Deux Drummondvillois lancent la première ligue de cornhole du Québec

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Par Louis-Philippe Samson
Deux Drummondvillois lancent la première ligue de cornhole du Québec
Alexandre Fortier, propriétaire de Fort Stampa, accompagné de Karl Parent et Yannick Dauphinais, les fondateurs de Cornhole Drummond. (Photo : Louis-Philippe Samson)

SPORT. Le cornhole est ce qu’on pourrait qualifier de sport de terrains de camping. Cependant, chez nos voisins du Sud, le cornhole est un sport fédéré et où sont disputés des tournois de grande envergure. Cette vague s’installe aussi au Canada et au Québec alors que deux Drummondvillois, Yannick Dauphinais et Karl Parent, ont fondé la première ligue du genre de la province.

Le cornhole ressemble sur certains points au jeu de poches. Il se joue à l’aide de deux planches de jeu qui comportent un trou dans sa partie supérieure. D’une dimension de deux pieds par quatre pieds, les deux planches sont séparées par une distance de 27 pieds d’où les joueurs lancent à tour de rôle des poches d’une taille de six pouces sur six pouces et au poids d’exactement une livre. Un joueur marque des points en lançant ses poches dans le trou de la planche opposée. La version québécoise, mieux connue sous le nom de babette, se pratique sur des planches de deux pieds par trois pieds et séparées par une distance de 21 pieds.

À Drummondville, deux joueurs expérimentés, Yannick Dauphinais et Karl Parent, lancent leur propre ligue qui évoluera selon les règlements de la American Cornhole League (ACL) et Cornhole Canada. La ligue Cornhole Drummond est d’ailleurs la première et la seule ligue sanctionnée par Cornhole Canada au Québec.

Se qualifiant comme quelqu’un de sportif, Yannick Dauphinais a dû cesser la pratique de plusieurs sports lors du confinement imposé par la pandémie. «Karl et moi avons commencé à jouer de façon plus compétitive entre nous quand les autres sports ont arrêté. On s’est aussi abonné à plusieurs groupes Facebook de cornhole et, d’après moi, Cornhole Canada a remarqué que deux Québécois suivaient beaucoup le sport de cette façon. Ils nous ont approchés pour fonder une ligue parce qu’il voulait que le Québec embarque dans le mouvement, comme c’est le cas en Ontario par exemple», a raconté M. Dauphinais.

Les deux hommes ont rapidement été interpelés par la proposition et se sont lancés dans la fondation de Cornhole Drummond. «Le projet nous intéressait, mais, avec la COVID-19, on a voulu y aller petit à petit. La fédération nous a appuyés et elle prévoit que l’intérêt grandira de lui-même plus on fera parler du sport dans la région. C’est un sport qui n’a pas d’âge, le champion du monde a 55 ans par exemple, et les filles peuvent jouer contre les gars sans problème», a poursuivi M. Dauphinais, qui fabrique lui-même des planches de jeu.

Faire connaître le sport

En raison des contraintes sanitaires en vigueur, l’organisation de tournois est plus difficile tout en assurant les meilleures conditions pour tous. «En été, jouer à l’extérieur serait l’idéal, surtout avec le contexte de la COVID. Mais éventuellement, ça serait beaucoup plus facile de jouer à l’intérieur, à cause du vent par exemple qui peut interférer lorsqu’on lance les poches», a noté Yannick Dauphinais.

Le cornhole se joue sur des planches comme celle-ci, de deux pieds sur quatre pieds, et chaque joueur lance quatre poches en alternance. (Photo Louis-Philippe Samson)

Un autre défi pour les deux organisateurs sera de recruter des participants. Bien qu’il y ait déjà un certain nombre de joueurs inscrits et que d’autres personnes aient manifesté de l’intérêt, plusieurs hésitent encore pour différentes raisons. «Le contexte actuel ne joue pas en notre faveur. On veut, d’abord, faire connaître le sport. Il y a beaucoup de personnes qui jouent dans la formule à 21 pieds et avec de plus petites planches de jeu. Avec notre ligue, on veut vraiment utiliser les règlements américains et ça freine un peu les gens. Peut-être qu’ils ne sont pas habitués ou qu’ils ont peur de ne pas être assez bons, mais il suffit de lancer la poche six pieds plus loin. Ce n’est pas si difficile», a relativisé Karl Parent.

Les deux organisateurs ne cachent pas qu’ils cherchent à faire évoluer le côté récréatif du sport vers un contexte plus compétitif.

De l’équipement local

Bien que M. Dauphinais fabrique lui-même les planches de jeu, il était plus difficile de se procurer des poches rapidement et à prix raisonnable alors que de bons produits se faisaient uniquement aux États-Unis et ailleurs au Canada. C’est alors qu’Alexandre Fortier, propriétaire de l’entreprise spécialisée en sublimation d’images sur tissus Fort Stampa est entré en jeu. Les deux ont travaillé ensemble pour développer une poche qui répond aux critères de Cornhole Canada et qui serait fabriquée localement.

«Il y avait un besoin d’avoir un produit local qui serait à disposition plus rapidement et plus professionnel que ce qui se fait présentement. Puisque j’avais déjà la technologie pour sublimer le tissu, il a fallu trouver la granule spéciale et les bons tissus pour fabriquer les sacs. On a fait le tour des entreprises de plastiques à Drummondville pour trouver la bonne granule», a raconté M. Fortier.

M. Fortier voulait que son produit réponde aux critères de qualité de Cornhole Canada. D’ailleurs, ses poches se font présentement tester afin d’être officiellement homologuées. «Au total, on a passé près six mois, à temps partiel, à créer le produit. Là-dessus, il y a eu deux mois concentrés sur la recherche de matériaux et beaucoup d’essais et erreurs. C’est un tissu différent de chaque côté de la poche. Un côté est plus agressif pour glisser plus facilement sur la planche et l’autre est en genre de suède synthétique pour freiner la poche en vue des lancers défensifs», a expliqué Alexandre Fortier.

Pour le moment, le propriétaire précise qu’il fait face à un défi pour faire connaître son produit. Si les poches de cornhole devaient connaître un certain succès, Fort Stampa pourrait être appelé à prendre de l’expansion, a estimé Alexandre Fortier.

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