi que des jeux de chamaille contrôlée.

«Il faut être diversifié, indique Pierre-Alexandre, qui enseigne aussi le football à l’école secondaire Marie-Rivier. Tu dois avoir plusieurs activités et des interventions variées dans ton bagage. Si tu t’es trompé, tu essayes autre chose. Chaque enfant est différent.»

Des qualités indispensables

Parmi les qualités indispensables pour exercer ce métier, la patience figure bien sûr en tête de liste. Les éducateurs doivent par ailleurs rester en forme physiquement, mais aussi psychologiquement.

«Moi, je me vois comme un acteur en scène. Même si le côté hors scène va moins bien, je laisse mes soucis à l’extérieur de la garderie. Je ferme mon téléphone et je ne le ressors qu’à la fin de la journée. Je viens ici dans l’objectif de m’amuser, pas de travailler», raconte Martin.

«Il faut avoir l’esprit vide pour être capable d’absorber les problèmes des autres. Si tu n’es pas calme, si tu es troublé, les enfants vont le ressentir. Il faut savoir se détacher émotionnellement. Ici, je donne toute l’énergie que j’ai à donner, mais quand je pars, je fais le vide. Je ne ramène pas ça chez moi», ajoute Pierre-Alexandre, qui est père de deux préadolescents.

La présence de visages masculins à la garderie permet de projeter une image différente auprès des enfants. (Photo : Ghyslain Bergeron)

La capacité d’adaptation s’avère également un atout indispensable. «Il faut être ouvert au changement, affirme Martin. L’éducation, c’est un monde qui bouge continuellement. Les techniques évoluent selon le programme éducatif. Il faut être ouvert et savoir s’ajuster. Il faut que ça se fasse instantanément. Sinon, tu vas trouver ta journée longue!»

En plus de créer un lien de confiance avec les enfants, son équipe de travail ainsi que les parents, un éducateur doit être doté d’un bon sens de l’observation et de l’analyse.

«Si tu offres une activité à ton groupe, ça ne veut pas dire que c’est ça qu’ils veulent faire, souligne Pierre-Alexandre. Il faut aussi rester à l’affût des dernières tendances. On va souvent sur YouTube ou Netflix pour savoir ce qui intéresse les enfants. Quand j’arrive ici, je suis à jour et je suis prêt. Tout est préparé, mais la spontanéité est importante aussi. J’ai beaucoup de fun avec ça!»

Avant toute chose, un éducateur en garderie ne doit pas avoir peur du ridicule. «Porter le tutu rose, des barrettes ou un déguisement avec des antennes, je n’ai aucun problème avec ça», lance Martin dans un grand éclat de rire.

Si chaque éducateur laisse une trace plus ou moins grande dans la vie d’un enfant, il ne doit toutefois pas chercher à le transformer complètement.

«Il ne faut pas se donner la mission de le changer ni de le rendre parfait. Tu fais simplement du mieux que tu peux pour l’amener là où tu es capable, mais aussi là où l’enfant veut se rendre. C’est un travail d’équipe entre nous l’enfant», conclut Pierre-Alexandre.

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