Ses œuvres sous les projecteurs dans Les Pays d’en haut

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Par Cynthia Martel
Ses œuvres sous les projecteurs dans Les Pays d’en haut
Guy Montembeault sur le plateau de tournage. Il est assis sur la chaise du détective. (Photo : Gracieuseté Claude Montembeault)

MAGAZINE. Le sculpteur – ou «gosseux» – drummondvillois Guy Montembeault a décroché à l’été dernier un contrat inattendu et notable. Il a été approché par l’équipe de la série historique Les Pays d’en haut afin de créer des pièces en bois ayant servi à recréer la scène de l’attentat contre Séraphin Poudrier.  

Un jour d’août, le téléphone sonne chez M. Montembeault. On sollicite alors son talent pour le bois reconnu par Adrien Levasseur, auteur et collectionneur d’art populaire bien connu dans le milieu.

«Mathieu Jacques, chef accessoiriste [sur le plateau des Pays d’en haut], cherchait un sculpteur pour la saison 6. Il s’est informé auprès d’Adrien Levasseur et mon nom est sorti. Après des discussions et des prototypes, j’ai été choisi!» se remémore avec le sourire dans la voix M. Montembeault au bout du fil.

Le détective Pat Pessell chargé d’élucider l’attentat contre Séraphin. (Photo gracieuseté bcalmeau)

Lors du dernier épisode de la saison 5, en décembre, Séraphin est victime d’un attentat au moment de l’inauguration de la gare de Sainte-Adèle, le grand rêve du Curé Labelle. Le détective Pat Pessell est chargé pour enquêter sur ces événements. Afin de recréer la scène, le réalisateur de la série, Yan England, souhaitait recourir à des œuvres en bois représentant les personnages sur place de même que la gare.

«Mon contrat était de créer neuf figurines, la gare, le quai et le train, et ce, en à peine deux mois. Quand j’ai raccroché, je me suis dit : «Qu’est-ce que je viens de faire-là?» se rappelle-t-il en riant. Dans mon élan d’enthousiasme, j’avais sous-estimé l’ampleur du travail. J’ai vécu du stress, mais le plaisir que j’ai eu, ça vaut 100 fois plus que tout le stress vécu».

Ajustements par-ci, modifications par-là, M. Montembeault a su répondre aux exigences de l’équipe de tournage.

«Une fois un certain nombre d’étapes faites, les pièces étaient envoyées à Montréal pour que l’équipe en discute. J’apportais ensuite les modifications nécessaires. Par exemple, au début, la taille des bonhommes était trop petite, donc je les ai refaits, carrément». On m’avait aussi demandé de faire des figurines qui ressemblent aux personnages, mais pas dans les moindres détails, simplement pour que les gens les reconnaissent. Par contre, pour Délima, on m’a demandé d’y mettre le paquet, en la faisant belle et aguichante, car le détective est en amour avec elle et c’est lui qui fabrique les pièces dans l’émission», explique-t-il.

Sur cette photo, on aperçoit les personnages de Séraphin Poudrier (Vincent Leclerc), Donalda Laloge (Sarah-Jeanne Labrosse) et Pat Pissell (David Boutin). (Photo gracieuseté bcalmeau)

L’artiste drummondvillois ne se cache pas pour dire qu’outre le temps restreint alloué à la création, réaliser ce que d’autres personnes ont en tête a constitué un réel défi.

«C’est assez spécial, car les gosseux, on est habituellement dans notre monde lorsqu’on crée. Alors, réaliser l’idée d’un autre, c’était un défi. Je me demandais souvent ce que Mathieu l’accessoiriste avait en tête et comment il voyait le produit final. Habituellement, quand je crée, j’ai mon idée en tête et j’y vais selon mon style, c’est bien différent», précise-t-il.

«Par contre, je suis le type d’artiste ouvert d’esprit, qui ne fait pas à sa tête et est prêt à modifier un peu sa façon de travailler. Ç’a été une qualité qui leur a plu».

Guy Montembeault affirme humblement que ces pièces sont réussies.

«Pour une première expérience, je n’aurais pas pu demander mieux! exprime-t-il. J’ai pu visiter le plateau de tournage et à cette occasion, j’ai rencontré Yan [England] et il m’a dit : «Vous faites un superbe travail!» Bref, c’était super, super intéressant comme expérience.»

Ses œuvres ont tellement fait l’unanimité que les acteurs Vincent Leclerc (Séraphin) et Sarah-Jeanne Labrosse (Donalda) lui ont demandé de créer le chariot incendie pour l’offrir en cadeau au réalisateur.

«Ils m’ont dit qu’ils voulaient lui offrir cela, car il est un bon meneur, donc j’ai eu l’idée de faire un cocher qui lui ressemble, un cheval roux pour représenter Séraphin et un blond pour Donalda», détaille-t-il.

Le réalisateur de la série, Yan England, avec son cadeau créé par Guy Montembeault. (Photo gracieuseté Claude Montembeault)

Bref, le Drummondvillois n’est pas peu fier d’avoir participé à sa façon à ce classique de la culture québécoise. Par ce contrat, il jouit d’une certaine visibilité, cette série retenant autour de 1,1 million de téléspectateurs.

«Les pièces étaient très visibles lors des scènes concernées et ont été touchées par plusieurs comédiens», indique celui qui est reconnu pour ces petites sculptures colorées et souvent humoristiques. Le résultat de son travail a été dévoilé dans les épisodes du 11 et 18 janvier.

 

Son parcours en bref

D’aussi loin qu’il se souvienne, Guy Montembeault a toujours eu le plaisir de «gosser le bois».

«Comme plusieurs de ma génération, j’ai grandi avec un canif dans ma poche. J’avais toujours un morceau de bois à gosser», fait savoir l’homme originaire de Saint-Cyrille-de-Wendover.

En 2008, au terme d’une convalescence, il confectionne, avec le peu d’outils à sa disposition, un bâton de marche représentant sa vie.

Depuis, il n’a jamais cessé. De fil en aiguille, il s’est mieux équipé et son carnet de commandes s’est rempli. Sa première exposition s’est tenue en 2013, à Saint-Ulric, un moment marquant.

«J’étais en train de placer mes œuvres sur la table lorsqu’un monsieur m’a demandé le prix de la pièce appelée Hamburger grill représentant la Saint-Jean. Il l’a achetée. Un peu plus tard, j’ai su que c’était un conservateur d’un musée de Gatineau! Je n’en revenais pas. C’est à ce moment que j’ai commencé à réaliser que mes pièces pouvaient intéresser les gens et que j’avais du talent», partage-t-il.

Le public a d’ailleurs pu apprécier certaines de ses œuvres à l’occasion d’expositions collectives tenues au Musée d’art populaire de Charlevoix, Musée des Civilisations de Québec et Musée populaire de Trois-Rivières.

Il a également remporté quelques prix et a reçu quatre mentions d’honneur dans autant de livres sur l’art populaire.

(Photo gracieuseté bcalmeau)
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