Politique de l’arbre : un tour de passe-passe? (Tribune libre)

Politique de l’arbre : un tour de passe-passe? (Tribune libre)
(Photo : L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Le 12 février 2020, L’Express annonçait l’adoption par la Ville d’une première politique de l’arbre. Cette annonce était faite en réaction à un article que je signais dans la même édition, intitulé Boisés de Drummondville-Ouest : sauver ce qui reste, où je plaidais pour la conservation d’un magnifique boisé situé sur un ancien terrain d’Hydro-Québec.

Une lectrice de L’Express a qualifié cette politique de « poudre aux yeux » (Tribune libre, 27 mai 2020). Malgré les espoirs que j’entretenais au départ, je doute maintenant moi aussi de la volonté de la Ville de protéger son couvert forestier.

Ainsi, le premier plan de mise en œuvre de la politique ne prévoit aucune mesure de protection des boisés existants, même en dehors du périmètre urbain. Il est essentiellement un plan de paysagement urbain. Son lancement s’est fait avec l’annonce de la plantation de 800 arbres cultivés par année pour les prochaines 25 années. Un premier contrat a été accordé à cet effet au Centre du jardin paysagiste Alain Carrier (L’Express, 12 mai 2020). L’occasion aurait pourtant été belle de sauver le boisé que je voulais protéger. Au contraire, les craintes que j’exprimais se matérialisent, alors que l’abattage d’un grand nombre d’arbres matures va bon train en plein cœur du boisé (photo ci-jointe). Cela me désole. Les belles paroles de l’ancien maire Alexandre Cusson (L’Express, 15 janvier 2019) assurant que cette forêt, sise en zone agricole, ne courait aucun danger ne sont d’aucune consolation.

Photo prise par l’auteur de la tribune libre intitulé « Boisés de Drummondville Ouest : on coupe ce qu’il reste ». (Photo Gracieuseté)

Pire, L’Express annonçait le 24 novembre dernier que la Ville avait entrepris des procédures d’expropriation de terrains situés juste à l’est de la rivière Saint-François près de l’autoroute 20 pour en faire un parc industriel. Un coup d’œil au schéma d’aménagement et de développement de la MRC de Drummond permet de constater qu’il s’agit des derniers boisés d’importance à l’intérieur du périmètre urbain de la Ville. Et ça ne s’arrêtera pas là, le maire Carrier ayant annoncé qu’il faudra à terme envisager le dézonage de terrains situés en zone agricole (L’Express, 27 octobre 2020).

Je reviendrai sur cette volonté de développer à tout prix si L’Express veut bien me prêter encore tribune. D’ici là, je me permets de faire une proposition constructive pour la mise en œuvre de la Politique de l’arbre. Le prolongement de la promenade Rivia dans le parc des Voltigeurs offre en effet une belle occasion pour cela.

La Ville compte sans doute installer beaucoup de lampadaires le long du nouveau parcours de la promenade. À mon avis, ce ne sont pas des lampadaires qu’il faut planter dans le parc, mais des arbres !

Des lampadaires coûteront une fortune en installation, entretien et électricité, alors que la Ville a déjà accordé un contrat pour la plantation d’arbres et que nous traversons une période difficile au plan budgétaire. D’ailleurs, Alain Carrier lui-même, alors qu’il était candidat au poste de maire, a déclaré (L’Express, 25 mars 2020) qu’il fallait que la Ville cesse les dépenses non obligatoires en raison du poids que fait peser sur les finances publiques la crise actuelle du coronavirus. À ce titre, on peut se questionner sérieusement sur l’utilité d’éclairer la phase 2 de la promenade. S’agit-il d’accommoder monsieur Untel et madame Chose au cas où il leur prendrait l’envie subite de prendre l’air à deux heures du matin, alors que la phase 1 de la promenade offre déjà 2,5 kilomètres de sentier éclairé? Les taxes des Drummondvillois valent mieux que ça.

Il faut aussi rappeler que beaucoup d’arbres ont été coupés pour l’aménagement de la phase 1 de Rivia. En planter pour la phase 2 serait une façon de compenser cette perte.

Le pavillon situé à l’entrée du parc des Voltigeurs a été baptisé du nom de Frédéric-Back, auteur de «L’Homme qui plantait des arbres». Il faudrait maintenant que les bottines suivent les babines pour que la Politique de l’arbre soit plus qu’un tour de passe-passe.

François Nichols, Drummondville

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