L’histoire des restrictions à Drummondville

Gabriel Cormier, collaboration spéciale
L’histoire des restrictions à Drummondville
La rue Heriot, Drummondville, 1941. (Photo : Société d’histoire de Drummond, Collection régionale ; IC-3.1D98)

(Note de la rédaction) Le gouvernement du Québec ayant décrété un premier couvre-feu national pour l’ensemble de la province, L’Express a demandé à la Société d’histoire de Drummond, la gardienne de notre mémoire, de rassembler pour ses lecteurs l’ensemble des restrictions qui a touché la région de Drummondville depuis sa fondation.

HISTOIRE. Alors que la population drummondvilloise s’adapte à diverses consignes en raison de la pandémie qui prévaut depuis presque un an, il y a tout lieu de revisiter les différentes restrictions qui ont été imposées à Drummondville au fil de son histoire.

En octobre 1918, Drummondville n’échappe pas à la crise de la grippe espagnole qui frappe le monde entier. Rapidement, la maladie se propage et touche plus du quart de la population alors que la ville ne compte qu’environ 4 000 habitants, tuant plus de cinquante personnes. Les conditions de vie engendrées par l’industrialisation (entassement des familles, absence d’aqueducs et d’égouts convenables et manque de soins médicaux) favorisent les risques de contagion, forçant le conseil municipal de Drummondville à mettre sur pied le Bureau local d’hygiène le 4 octobre 1918 afin d’enrayer la progression de la maladie. Tout comme dans de nombreuses municipalités de la province, les réunions et les divers rassemblements sont interdits tandis que les écoles et autres lieux publics sont fermés. Les lieux de culte, plus qu’importants à l’époque, doivent également cesser leurs services. L’école Garceau est, quant à elle, convertie en hôpital pour pallier le manque de lits de l’Hôpital Sainte-Croix. Quelques semaines plus tard, l’épidémie s’estompe aussi rapidement qu’elle est apparue.

Gabriel Cormier, agent de projets culturels à la Société d’histoire de Drummond. (Photo Gracieuseté)

Le couvre-feu imposé pour l’ensemble de la province depuis le 9 janvier n’est pas le premier à venir encadrer la vie drummondvilloise, du moins pour une partie de la population. Drummondville, tout comme plusieurs autres villes, adopte un couvre-feu à partir des années 1930 afin de contrôler la jeunesse et prévenir la négligence des parents. Pendant les périodes visées, les enfants de moins de quatorze ans ne sont ainsi plus tolérés dans la rue ou sur les places publiques après 21h. Les contrevenants peuvent s’exposer à plusieurs conséquences allant de l’avertissement à l’amende. À partir de 1954, le couvre-feu est à nouveau mis en place, cette fois pour les enfants de moins de douze ans.

Le couvre-feu imposé à la jeunesse n’est pas la seule restriction à venir perturber le quotidien de la population au milieu du XXe siècle. Durant la Deuxième Guerre mondiale, des précautions sont prises pour protéger la population en cas de raid aérien ou de sabotage. Créé en 1940, le Comité de protection civile prend en charge les «exercices d’obscuration» ayant lieu périodiquement. Le premier survient le 3 mai 1942. Les sirènes de la Ville et des principales manufactures sonnent alors l’alerte à 22h, obligeant la population à éteindre toutes sources de lumière visibles et à couvrir les fenêtres de telle sorte qu’on ne puisse voir aucune lumière de l’extérieur. Les véhicules doivent également se ranger sur l’accotement et éteindre leurs phares tandis que toutes personnes surprises à l’extérieur doivent s’abstenir de fumer. À 22h20, après une série de sons brefs, la vie peut reprendre son cours. À la suite de quelques exercices, parfois annoncés, parfois non, le Comité est dissous faute de menace réelle.

Les diverses restrictions imposées par les autorités au fil des décennies, parfois similaires à ce que nous vivons aujourd’hui, n’ont eu d’autres objectifs que d’assurer la sécurité de la population drummondvilloise.

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