Ateliers créatifs des Impatients espacés : mon désarroi est immense (Tribune libre)

Ateliers créatifs des Impatients espacés : mon désarroi est immense (Tribune libre)
Tribune libre (Photo : (Depositphoto))

TRIBUNE LIBRE. En ces temps de pandémie, les problèmes de santé mentale se sont aggravés, c’est un fait. C’est pourquoi j’attendais avec impatience les activités artistiques du même nom «Les Impatients» dont la mission est de venir en aide aux personnes ayant un problème de santé mentale par le biais de l’expression artistique.

Les ateliers étaient arrêtés depuis de nombreux mois, car nous étions en zone rouge. Sur le site il était écrit «que Les Impatients poursuivent leur mission à distance. Nos artistes responsables gardent le lien avec nos participant·e·s, afin de briser leur isolement et de stimuler leur créativité en leur proposant des projets qui encouragent le sentiment d’appartenance à une communauté». Pour ma part, ce sont de belles paroles ou plutôt de belles phrases qui donnent de la visibilité et de la bonne conscience face à la mission de l’organisme.

On m’a en effet téléphoné une ou deux fois, en plusieurs mois, me sollicitant d’envoyer un dessin, le but étant de démontrer que  »Les Impatients » peuvent fonctionner à distance, et qu’ils sont là pour nous. Il n’en est rien, du moins je n’ai pas senti leur présence. Que dire alors de ceux qui n’ont même pas Internet? Le fait de ne pas être en contact avec des personnes en chair et en os, en présentiel comme on dit, m’a démotivée de créer ne serait-ce qu’un dessin de chez-moi pendant tout ce temps. J’étais trop déprimée et démotivée pour ce faire et je ne suis pas la seule.

Toujours est-il, qu’après m’être informée dernièrement par texto, la responsable du groupe m’annonce que les ateliers recommenceront le 29 mars. Bon, j’aurais préféré une semaine avant, mais au moins ça recommençait enfin. Or, lundi le 15 mars, je reçois un autre  texto m’apprenant que dorénavant les ateliers seront espacés aux deux semaines. On a dit que c’était une décision de la direction, car il y avait une liste d’attente. J’ai alors demandé pourquoi ne pas ajouter ces personnes au nombre de trois à notre groupe, car la Maison des arts avait amplement de l’espace pour les accueillir tout en respectant la distanciation. On m’a dit que non, il n’y avait pas de possibilité. J’ai alors suggéré qu’une demi-journée supplémentaire pourrait s’insérer dans le calendrier pour ajouter un nouveau groupe. On m’a répondu que la direction n’ajouterait rien de plus comme plage horaire et était ferme là-dessus.

Normalement, je participe à ces ateliers hebdomadairement de 13h30 à 16h chaque lundi. J’en aurais même eu besoin davantage, car ils sont salutaires pour ma santé psychologique. Cette nouvelle m’a donc bouleversée, non seulement parce que c’était ma seule thérapie en santé mentale, mais que ces ateliers me faisaient un bien immense mentalement.

Depuis cette nouvelle, mon désarroi, mon isolement et ma peine sont immenses. Je suis sous le choc et me vois bien impuissante autant que tous les autres usagers face à cette décision; impuissante à changer quoi que ce soit. La majorité des usagers ont à peine assez d’énergie pour eux-mêmes. Moi je réagis avec celle du désespoir espérant que ma voix sera entendue.

Comment peut-on penser venir vraiment en aide en diluant et réduisant les activités afin d’accommoder le plus de personnes? Ces décisions administratives ne tiennent pas compte des besoins réels de ce que nous sommes comme individus atteints de problèmes de santé mentale. Il est inconcevable de ne pas être consultés. Pourtant, nous sommes les principaux concernés devant ce choix anti-thérapeutique.

Que fait-on du bien que cela nous apportait? Honnêtement, le fait d’être une semaine sur deux en atelier créatif me sera cruellement préjudiciable et m’enlèvera ce baume me permettant un bien-être intérieur et qui me servait de thérapie et de médication. Dorénavant je n’aurai plus droit qu’à une mini dose juste pour «toffer» de peine et de misère jusqu’à la prochaine rencontre.

On nous appelle  »Les Impatients », mais je crois vraiment qu’on devrait nous appeler  »Les Patients », parce qu’il en faut beaucoup de la patience pour attendre une thérapie distribuée au compte-goutte et à laquelle nous sommes impuissants quant à la fréquence.

Charlotte Hudon, Drummondville

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