Première vague, revivre en image les débuts de la pandémie

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Par Emmanuelle LeBlond
Première vague, revivre en image les débuts de la pandémie
Le film Première vague documente les cent premiers jours de la pandémie. (Photo : gracieuseté)

CINÉMA. Première vague se démarque dans le paysage cinématographique en étant le premier long métrage sur la pandémie de COVID-19 au Québec. Solitude, détresse psychologique, jugement d’autrui et impuissance : le film de fiction dépeint des situations qui témoignent d’un quotidien bien réel. Rencontre avec Rémi Fréchette et Max Dufaud, deux réalisateurs qui ont participé à ce projet qui s’inscrit dans l’histoire.

Les cinéastes Rémi Fréchette et Max Dufaud ont embarqué à pieds joints dans cette aventure, tout comme Kevin T. Landry et Reda Lahmouid, en répondant à l’appel de projets du directeur général et artistique de Kino Montréal, Jarrett Mann, lancé en avril 2020.

Ces derniers avaient pour mission d’illustrer les cent premiers jours de la crise sanitaire, en présentant différents points de vue. Chaque réalisateur était responsable d’une intrigue dans le film. Ils avaient le défi supplémentaire d’entrecroiser le destin des personnages.

«On voulait couvrir le plus d’événements possible qui avaient eu lieu pendant la pandémie. Il y a un moment où on avait des postit sur les murs avec toutes nos scènes. On essayait de trouver dans quel ordre on allait tisser l’histoire. Au montage, il y a eu aussi beaucoup de réflexions qui se sont faites en postproduction», explique Rémi Fréchette.

Rémi Fréchette et Max Dufaud lors du tapis rouge. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

Une approche personnelle

Le cinéaste s’est prêté au jeu à 100% en puisant dans son vécu pour bâtir la trame narrative de son récit. «Habituellement, je suis beaucoup dans l’horreur et le fantastique. Pendant la pandémie, je n’avais pas envie de faire quelque chose d’hilarant et de complètement fou. Je suis allé vers quelque chose de plus personnel. Je voulais mettre de l’avant les angoisses que j’ai vécues pendant cette période-là», prononce-t-il.

Ainsi est née Fanny, une jeune Drummondvilloise dans la vingtaine qui débarque à Montréal un peu avant la crise sanitaire. Dans le long métrage, elle doit jongler avec une fréquentation et une colocataire qui prennent à la légère les mesures sanitaires, tout en calmant les inquiétudes de sa mère.

Pour sa part, Max Dufaud a abordé la question de l’isolement. «Samuel est un jeune homme qui se fait laisser par sa petite amie au début de la pandémie. Je voulais en profiter pour explorer la solitude de cet événement qui peut être cathartique. Il y a aussi le fait qu’on nous a poussés à utiliser notre temps d’une bonne façon, au début du confinement. Je voulais aussi dénoncer ça.»

Filmer à l’ère du temps

Les cinéastes ont dû faire preuve de débrouillardise afin de mener à bien leur projet. Dans un contexte de crise sanitaire, les mesures sanitaires sur les plateaux de tournage étaient strictes. «Avec les contraintes, il fallait travailler pour garder notre plateau sécuritaire. J’ai fait un appel à tous sur Facebook. Je cherchais deux colocs comédiennes chez qui on pouvait tourner. Je savais que je n’allais pas avoir de contrainte de proximité si les filles habitaient ensemble», raconte Rémi Fréchette.

L’actrice Myranda Plourde qui interprète la Drummondvilloise dans l’intrigue de Rémi Fréchette. (Photo: gracieuseté)

Même chose pour Max Dufaud qui a décidé de tourner avec son ancien copain, à même son lieu de résidence. «À l’époque, j’étais en couple avec l’acteur principal. Je voulais faire ça simple, rester dans ma bulle et tourner chez moi.»

Les tournages se sont déroulés en juillet dernier, avec une équipe réduite. «On a fait de la fiction avec une équipe ultra réduite. Dans mon équipe de tournage, on était quatre. Habituellement, on est entre quinze et vingt», précise Rémi Fréchette.

Dans tous les cas, les réalisateurs étaient enthousiastes à l’idée de travailler, dans un contexte où le Québec était en arrêt. «J’étais juste content de tourner avec des êtres humains. J’étais tanné de tout le travail sur Zoom. Juste de passer quatre jours avec des amis à tourner un film, ça me donnait un semblait de normalité», raconte-t-il.

Des histoires qui résonnent

Est-ce que les Québécois sont prêts à se replonger dans les débuts de la pandémie? Les cinéastes s’entendent pour dire que le long métrage est pertinent autant de nos jours que dans quelques années. «Je pense que dans dix ans, le film va être extrêmement pertinent pour montrer à la prochaine génération ce qu’on a vécu. C’est un film qui peut être un document anthropologique. La plus grande valeur du film est sur le long terme. Je vais montrer ça à mes enfants pour montrer ce que j’ai vécu», exprime Rémi Fréchette.

Dans l’immédiat, l’équipe espère que le public se sentira interpellé par les personnages. «Je pense qu’il y a au moins un personnage qui va cliquer avec quelqu’un dans le public, si ce n’est pas plusieurs. Les gens pourraient facilement se reconnaître dans les trois personnages», termine-t-il.

Rappelons que les deux réalisateurs étaient de passage à Drummondville, dans le cadre du tapis rouge et de la projection de Première vague, au cinéma Capitol.

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