Drummondville redonne vie à son verre

Michael Deetjens
Drummondville redonne vie à son verre
Récupéraction Centre-du-Québec de Drummondville récupère 100 % du verre. (Photo : Depositphoto)

MAGAZINE. Par souci écologique, les Québécois sont nombreux à déposer soigneusement leurs contenants de verre au recyclage. Ils ignorent toutefois que malgré leurs bonnes intentions, ces derniers prennent souvent la route du dépotoir. Mais bonne nouvelle, ce n’est pas le cas du verre récolté au centre de tri de Drummondville!

Dans la province, «environ 8 contenants de verre sur 10 sont mis dans le bac de récupération par les citoyens». Cette donnée publiée l’année dernière par Recyc-Québec semble encourageante, mais il ne faut pas se réjouir trop vite. Plusieurs centres de tri ne disposent pas des ressources suffisantes pour traiter adéquatement le verre reçu. La majorité est donc envoyée malgré tout à l’enfouissement. Résultat? Au Québec, seulement 37 % du verre recueilli par la collecte sélective est récupéré.

Drummondville fait bonne figure

Heureusement, grâce à la modernisation de leurs installations, certains centres de tri parviennent à récupérer l’entièreté du verre qu’ils récoltent. C’est le cas de Récupéraction Centre-du-Québec de Drummondville où 100 % du verre est récupéré.

Le traitement du verre n’est toutefois pas une tâche simple. En effet, les contenants se brisent souvent pendant le trajet au centre de tri. «Les chances qu’une bouteille arrive intacte au centre est de l’ordre du miracle», explique Nancy Doyon, directrice au développement chez Récupéraction Centre-du-Québec. «On doit donc faire un pré-traitement. On a un tamis rotatif et une soufflerie qui enlèvent les morceaux de papier et de plastique», précise Mme Doyon. Une fois libéré de ses impuretés et trié, le verre est expédié chez Groupe Bellemare, une entreprise de Trois-Rivières qui le convertit en produits abrasifs ou filtrants.

Toute cette démarche est toutefois coûteuse pour le centre. «Ça nous coûte environ 30$/tonne pour récupérer notre verre», nous informe la directrice au développement qui en reçoit près de 1300 tonnes par mois dans ses installations. Si Mme Doyon est fière que Récupéraction Centre-du-Québec contribue à donner une seconde vie au verre, elle est d’avis que davantage peut être fait pour améliorer son recyclage.  «Quand je l’envoie chez Bellemare, ce n’est pas du recyclage, c’est plutôt de la réutilisation. Le top du top c’est quand on peut refaire une bouteille. On peut faire fondre et refondre le verre à vie», ajoute-t-elle.

Actuellement, il existe une seule fonderie au Québec qui pourrait remplir ce mandat. Il s’agit de l’usine O-I située à Montréal. Cependant, ce type de fonderie doit disposer d’un verre trié par couleur, ce qui est actuellement impossible pour les centres de tri de la province. Isoler le verre des autres matériaux est une chose, le classer par couleur nécessite une technologie différente. O-I est donc contraint d’acheter sa précieuse ressource dans d’autres provinces pour la fabrication de ses bouteilles.

La consigne à la rescousse

Le 24 septembre dernier, le gouvernement du Québec déposait un projet de loi visant, entre autres, à instaurer un nouveau système de consigne de 0,25 $ pour les contenants de verre comme les bouteilles de vins et de spiritueux. Ceci devrait diminuer significativement la quantité de verre jeté dans la poubelle ou les bacs de recyclage. Pour Nathalie Doyon, l’arrivée de la consigne est une excellente nouvelle.  «Notre centre de tri fait quelque chose de bien pour récupérer le verre, mais avec la consigne ça va être encore mieux», confie-t-elle. Il sera alors beaucoup plus simple de récolter les bouteilles intactes, les trier par couleur et finalement pouvoir les vendre à une fonderie pour en faire de nouvelles bouteilles. Le système de consigne élargie devrait être instauré progressivement à partir de 2022.

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