Cri du coeur des finissantes et finissants (Tribune libre)

Cri du coeur des finissantes et finissants (Tribune libre)
(Photo : L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Je m’appelle Maxine Joyal et je suis une finissante de l’école secondaire Jean-Raimbault. La nouvelle est tombée aujourd’hui, en ce 31 mai 2021: une fois encore, pas de bal pour les finissantes et finissants du secondaire. Face à ça, je n’ai qu’une seule question: comment l’Institut national de la santé publique du Québec et le gouvernement ont-ils pu nous faire ça?

Pendant les 14 mois qu’a duré la pandémie, nous, les adolescents, avons fait de notre mieux pour respecter ce que le gouvernement demandait et voilà ce qu’on a comme reconnaissance : interdiction de célébrer avec ses amis cette fin d’année cauchemardesque. Oui! Oui! Vous m’avez bien comprise. Ce fut une année incroyablement chiante pour toute la population, mais surtout pour les jeunes. Nous qui avons tant besoin de socialiser, nous nous sommes retrouvés à suivre nos cours à distance et à être confinés, déconfinés, confinés, déconfinés… On s’est fait trimbaler de droite à gauche et de haut en bas pendant 10 mois.

Malgré cela, tout au long de l’année, les finissantes et finissants n’avaient qu’une seule chose en tête : l’espoir d’avoir un bal, de pouvoir s’amuser et d’enfin relâcher la pression en se félicitant d’être passé à travers cette épreuve (tout en gardant le masque et une distance de deux mètres avec les autres). Après tous nos efforts, on nous refuse ce soulagement, ce plaisir. Quel message cela envoie-t-il à la population?

J’aurais cru qu’avec le déconfinement, nous aurions pu nous octroyer ce privilège. Après tout, dès le 25 juin, les festivals à l’extérieur sont permis avec un maximum de 2 500 personnes. Il n’y a donc aucune raison de ne pas pouvoir faire de bal à partir de cette date.

De plus, il y a eu de nombreux attroupements dans les parcs de Montréal le week-end dernier et personne n’est intervenu lors que de jeunes adultes célébraient le déconfinement en grand groupe. Pourquoi ne pourrions-nous pas célébrer à notre tour? Les membres du personnel de nos écoles sont conscients de ce que nous venons de traverser. Ils souhaitent autant que nous que nous vivions ce moment. Ils sont prêts à nous encadrer tout comme ils l’ont fait au cours de la dernière année.

Je vais désormais aborder le sujet d’un point de vue beaucoup plus personnel. Vous savez, cher gouvernement, que j’appréhendais grandement cette dernière année au secondaire. Dès le mois de septembre, je me disais : « Wow! Alors, c’est ça le souvenir que je vais garder du secondaire? Le port du masque toute la journée, le deux mètres, l’école en ligne une journée sur deux, l’interdiction de pratiquer des sports parascolaires, la nécessité de sortir dehors à -40 l’hiver pour parler à nos amis des autres bulles-classes tout en gardant le masque parce qu’on est sur le terrain de l’école, les surveillants circulant dans les corridors et inspectant les élèves pendant 1h30 le midi, leur demandant de mettre leur masque entre chaque bouchée, l’absence d’activités étudiantes, la désinfection des mains toutes les trente secondes jusqu’à les avoir en sang, les idées suicidaires, les pleurs dans la douche, etc. » J’avais toujours imaginé la cinquième secondaire comme la plus belle année de ma vie. Ça signifiait: sorties entre amis, comité du bal, album et bal des finissants, etc.

Dans le mot “finissant”, il y a le mot “fini” (Oui. Pas de grosse surprise ici). Cette dernière année au secondaire, ce sont les derniers moments d’insouciance qu’on a avant de devenir adultes. On est assez vieux pour être seuls entre amis sans les parents autour, mais pas assez vieux pour avoir trop de responsabilités. C’est la fin d’une étape. Une porte se ferme, mais une autre s’ouvre.

Le bal, c’est les derniers instants de liberté, les derniers moments passés avec tes amis avant qu’ils ne poursuivent leur propre chemin, le clou du spectacle, les souvenirs mémorables. Tout ce dont JE vais me souvenir, c’est d’une année merdique qui s’est terminée avec de la déception, de la tristesse, de la colère et un sentiment d’injustice.

Cette pandémie nous a forcés à grandir trop vite et à prendre sur nos épaules le sort de toute une génération : les aînés. On n’a pas pu profiter de cette insouciance parce qu’on était trop occupés à se soucier des autres. Maintenant que nous avons fait notre part, qui se préoccupe de nous?

Je termine donc en vous demandant ceci : je vous en prie, laissez-nous finir cette année en beauté, laissez-nous un peu de normalité, laissez-nous être heureux!

 

Maxine Joyal

 

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