«La pression est très, très forte» – Nathalie Boisvert, PDG adjointe au CIUSSS MCQ

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Par Cynthia Martel
«La pression est très, très forte» – Nathalie Boisvert, PDG adjointe au CIUSSS MCQ
L'Hôpital Sainte-Croix. (Photo : Archives - Ghyslain Bergeron)

COVID-19. L’unité COVID de l’hôpital Sainte-Croix a atteint sa capacité maximale hier pendant qu’aux quatre coins de la MRC de Drummond, des éclosions majeures sévissent et la transmission communautaire s’intensifie. Le réseau de la santé est sous haute pression alors que l’impact possible de Noël ne sera visible que dans quelques jours.

«La pression est très, très forte (…) Ça se détériore de façon vraiment marquée depuis la dernière semaine et la transmission communautaire est très soutenue, même qu’elle s’intensifie depuis les dernières semaines. L’augmentation des cas des derniers jours va se faire sentir sur le réseau dans cinq à dix jours seulement. C’est une grande préoccupation, car l’impact que l’on voit présentement, c’est en lien avec les agissements d’avant Noël», expose en entrevue avec L’Express Nathalie Boisvert, présidente-directrice générale (PDG) adjointe responsable du Centre-du-Québec au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.

La semaine dernière, la MRC de Drummond comptabilisait 244 cas.

«Et cette semaine, les chiffres sont assez impressionnants, si je peux dire ainsi. Ce qu’il faut savoir, c’est que plus les cas sont élevés, plus il y a de cas actifs et donc, ça devient exponentiel. Et plus que ça circule en communauté, plus il y a de risques que les travailleurs de la santé soient exposés à la COVID et l’introduisent dans nos milieux. Il s’agit d’un cercle vicieux», explique-t-elle.

L’unité COVID de l’hôpital Sainte-Croix dispose de 16 lits et de deux autres destinés aux patients nécessitant les soins intensifs. Hier, pour la première fois, ils étaient tous occupés. Ce matin, quatre patients ont obtenu leur congé, mais aucun des deux lits des soins intensifs ne s’est libéré.

«Comme la situation évolue rapidement, il faut revoir d’heure en d’heure comment on va gérer notre réseau afin de continuer à offrir ces soins, mais aussi les services aux autres types de clientèle», souligne-t-elle.

«C’est certain qu’à ce rythme-là, plusieurs personnes devront éventuellement être hospitalisées ailleurs», laisse-t-elle entendre.

Des éclosions majeures

L’unité COVID, comme trois autres, est aux prises avec une éclosion depuis plusieurs jours, engendrant une diminution de la main-d’œuvre, mais également, l’arrêt des admissions de patients sur ces unités.

«Ça limite la capacité d’accueil de l’établissement et ça pose aussi des défis supplémentaires de main-d’œuvre nous amenant à faire du délestage», fait savoir Mme Boisvert, tout en indiquant que malgré ces conditions difficiles, le personnel demeure professionnel, souriant et accueillant.

Depuis le début de décembre, c’est une quarantaine d’éclosions qui a frappé diverses installations de la MRC de Drummond. Le Centre Frederick-George-Heriot est durement touché depuis plus de deux semaines avec quatre éclosions. La plus récente est survenue sur l’unité deuxième Nord Paradis, où l’on recense 23 cas. Quatorze employés œuvrant au sein de la zone chaude combattent aussi le virus.

«Bonne nouvelle, il n’y a plus de transmission au bloc Ouest depuis le 20 décembre. Treize résidents sont rétablis», indique Mme Boisvert.

Selon elle, ces éclosions ne sont pas un signe de désorganisation, comme on n’a pu le constater au cours de la première vague dans certains CHSLD et résidences de la province.

«Ce n’est pas un centre qui est désorganisé, au contraire, c’est une fourmilière de gens qui y travaillent. Tout a été mis en œuvre pour contrôler les éclosions et les employés étaient prêts à y faire face. Ça demeure tout de même préoccupant considérant que c’est une clientèle vulnérable», soutient-elle.

Pour faire face à cette situation qui s’aggrave, plusieurs travailleurs, en vertu de l’arrêté ministériel, doivent faire des horaires de 12 heures les week-ends. Certains ont même dû mettre une croix sur leurs congés des prochains jours.

Soulignons au passage qu’une centaine d’employés de Frederick-George-Heriot ont reçu la première dose du vaccin au cours de la dernière semaine.

«Selon certaines informations lues et entendues, le vaccin peut avoir un effet de protection après la première dose, mais après un certain nombre de jours. On ne peut donc pas penser que le vaccin aurait pu prévenir l’éclosion au bloc Nord», laisse entendre la PDG adjointe.

Deux autres éclosions font des ravages au Centre d’hébergement St-Joseph et aux Terrasses de la Fonderie.

«En majorité, ce sont des résidents autonomes, mais vieillissants, donc avec des problématiques de comorbidité qui peuvent affecter leur santé avec l’apparition de la COVID. Ce sont donc des gens qu’on redoute dans les prochains jours dans le réseau», affirme-t-elle, indiquant qu’actuellement, des équipes médicales et de soutien à domicile sont déployées dans chacun de ces établissements pour prendre en charge les usagers infectés.

Devant la hausse marquée des cas quotidiens, Mme Boisvert réitère l’importance d’appliquer les mesures et invite les citoyens à continuer d’être résilients.

«Il est extrêmement important aujourd’hui de s’assurer que chaque citoyen applique au mieux les mesures. On le sait que la majorité le fait, mais nécessairement, il y a des gens qui n’ont pas respecté les mesures si on se retrouve à ce moment-ci à en discuter. Il faut redoubler de prudence. La clé de voûte, c’est chacun d’entre nous qui la possède. Ce qu’on veut, c’est que la pandémie se termine avec le moins de pertes de vie et de conséquences possible», insiste-t-elle.

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