MAGAZINE. Il y a de ces intérêts qui se développent alors que nous ne sommes que de petits enfants. C’est le cas de Jean-François Boudreau qui, à 4 ans, est monté dans un train à Drummondville pour aller visiter sa famille en Gaspésie. Une escapade qui s’est transformée en passion… puis en commerce.
Dès qu’on met les pieds dans le petit commerce Modèle B.T. de la rue Heriot, on se sent transporté dans un univers ferroviaire unique. Le carillon de la porte d’entrée s’active comme les cloches des passages à niveau. Le «ding ding ding» est facilement reconnaissable, car il provient d’un authentique système de cloches récupéré. Parfois, on peut même s’imaginer être dans une expérience d’achat en 4D alors qu’un train passe sur les rails à proximité. «Quand le plancher vibre à cause du train, les clients aiment bien ça!», a lancé d’entrée de jeu le propriétaire Jean-François Boudreau.
Ce qui devait être une escapade dans l’est du pays est rapidement devenue une passion. «Ç’a été le voyage qui a changé et dicté ma vie. Ma jeunesse a été meublée de trains. Je lisais sur le sujet. J’allais à la gare avec mes parents pour voir les trains. Si la plupart des enfants rêvaient de devenir policiers ou pompiers, moi j’espérais revêtir la casquette de chauffeur de train», a confié M. Boudreau.
C’est finalement en 2005 que le modéliste a vu son rêve se réaliser. Après avoir terminé une AEC (attestation d’études collégiales) à Montréal pour devenir chef de train, l’homme de 33 ans a déniché un boulot sur la Côte-Nord. «Je travaillais pour Québec-Cartier (maintenant ArcelorMittal) depuis un an quand ma vie a basculé en raison d’un gros accident de voiture en 2006, a-t-il raconté. J’ai passé de longs mois à l’hôpital. J’avais de multiples fractures et ma réadaptation a été interminable. Par chance, j’ai eu ma mère qui a pu prendre soin de moi, à Drummondville.»
Ses capacités limitées ont constitué un obstacle majeur pour son retour à l’emploi, en raison du risque de chute en entreprise.
«Ç’a été un choc, mais, avec le temps, je me suis adapté à la vie ici et j’ai finalement fondé ma famille», a ajouté le Carletonnais d’origine.
Le commerce Modèle B.T.
L’idée d’ouvrir un commerce de vente au détail de trains miniatures est venue d’un ami. Comme il avait beaucoup de temps libre, il a accepté d’embarquer dans l’aventure.
«C’était bien ce qu’il avait monté. Je l’ai assisté dans ses démarches, surtout pour les communications anglophones, car les fournisseurs sont essentiellement en Ontario ou aux États-Unis.
J’ai voulu m’associer avec lui, mais il s’est désisté. J’ai donc repris le business tout seul. À l’époque, j’étais sur la rue Lindsay, voisin de Setlakwe. J’ai aussi racheté une fermeture de commerce à Sherbrooke. Ça devenait petit, alors depuis l’été 2014 je suis sur la rue Heriot. J’envisage même de déménager en 2023 pour mieux présenter ce que j’ai. On est un peu à l’étroit, encore une fois», a exprimé M. Boudreau.
Un passe-temps ravivé
Le confinement du printemps 2020 a par ailleurs rallumé sa flamme d’amateur du modélisme, qui se définit par la conception de modèles réduits. «Plusieurs gars de notre âge sont retombés en enfance et ils ont fait découvrir cette passion à leurs enfants. Malgré la fermeture de mon commerce en avril dernier en raison de la COVID-19, j’ai subi seulement une perte de 2 % de mes ventes, car j’ai beaucoup vendu sur le Web. Quand je me compare aux autres, je me considère très chanceux. Même l’été dernier, période où il y a habituellement un ralentissement dans l’entreprise, ç’a n’a pas lâché», a ajouté le passionné.
Un club de modélistes ferroviaires
De cette passion est née l’Association des modélistes ferroviaires de Drummondville (AMFD). Les six membres se rencontrent régulièrement au club sur la rue Saint-Marcel et travaillent sur une maquette qui demande minutie et rigueur.
«Notre maquette est à l’échelle HO (1:87). On a recréé des paysages, dont la gare d’Acton Vale, et conçu une imitation de l’usine de papier Cascades. Tous les ans, on se fait un «roadtrip» pour aller voir des trains d’un peu partout, même aux États-Unis», a raconté M. Boudreau.
Il décrit le modélisme ferroviaire comme étant des jouets pour les grands garçons. «C’est rendu tellement performant. Avec l’avènement des puces électroniques et le DCC (digital command control), c’est encore plus réel. Il y a les sons, les lumières, les grilles de ventilation, la tuyauterie qui rendent, par exemple, les locomotives réalistes. Il y a même des passionnés dotés de capacités artistiques qui peignent l’usure du temps sur leurs modèles. C’est fantastique!», a-t-il terminé.