TRANSPORT. Stéphanie Lanoie et Magali Bédard occupent des emplois d’ergothérapeute à Drummondville. Constatant des lacunes dans le domaine du transport adapté, elles ont décidé de prendre le taureau par les cornes et de jeter les bases d’un projet, celui d’une camionnette à partager.
Si ce projet se réalise, il s’agira d’une nouvelle alternative qui s’ajoutera à l’offre de transport adapté. S’apparentant aux services offerts par Communauto, elle sera offerte à l’ensemble des citoyens de la MRC de Drummond présentant une condition de mobilité réduite.
«Actuellement, les gens qui habitent dans la plupart des villages tout autour de Drummondville n’ont pas accès à l’autobus adapté de Diligence. C’est pourquoi nous souhaitons intégrer notre service à l’ensemble de la MRC. Nous aimerions commencer notre projet avec une camionnette, mais je pense qu’il va évoluer par lui-même, parce qu’il y a des besoins», explique l’ergothérapeute Stéphanie Lanoie, qui offre des services à domicile pour le Centre intégré universitaire de la santé et des services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.
Dans le cadre de son emploi, il n’est pas rare que Mme Lanoie apprenne que des patients ne se sont pas pointés à leurs rendez-vous médicaux à l’extérieur de la région, faute de moyen transport ou des coûts reliés.
«Personnellement, je trouve frustrant d’entendre de telles choses. Le service de taxi adapté répond très bien aux besoins en ville, mais quand les personnes ont à se déplacer à l’extérieur pour voir un spécialiste comme un neurologue ou un physiatre, cela devient très dispendieux. Plusieurs personnes n’ont pas les moyens de se payer un tel service ou d’avoir leur propre véhicule», exprime-t-elle.
Leur service contribuera aussi à améliorer la qualité de vie de cette clientèle puisque le véhicule pourra être réservé dans un but récréatif.
«Si une personne souhaite amener sa mère de 96 ans, qui se déplace en fauteuil roulant, à une fête de famille à Saint-Jean-sur-Richelieu, ce sera possible».
Pour étoffer leur projet, les Drummondvilloises ne ménagent pas leurs efforts. Elles sont allées chercher le support d’étudiants de l’Université du Québec à Trois-Rivières, lesquels ont fait une évaluation exhaustive des offres de transport disponibles au sein de la MRC et des besoins non comblés. Ils ont aussi étudié les options offertes dans d’autres villes et même ailleurs dans le monde. De surcroît, les instigatrices ont reçu l’appui de précieux partenaires, comme l’Association des parents d’enfants handicapés, l’Association des personnes handicapées de Drummond et Transport Diligence.
«Nous recevons régulièrement des appels de gens qui ont besoin d’un transport adapté. Dans la MRC de Drummond, seulement deux municipalités (Saint-Cyrille-de-Wendover et Drummondville) sont desservies par Transport Diligence, mais ses services ne sont offerts que localement. Quand nos membres ont besoin d’aller à Trois-Rivières, par exemple, la compagnie de taxi leur charge jusqu’à 400 $. Ça n’a pas de bon sens. Plusieurs n’ont pas les moyens. Maintenant, on touche du bois. On espère que ce projet se réalisera. Il est viable, c’est sûr», a indiqué Daniel Mailhot, directeur général de l’Association des personnes handicapées de Drummond qui regroupe 180 membres.
Le projet, s’il se réalise, débutera par l’achat d’une camionnette dont l’accès sera adapté pour un ou deux passagers se déplaçant en fauteuil roulant. Un siège motorisé est aussi prévu. Le véhicule devra cependant être conduit par une personne qui n’a pas de limitation.
«Je ne sais pas quand ce projet va se réaliser, précise Mme Lanoie. Nous avons des hauts et des bas et nous allons sûrement avoir des embûches sur notre chemin. Il faudra obtenir un permis puis se trouver une identité. Ces temps-ci, nous y mettons beaucoup d’énergie. Nous estimons d’ailleurs que ce projet devrait être porté par toute la communauté».
Selon ses estimations, un aller-retour d’une demi-journée vers Sherbrooke pourrait coûter environ 60 $ à celui qui utilisera le véhicule en libre-service.
«Notre objectif n’est pas de faire des profits, mais de rendre service à la communauté, précise-t-elle. C’est pourquoi nous pensons que notre projet deviendra un organisme à but non lucratif ou une coopérative. Notre rêve est que tous puissent se sentir libres de faire des sorties significatives même s’ils ont des limites.»
Il y a plusieurs années, le frère de Mme Lanoie est devenu handicapé après un plongeon dans une piscine. «C’est certain que l’idée part de là. Aujourd’hui, mon frère va bien, mais on habitait dans un village. Il avait souvent des rendez-vous à Montréal et ce n’était pas simple. Quand un tel accident survient, il faut quand même que les parents aient le temps d’acheter un véhicule, s’ils le peuvent, et de le faire adapter. Si un jour je deviens millionnaire, je vais me dédier à lancer d’autres projets comme celui-là», rêve-t-elle.
Sondage
Visant à collecter des données pour les aider dans la finalisation de leur étude de marché, Stéphanie Lanoie et Magali Bédard invitent la clientèle à mobilité réduite à répondre à un sondage disponible en ligne, et ce, d’ici le 9 avril.
«On veut joindre les gens qui ont de la difficulté à entrer dans un véhicule normal. Les personnes qui ont leur propre véhicule ou qui utilisent les services de Diligence peuvent aussi y répondre», précise Stéphanie Lanoie.
Les instigatrices espèrent qu’au moins 400 personnes complètent le sondage, ce qui leur permettra de raffiner leurs connaissances des besoins de la communauté. Pour y accéder, il suffit de se rendre sur le site suivant : https://fr.surveymonkey.com/r/K2KMJ3Z Les gens qui ont besoin de support peuvent contacter Anick Demontigny au 819 477-7787.
