Distanciation physique révisée : comme une douche froide pour le milieu culturel

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Par Emmanuelle LeBlond
Distanciation physique révisée : comme une douche froide pour le milieu culturel
La salle Léo-Paul Therrien de la Maison des arts de Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CULTURE. La Maison des arts de Drummondville a reçu une douche froide en apprenant que le gouvernement provincial resserrait les règles de distanciation physique dans les lieux culturels. En moins de 48 heures, l’équipe s’est retroussé les manches en révisant l’intégralité des plans de la salle afin de relocaliser les spectateurs.

Auparavant, la distance permise entre les gens du public ne vivant pas à la même adresse était de 1,5 mètre. Depuis jeudi, elle doit atteindre 2 mètres de chaque côté, tout comme en avant et en arrière.

La directrice générale de la Maison des arts, Marie-Pierre Simoneau, avoue avoir eu un certain vertige en apprenant la nouvelle. «Ça n’a pas été dit de façon officielle au point de presse du premier ministre, [mardi]. C’est passé sous le radar. L’information s’est échangée rapidement entre les diffuseurs. Il y a eu un moment de panique. On n’a pas été consultés», exprime-t-elle.

Marie-Pierre Simoneau. (Photo d’archives)

Cette mesure n’est pas sans impact pour le lieu de diffusion. «Pour nous, ça change tout l’algorithme. On avait mis deux sièges entre les gens. Avec le 2 mètres, il faut mettre trois sièges», précise-t-elle.

La charge de travail du personnel de la billetterie est de plus en plus lourde. «Honnêtement, le personnel de billetterie est quand même assez malmené depuis le début de la pandémie. On leur en demande beaucoup. On a reporté, annulé, divisé des salles et distancé des gens. C’est énorme. On venait tout juste de reprendre notre rythme.»

La Maison des arts a dû agir rapidement, en prévision des spectacles figurant sur la programmation. «Samedi, le spectacle de Mario Tessier était vendu au maximum de sa capacité. On a divisé son spectacle en deux. On a relocalisé les gens au 1,5 mètre. Maintenant, il faut communiquer avec le public pour leur dire qu’ils seront distancés de nouveau.»

Notons que la capacité de la salle a changé, passant de 250 sièges à 175. «Avec Mario Tessier, ce n’est pas problématique. C’était correct dans la façon de relocaliser les gens. La semaine prochaine, avec Martin Petit, ça amène une complexité. Qu’est-ce qu’on fait avec le surplus? On est en train de trouver des solutions. Peut-être qu’on pourrait déborder dans une troisième représentation. Chaque spectacle est du cas par cas.»

Dans tous les cas, Marie-Pierre Simoneau demande au public de faire preuve de compréhension. «On ne peut pas joindre tous les gens par téléphone. C’est impossible. Quand il arrive des situations comme ça, les gens doivent comprendre qu’on ne peut pas les appeler un à un. On va devoir fonctionner avec des infolettres et des messages de masse.»

Les cinémas ne sont pas épargnés

Du côté du cinéma Capitol et RGFM, la règle du 2 mètres doit aussi être appliquée. Aujourd’hui, la directrice du Cinéma Capitol, Annie Hamel, s’affairait à calculer chacune des salles de projection afin de déterminer sa capacité d’accueil. «Dans mes petites salles, je vais peut-être être obligée de barrer des rangées. L’espace n’est pas le même, comparé à des salles récentes. Lors de la construction, il n’avait pas de normes pour placer les bancs. Je vais devoir m’ajuster», explique celle qui a été contactée par L’Express jeudi matin.

La directrice du Capitol Annie Hamel. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Les films à l’affiche seront revus en conséquence. «Il va avoir moins de films. On va avoir moins de place dans les salles. Les films plus populaires seront projetés dans plus qu’une salle, au détriment de d’autres.»

À son avis, les mesures qui s’ajoutent dans les lieux culturels créent une confusion. «Je remarque que les gens deviennent mêlés. Ils ne savent plus quelles sont les mesures. J’ai encore des gens qui entrent au cinéma et qui ne savent pas qu’ils peuvent enlever leur masque pour manger du popcorn», soutient-elle.

Malgré les bouleversements, Annie Hamel reste optimiste. «Il faut rester positif pour nos équipes et nos employés qui respectent les règles et qui viennent travailler avec le sourire. Ça vaut le coup de tenir bon», termine-t-elle.

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