Hydro-Québec démystifie sa gestion de la rivière Saint-François

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Par Louis-Philippe Samson
Hydro-Québec démystifie sa gestion de la rivière Saint-François
La Centrale de la Chute-Hemming d’Hydro-Québec. (Photo : Archives - Ghyslain Bergeron)

RIVIÈRE SAINT-FRANÇOIS. Alors qu’aucun signe d’embâcles n’a été observé jusqu’à maintenant sur la rivière Saint-François, Hydro-Québec a tenu, pour la première fois, une rencontre virtuelle afin de démystifier le fonctionnement de ses centrales et leur impact sur le cours d’eau.

Soulignons que l’an dernier, la rivière Saint-François a fait couler beaucoup d’encre au début de l’été. Le peu de précipitations et l’installation tardif des estacades ont eu un impact sur le niveau de l’eau. La Ville de Drummondville avait été contrainte d’interdire l’arrosage des gazons et les plaisanciers ont dû prendre leur mal en patience. De nombreux citoyens avaient alors critiqué le travail réalisé par Hydro-Québec.

Dans l’objectif de sa rapprocher de la communauté, Hydro-Québec a expliqué, jeudi matin, le fonctionnement de ses installations de la région.

Sur la rivière Saint-François, la société d’État gère deux barrages, soit la Centrale de la Chute-Hemming et la Centrale de Drummondville. Ces deux barrages sont du type au fil de l’eau, ce qui veut dire que ces installations ne permettent pas de stocker de l’eau.

Simon Morissette, chef Centrales soutien chez Hydro-Québec, explique que celles-ci fonctionnent «en conséquence du débit du cours d’eau sur lequel elles sont installées». La gestion de l’eau est ainsi une tâche quotidienne et non une tâche planifiée d’avance, contrairement aux centrales à réservoir du complexe La Grande, par exemple.

«La particularité de la rivière Saint-François est qu’on n’a pas de stratégie d’exploitation en raison du fait qu’on n’a pas de contrôle nécessairement sur la rivière. L’eau qui arrive aux centrales est celle que la nature nous envoie tout simplement. On ne peut pas établir de stratégies autres que de démarrer les turbines quand le débit d’eau est suffisant et les stopper quand il ne l’est pas», a-t-il précisé.

La rivière Saint-François puise son eau d’un bassin versant. Le bassin versant regroupe l’ensemble du territoire et des cours d’eau qui se déversent dans un cours d’eau plus important. Une goutte d’eau peut prendre plusieurs semaines à parcourir le chemin entre l’extrémité du bassin versant et la rivière. De son côté, le bassin versant de la rivière Saint-François s’étend sur une superficie de 10 228 kilomètres carrés, dont 15% sont situés aux États-Unis.

Travail de prévention

Les équipes d’Hydro-Québec sont à l’œuvre tout l’hiver afin d’observer les stocks de neige et les couverts de glace sur la rivière dans l’objectif de prévenir les embâcles et la crue des eaux au printemps.

«En raison de sa morphologie, la rivière Saint-François pose des risques accrus au moment de la crue des eaux. À ce moment, des gens font de la surveillance quotidienne des embâcles en amont de la centrale de la Chute-Hemming. Selon l’écoulement des glaces, on essaie d’anticiper certaines problématiques. Préalablement à la crue, on procède à l’entretien de l’évacuateur pour s’assurer de sa pleine capacité de fonctionnement», a commenté Denis Bérubé, chef Centrales production chez Hydro-Québec. Pour l’année 2021, le couvert de neige de la région représentait environ 93 % de la moyenne annuelle des chutes de neige, en date du 13 mars.

En complémentarité, la Ville de Drummondville emploie une pelle mécanique de type grenouille chaque année sur la rivière pour créer un tracé qui minimisera les impacts de la crue. «Malgré toutes les actions qu’on peut poser avec nos intervenants et nos partenaires, la nature aura toujours le dernier mot. Ce sont trois facteurs, soit les précipitations, le couvert de neige et la vitesse à laquelle le couvert de neige fond, qui dicteront le bon déroulement de la période des crues», a ajouté M. Bérubé.

Rehaussement pour la saison estivale

Chaque été, Hydro-Québec installe des haussoirs à la centrale de la Chute-Hemming, soit ces clôtures de bois qui empêche l’écoulement de l’eau, pour maintenir un niveau d’eau plus élevé, de deux mètres, en amont afin de favoriser les activités nautiques. L’installation de ces haussoir ne peut se faire qu’après la période de crue et lorsque le débit de la rivière est sécuritaire pour les travailleurs. En raison de la nature imprévisible de l’environnement, les dates de ces travaux varient d’année en année.

Pour ce faire, le niveau de la rivière est temporairement abaissé pour permettre l’inspection du barrage, les travaux d’entretien et l’installation des haussoirs. Cette procédure prend en moyenne 14 jours et Hydro-Québec s’assure de maintenir un débit d’eau suffisant pour la prise d’eau potable de la ville, qui est situé entre les centrales de la Chute-Hemming et de Drummondville.

À court terme, aucun travaux majeurs n’est prévu sur l’une ou l’autre des centrales d’Hydro-Québec sur la rivière Saint-François. Hydro-Québec diffuse aussi les dates de variation de niveaux des eaux dans la section des avis publics de L’Express et il est possible de s’abonner à un avis par courriel.

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