Perte d’une récolte : un couple reçoit un coup de pouce de ses enfants

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Par Emmanuelle LeBlond
Perte d’une récolte : un couple reçoit un coup de pouce de ses enfants
Normand Caya et Madeleine Houle sont les propriétaires des Serres Hydro-Tourville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

COMMUNAUTÉ. À la suite d’un bris mécanique, les propriétaires des Serres Hydro-Tourville, Madeleine Houle et Normand Caya, ont perdu l’entièreté de leur récolte, réduisant à néant 45 000 plants. Au lieu d’abandonner, les entrepreneurs ont décidé de se retrousser les manches, question de garder la tête haute.

Madeleine Houle et Normand Caya œuvrent dans leur entreprise depuis une trentaine d’années. Au départ, les Serres Hydro-Tourville se spécialisaient dans la production de tomates. À travers les années, les propriétaires ont diversifié leurs produits en proposant à la fois des légumes, fleurs comestibles, verdures, fines herbes et pousses. «On a investi de nos poches pour développer une nouvelle technologie et réussir à produire 70 légumes différents, 12 mois par année», précise Normand Caya.

«Depuis cinq ans, on travaille six jours par semaine, 90 heures par semaine. La qualité et les rendements s’amélioraient toujours. Les contrats augmentaient.»

L’entreprise a réussi à bâtir une réputation solide. «Ma conjointe et moi avons travaillé extrêmement fort pour développer une clientèle haut de gamme. On avait 29 restaurants de haute gastronomie à Montréal. Ce sont des gens qui ne regardaient pas le prix. Ils regardaient la qualité.»

Dans la région, les produits des Serres Hydro-Tourville font fureur. «Depuis la COVID-19, on a multiplié par quatre le nombre de clients. On fait la livraison à domicile. On achète de producteurs locaux pour compléter nos paniers. Au printemps, il y avait des files d’attente jusqu’au chemin», raconte-t-il.

Rêver grand

Depuis sept ans, Madeleine Houle et Normand Caya chérissent le projet de se lancer dans l’aquaponie. «L’aquaponie est l’élevage de truites. On voulait construire un bâtiment et introduire 18 000 truites dans des bassins. L’idée était de récupérer les déjections des poissons pour faire notre propre engrais biologique.»

«Dans le projet d’agrandissement pour construire le système d’aquaponie, on comptait changer le système de chauffage», ajoute le propriétaire.

À la déception des entrepreneurs, le ministère de l’Environnement n’a jamais autorisé le projet. «Drummondville est une zone zéro phosphore. Il y a trop d’animaux dans le Centre-du-Québec pour le nombre de terres. Ils ne veulent pas de phosphore supplémentaire. Pourtant, avec notre projet, on récupérait 98% du phosphore pour nourrir nos plantes. C’est un processus naturel», explique Normand Caya.

De toute évidence, rien n’arrête le couple dans leurs ambitions. Un second projet les habite. Les entrepreneurs comptent développer un nouveau marché afin de rayonner à l’échelle de la région. Ils attendent que la nouvelle soit officielle avant de la rendre publique.

La fournaise à l’huile qui a été défaillante. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Bris mécanique

Au début du mois, une catastrophe imprévisible est survenue dans les serres. Plus précisément, le système de chauffage a été défaillant. «Il y a eu une mini explosion dans la salle des machines. La fumée des huiles s’est répandue partout dans les serres. La laitue goûtait l’huile», se remémore Normand Caya, la gorge serrée.

«On avait des systèmes d’alarme dans les serres qui ont très bien fonctionné. Les systèmes d’alarme ne sont pas reliés à la résidence. Dans le jour, on s’en serait rendu compte. C’est arrivé pendant la nuit à 2h30 du matin», poursuit-il.

Tous les plants étaient contaminés. «On a pris la difficile décision de tout arracher et recommencer à zéro. Mardi, il y avait environ 15 000 plants de replantés. On n’a pas arrêté longtemps. On est reparti.»

L’événement a été difficile à encaisser. «Pendant une ou deux journées, on a eu de la peine. On a décidé de se retrousser les manches et regarder en avant. Il faut trouver des solutions pour continuer. Il faut rester positif», témoigne Madeleine Houle.

Après tout, les entrepreneurs sont toujours habités par les différents projets qu’ils ont en tête. «On veut participer à un monde meilleur. On veut juste créer et vouloir du bien-être pour les autres. Nous, c’est par la nourriture et la verdure qu’on accomplit ce geste.»

Coup de main

Sensibles à la situation, les quatre enfants de Madeleine Houle et Normand Caya ont décidé de lancer une campagne de financement pour soutenir leurs parents, sans que ces derniers ne soient au courant.

La famille Caya. (Photo: gracieuseté)

«Notre objectif est de donner un souffle et leur donner un moment de répit pour qu’ils puissent se concentrer sur le développement de leur entreprise. Les dernières semaines ont été hautes en émotions. On voulait les aider avec une campagne de financement», explique Simon Caya.

Jusqu’à présent, plusieurs donateurs ont témoigné de leur solidarité. «Nos parents ont recommencé à zéro leur récolte. Ils ont perdu leurs clients pendant quelques semaines. Il n’y a aucun revenu qui rentre en ce moment. Financièrement, ça va les supporter, explique Valérie Caya. La fournaise est à changer. Si on ne la change pas, elle risque de briser de nouveau.»

La réception du public est encourageante. «On ne s’attendait pas à ce que les gens réagissent aussi bien. J’ai reçu des messages comme quoi les personnes étaient contentes de donner pour encourager nos parents.»

Quoi qu’il en soit, les enfants souhaitent pouvoir contribuer à leur façon. «On veut redonner à des gens qui ont toujours donné à tout le monde, mais qui n’ont jamais demandé en retour», termine Simon Caya.

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