Le mari de la défunte chanteuse country Gisèle Beaudoin rétablit les faits

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Par Lise Tremblay
Le mari de la défunte chanteuse country Gisèle Beaudoin rétablit les faits
Gisèle Beaudoin et Bertrand Bibeau. (Photo : Gracieuseté)

DRUMMONDVILLE. Pour l’aider à «tourner la page», Bertrand Bibeau, le mari de la chanteuse country Gisèle Beaudoin qui est décédée de la COVID-19 le 1er mai dernier, sent le besoin de rétablir les faits. «Des médias ont dit qu’elle est morte parce qu’elle avait refusé le vaccin. C’est totalement faux», clame-t-il.

C’est un homme encore troublé et fâché par les propos qui ont été véhiculés peu après le décès de son épouse qui s’est présenté au journal mercredi matin. Celui-ci tient mordicus à partager la vérité.

«Ça va m’aider à tourner la page», exprime le Drummondvillois de 73 ans.

Gisèle Beaudoin était particulièrement connue dans le milieu de la musique country et gospel. En plus d’avoir chanté dans plusieurs festivals, elle a lancé sept albums durant sa carrière. Elle a composé la majorité des chansons. Elle était en couple avec M. Bibeau depuis 1972. Ce dernier la décrit d’ailleurs comme une femme déterminée ayant une forte personnalité.

Bertrand Bibeau a tenu à préciser le contexte entourant le décès de son épouse, survenu le 1er mai dernier. (Ghyslain Bergeron)

«Quand la COVID-19 est arrivée, elle s’en est vraiment intéressée. Elle était clouée à la maison à cause des événements. Elle s’est mise à lire toutes sortes de choses sur Internet. Elle écrivait aussi sur les réseaux sociaux. Pour elle, la COVID-19 n’était qu’une grippe. Elle ne croyait pas au vaccin. Elle était considérée comme une complotiste», met-il en contexte.

De fil en aiguille, le discours de la dame change. Elle accepte de se faire vacciner, et ce, pour retrouver sa vie d’avant et, surtout, pour pouvoir envisager de planifier un voyage.

«Le 16 ou le 17 mars, on s’est installé dans le salon et on a pris rendez-vous pour se faire vacciner. Nous avions notre date. Mais le 18 mars, en regardant les nouvelles à TVA, on a appris qu’il y avait certains problèmes avec le vaccin d’AstraZeneca. J’ai alors dit à ma femme qu’on allait reporter nos vaccins et qu’on allait se réinscrire quand le problème allait être réglé. J’ai tardé à reprendre des rendez-vous. J’ai fait une erreur», poursuit M. Bibeau.

Le 21 avril, Gisèle Beaudoin ne va pas bien. Elle se sent grippée, fatiguée. Quelques jours après, le couple constate que la femme de 70 ans a tous les symptômes de la COVID-19. Elle subit un test de dépistage, mais elle est hospitalisée avant même d’avoir reçu son résultat. Personne ne connaît la source de contagion.

«Le 27 avril, j’ai appelé à l’hôpital pour dire que ma femme avait la COVID. On était certains que c’était ça. Elle a été hospitalisée et transférée à Trois-Rivières le mercredi 28 avril. Son état s’est détérioré. Elle a demandé à recevoir l’aide médicale à mourir», informe l’homme endeuillé. «Quand une chose comme ça arrive, ça fait mal. Ça vous déchire», ajoute-t-il, en déchirant net un papier-mouchoir, pour imager comment il s’est senti.

Puisqu’elle était active sur les réseaux sociaux – et qu’elle était identifiée comme étant une complotiste et une femme de foi – des médias montréalais ont commencé à relayer l’histoire voulant qu’une femme était décédée après avoir refusé le vaccin.

«C’est totalement faux. Elle ne l’a jamais refusé. C’est moi qui a annulé notre rendez-vous. J’étais vraiment en colère d’entendre ça. Un voisin policier m’a suggéré de me calmer. C’est ce que j’ai fait. Mais aujourd’hui, je ressens le besoin de le dire. Aussi, ma femme n’est pas morte parce qu’elle avait la foi. Elle est morte à cause de la COVID-19», précise Bertrand Bibeau.

En plus de devoir composer avec la perte de la femme qu’il aimait, M. Bibeau a dû gérer innombrables appels de gens qui ne comprenaient pas pourquoi les médias répandaient ces informations.

«Ça m’a vraiment fâché. Oui, ma femme était complotiste sur les bords, mais elle n’a jamais refusé le vaccin. Les médias n’avaient pas le bon contexte», insiste-t-il.

Quelques heures avant son décès, Gisèle Beaudoin a publié un message sur sa page Facebook avec lequel elle convenait de la sévérité de la COVID-19.

«Elle disait : « Je tiens à vous dire que je ne pensais pas que je pouvais mourir de la COVID. Je suis aux soins intensifs. Je lutte pour ma vie. Je souffre énormément ». Aujourd’hui, ce qui me console, c’est qu’elle ne souffre plus. Elle ne voulait pas vivre vieille. Peut-être que sa voix a été entendue…», laisse-t-il tomber.

Outre son mari, Gisèle Beaudoin a laissé dans le deuil ses trois enfants – deux filles et un garçon – de même que dix petits-fils.

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