Réalité partagée (Tribune libre)

Réalité partagée (Tribune libre)
(Photo : L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Merci de persévérer avec le sourire, merci de continuer à vous intéresser à nous et merci pour la générosité qui vous pousse très souvent à aller au-delà de ce que votre profession exige.

Chers enseignants, nous partageons le même milieu de vie : un d’apprentissage et un d’enseignement. Cependant, pour la première fois, nous devons nous adapter aux mêmes réalités. Pour moi, le cégep est un milieu dynamique que j’apprécie beaucoup, car c’est le seul endroit où je peux simultanément apprendre sur la littérature postmoderne tout en écrivant des sketchs pour l’animation d’un spectacle. C’est ce que j’aime le plus du collège : c’est un amalgame d’éducation, de rencontres et de projets.

Évidemment, cette description date d’avant 2020. Aujourd’hui, je suis constamment devant une caméra et je suis déçu, car je réalise que plus de la moitié de mon parcours collégial se sera déroulé dans un monde alternatif, imbibé de désinfectant et de deuils. En tant qu’étudiant, je me sens volé. Cette crise m’a forcé à renoncer à une partie riche et importante de mon éducation. Les rencontres que je n’aurai pas faites, le concerto que je n’aurai pas monté avec la symphonie et les amitiés qui ne se seront pas créées sont toutes des opportunités manquées qui ne se représenteront plus.

Cependant, il serait mal avisé de m’apitoyer sur mon sort parce que non seulement c’est une situation qui est vécue par toute la population ici et ailleurs, mais je suis loin d’avoir été laissé à moi-même. Cette déception que je ressens, vous la vivez aussi et je suis convaincu que vous vivez quotidiennement des frustrations et des complications liées à la crise. Malgré tout, vous avez été fidèles dans votre accompagnement et dans votre désir de voir vos étudiants réussir.

Dans un contexte comme celui-ci, vous pouvez peut-être penser que toute l’adaptation dont vous devez faire preuve au quotidien, que vos efforts et vos sacrifices ne sont pas remarqués. Soyez assurés que ce n’est pas le cas. Non seulement tous ces efforts sont vus et appréciés, mais sachez que c’est par tous ces gestes que nous pouvons continuer.

C’est par la persévérance de mes professeurs malgré les changements incessants, les caméras fermées des étudiants, les difficultés techniques et les reproches de plusieurs que je peux continuer à apprendre. C’est grâce à la rigueur du personnel d’entretien et le travail du sympathique personnel d’accueil que je peux avoir confiance en allant au collège. C’est la constance de tous les employés de bureau qui me permet d’avoir une école qui fonctionne rondement et ce sont les services étudiants qui me donnent le support dont j’ai besoin dans ce quotidien si particulier.

Luka Bordeleau. (Photo Gracieuseté)

En ce début de nouvelle session, confiné à nouveau et sous couvre-feu, il est difficile de ne pas céder d’emblée à la mauvaise foi et à la grogne. De plus en plus, le temps s’alourdit, nous sentons nos êtres et nos esprits lestés par toutes les restrictions mises en place et nous sommes écrasés par cette crise qui sépare et qui divise.

Alors, plus que jamais, il est crucial de trouver des alternatives pour garder contact avec nos proches, d’avoir de la douceur envers nous-mêmes et ceux qui nous entourent pour cultiver l’espoir.

Je crois que pour réussir à traverser cette crise, nous devons trouver le délicat équilibre entre la rigueur et la gentillesse. Entre la persévérance dans notre devoir et l’empathie face à notre entourage. En cette journée de sensibilisation pour la santé mentale, engageons-nous à être vigilants, à prendre soin de nos proches et à nous aimer un peu plus et un peu mieux tous les jours, pour que la santé mentale ne soit pas seulement l’affaire d’un jour, mais l’objet de notre attention à l’année longue.

Derrière nos masques chirurgicaux, soyons remplis de compassion. Car, si nous ne pouvons rien faire pour arrêter la crise, notre volonté à se montrer bon l’un envers l’autre pourra l’adoucir.

Pour nous permettre d’y vivre au lieu d’y survivre.

Luka Bordeleau, 18 ans, étudiant de 2ème année en violoncelle classique au Cégep de Drummondville

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