Anciens combattants : un ex-policier militaire s’indigne des délais réservés aux francophones

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Par Lise Tremblay
Anciens combattants : un ex-policier militaire s’indigne des délais réservés aux francophones
Pierre-Claude Vézina attend depuis plus de deux ans un retour concernant une demande d’indemnité qu’il a adressé aux Anciens combattants. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ARMÉE. Pierre-Claude Vézina ne sait plus s’il doit espérer ou continuer de rêver. Depuis plus de deux ans, il attend de recevoir une compensation financière des Anciens combattants, lui qui s’est sérieusement blessé à un genou durant ses fonctions. «Je pense que si j’étais anglophone, ça fait longtemps que mon dossier serait réglé», dit-il.

Ce policier militaire à la retraite a adressé une demande de prestations d’invalidité auprès des Anciens combattants du Canada le 27 mai 2019. Il a fallu qu’il patiente six mois, soit jusqu’au 25 novembre 2019, pour que le ministère lui confirme la réception de tous les renseignements médicaux requis pour statuer sur sa réclamation.

Février 2021, toujours silence radio. M. Vézina décide donc de faire un suivi de sa demande, avec le soutien du personnel œuvrant au sein du bureau de Martin Champoux, député de Drummond. La réponse qu’il reçoit le surprend : le ministère était en train de traiter les demandes reçues en janvier 2019.

«Je pense que si j’étais anglophone, ça fait longtemps que mon dossier serait réglé», a-t-il exprimé.

De son côté, Martin Champoux fustige : «Des dossiers déposés depuis plus de deux ans! Ça n’a pas de sens!»

Avec son collègue Luc Désilets (député de Rivière-des-Mille-Îles), M. Champoux dénonce les iniquités persistantes de rapidité et de qualité des services en français des Anciens Combattants par rapport à ceux en anglais. Ils exhortent d’ailleurs le ministre Lawrence MacAulay de pallier cette situation déplorable.

Ce n’est pas la première fois que ce problème est soulevé. En 2018, l’ombudsman des vétérans a écorché le ministère pour ses temps d’attente inéquitables en fonction de la langue des demandeurs. Le temps d’attente médian se situait à 19 semaines pour une requête en anglais et à 52 semaines pour une requête en français. Trois ans plus tard, la situation demeure inchangée.

Pour M. Champoux, cette logique de deux poids, deux mesures en défaveur des francophones est indéfendable. Il ne suffit pas, à ses yeux, d’engager davantage de personnel bilingue pour réduire l’écart. Il faut s’assurer qu’une proportion suffisante du personnel d’évaluation habilité à traiter des demandes en français soit automatiquement affectée à ces dernières.

La douleur omniprésente

Le Drummondvillois Pierre-Claude Vézina s’est blessé au genou droit pendant qu’il effectuait des exercices militaires. Ce dernier a œuvré pour les Forces armées canadiennes durant quinze ans. Ses années de service ont laissé des traces.

«J’ai été opéré deux fois pour des méniscectomies inférieures du genou droit (externe et interne). À l’époque, les chirurgiens enlevaient complètement les ménisques. J’ai continué mon service milliaire, puis j’ai fini par prendre ma retraite. Mais avec les années, j’ai de la difficulté à fonctionner. Je souffre notamment d’arthrose», explique-t-il.

Alors qu’il était sportif, ce dernier ne peut plus aujourd’hui se mouvoir comme il veut en raison de la douleur qui est omniprésente. Il soutient qu’elle l’empêche de profiter pleinement de sa retraite.

«J’ai de la difficulté à marcher et je ne peux plus courir. Je me demande sérieusement si c’est ma succession qui va hériter du montant que je pourrais avoir? Sérieusement, c’est la question que je me pose», ajoute le Drummondvillois âgé de 68 ans.

À ces yeux, cette indemnité lui permettrait d’adapter sa résidence et d’avoir accès à des traitements de physiothérapie.

«Je reçois de l’aide du bureau du député, mais ils font ce qu’ils peuvent pour m’aider. Ils cognent à des portes, mais les portes ne s’ouvrent pas. Ce n’est pas normal qu’un dossier de la CNESST se règle plus rapidement que les dossiers au fédéral. On me dit qu’une partie est traitée à Matane et qu’une autre est gérée au Nouveau-Brunswick. Ça ne progresse pas. Je ne suis pas amer des Forces armées canadiennes, mais je le suis des Anciens combattants. Plus ils bougent lentement, plus ils sauvent de l’argent», lance M. Caya, qui soutient n’avoir aucune idée du montant qui pourrait lui être attribué.

Le député de Drummond, Martin Champoux, espère que les militaires francophones, qui vivent avec des séquelles permanentes, puissent obtenir le même service que les confrères anglophones.

«Les vétérans francophones ont servi leur pays aussi fièrement que leurs compagnons d’armes anglophones, ils ne méritent pas d’être moins bien servis», a-t-il insisté en guise de conclusion. 

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