Les demandes en santé mentale ont doublé

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Par Cynthia Martel
Les demandes en santé mentale ont doublé
Depuis un an, le guichet d'accès en santé mentale adulte (GASMA) a traité plus de 1615 demandes. (Photo : Deposit)

SANTÉ. Les mesures sanitaires qui persistent exacerbent les demandes en santé mentale dans la région, de telle sorte qu’elles ont doublé en mars dernier.  

Le guichet d’accès en santé mentale adulte (GASMA) de Drummond, principale voie d’accès aux soins et services en santé mentale adulte ​pour les services de proximité et services spécialisés du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, a traité 161 demandes en mars dernier. Cinq mois auparavant, en octobre 2020, 127 personnes ont réclamé de l’aide. Avant la pandémie, le GASMA recevait entre 80 et 100 demandes par mois. Déjà, en mars 2020, une augmentation avait été observée avec 118 demandes. Depuis un an, ce sont plus de 1615 citoyens qui ont requis ce service.

«On observe effectivement une augmentation de nos demandes de services, mais la grande chance qu’on a, c’est que notre volet de la santé mentale n’a pas été délesté de ses activités depuis le début de la pandémie», fait observer Nathalie Boisvert, présidente-directrice générale (PDG) adjointe responsable du Centre-du-Québec au CIUSSS MCQ.

Rappelons d’ailleurs qu’à l’automne dernier, l’organisation avait procédé à l’embauche de huit ressources équivalentes à temps complet consacrées à la santé mentale des adultes.

Le CIUSSS ne peut fournir les données par catégorie d’âge, mais comme le souligne Mme Boisvert, «personne n’est à l’abri. Ça touche toutes les catégories de gens de notre société. Il y a des gens pour qui le volet de la pandémie a généré chez eux de nombreuses conséquences (perte d’emploi, par exemple), ça peut être un cas de figure. Il y a aussi les gens plus fragiles, qui ont moins de filet de sécurité».

Quant au délai de traitement, les urgences sont évidemment traitées très rapidement. Sinon, le délai provincial se situe à 30 jours.

«Ce délai est généralement respecté dans l’ensemble du territoire, et ce, malgré la hausse de demandes durant la pandémie», indique Kellie Forand, agente d’information au CIUSSS MCQ. ​

Le GASMA est composé principalement d’intervenants psychosociaux et d’infirmières cliniciennes, lesquels ont comme mandat d’évaluer les demandes, de soutenir la personne et les membres de l’entourage et de les orienter vers les ressources répondant à leurs besoins. La porte d’entrée est le 811 et le sans rendez-vous social.

«Tous les RLS de la région ont également des équipes multidisciplinaires de proximité en santé mentale qui offrent des interventions individuelles et de groupe aux usagers qui présentent des troubles légers à modérés en santé mentale. Le cadre d’intervention est axé sur les forces et le rétablissement, ainsi que les soins de collaboration avec les médecins et les autres partenaires de la communauté», explique Mme Forand.

Équipe de crise

Par ailleurs, l’équipe de crise de Drummond est intervenue 384 fois en 2020, comparativement à 329 l’année précédente. Personnes suicidaires, itinérance, violence, fugue, crise familiale, pour ne nommer que ces éléments sont autant de motifs qui font déplacer l’équipe, après avoir évalué la personne au bout du fil qui a préalablement composé le 811.

«Un ou plusieurs intervenants de l’équipe de crise se rendent sur place avec pour objectif de désamorcer la crise. Ensuite, la ou les personnes concernées sont immédiatement référées ou orientées vers des services ​appropriés, selon l’évaluation des besoins. Puis, un suivi est toujours effectué auprès de la personne après la gestion de la crise», précise l’agente d’information au CIUSSS MCQ.

Soulignons que l’équipe à Info-social peut également recevoir un appel des policiers ​ou un partenaire de la communauté pour solliciter l’équipe de crise.

«Il y a un bon partenariat entre le 811, le corps policier et l’équipe de crise. ​Les trajectoires sont bien établies et l’intervention se situe à l’intérieur d’un délai de 30 minutes», souligne-t-elle.

Intervenir et demander de l’aide tôt

Selon Nathalie Boisvert, encore trop de personnes tardent à réclamer de l’aide lorsque ça ne va pas.

«Lorsque les gens tardent à venir consulter, c’est là que les problématiques complexes s’installent. Donc on invite les gens à venir nous rencontrer rapidement. Il n’y a pas de gêne, de honte. C’a été une période extrêmement difficile pour chacun d’entre nous. On n’a pas toujours tous les outils autour de nous pour nous supporter, d’où l’importance de faire appel à des professionnels», soutient-elle, affirmant que la santé mentale demeure une préoccupation de premier plan pour le CIUSSS.

«Plus on intervient tôt, moins le problème va se cristalliser et amener des problématiques plus complexes d’ordre de la santé mentale. Et l’intervention précoce favorise un rétablissement rapide», ajoute la PDG adjointe.

Au printemps 2020, le CIUSSS a implanté le projet de brigades d’intervenants psychosociaux dans 37 municipalités du territoire. Ces équipes sillonnent les parcs, rives des cours d’eau, lieux publics, commerces et centres-villes afin de repérer des gens qui auraient besoin d’une oreille attentive ou des services quelconques. On en retrouve également aux centres de vaccination. Entre juillet 2020 et mars dernier, 2209 personnes ont été abordées. Une intervention significative a été bénéfique pour 279 citoyens, dont 62 se sont prévalus de services appropriés à leurs besoins.

«On a reçu des budgets pour reconduire cette offre de service. Aussi, on cherche à la bonifier, à l’utiliser autrement pour répondre le plus rapidement possible aux besoins», laisse entendre Mme Boisvert.

La 70e Semaine de la santé mentale a lieu jusqu’au 9 mai.

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