«Si je dois appliquer de nouvelles mesures, je vais le faire» – Vicky Descoteaux

Emmanuelle LeBlond et Louis-Philippe Samson
«Si je dois appliquer de nouvelles mesures, je vais le faire» – Vicky Descoteaux
Vicky Descoteaux est la propriétaire de la boutique Ambiance Simone. (Photo : Ghyslain Bergeron)

COMMERCES. Dès vendredi, le magasinage du temps des Fêtes sera davantage contrôlé par des mesures visant l’achalandage de la clientèle. Questionnés sur le sujet, les commerçants de Drummondville comptent respecter les nouvelles balises, mais certaines craintes émergent alors qu’ils devront faire preuve d’adaptation.

Vicky Descoteaux est propriétaire de la boutique Ambiance Simone au centre-ville de Drummondville. Depuis les derniers jours, cette dernière a remarqué une augmentation de l’achalandage dans son commerce. «On sent que c’est Noël. On sent que les gens ont envie de gâter leurs proches», témoigne-t-elle, sur un ton enjoué.

Les clients devront respecter les mesures sanitaires. (Photo: Ghyslain Bergeron)

À compter d’aujourd’hui, un nombre maximal de clients pourra entrer dans les magasins, en fonction de la superficie de plancher accessible aux consommateurs. Pour sa part, l’entrepreneure reste optimiste. «On a quand même un grand espace et les clients viennent au compte-gouttes. C’est rare qu’on ait plus de dix personnes dans le magasin», soutient-elle, en précisant que sa boutique a une capacité de six à sept clients.

Les nouveaux venus pourront suivre le sens des flèches indiqué sur le sol. Dans tous les cas, Vicky Descoteaux est reconnaissante que son commerce soit ouvert au grand public.

«Le temps des Fêtes est une période importante pour nous. Je me sens privilégiée de pouvoir continuer mes opérations. Si je dois appliquer de nouvelles mesures, je vais le faire. Ce n’est pas un grand stress de participer à l’effort social. C’est normal», soutient-elle.

Un engouement marqué

Le propriétaire de la Maison d’Herbes, Mike Lemay, a dû se réinventer pour assurer la survie de son commerce. Depuis deux mois, des plantes variées sont apparues sur les étagères de la boutique. Un engouement s’est développé à l’égard de ces nouveaux produits.

«Au début, j’avais des petites quantités parce que je n’avais jamais fait ça. J’ai vu qu’il y avait une demande. Au mois de novembre, j’ai vendu 180 plantes. J’ai vendu plus de plantes que de café», mentionne celui qui offre toujours des produits de soins corporels à base de chanvre.

Les plantes sont à l’honneur à la Maison d’Herbes. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Selon le propriétaire, l’achalandage a gonflé dans sa boutique. Le resserrement des mesures sanitaires n’est pas inquiétant pour autant parce que le nombre de clients se répartit au courant de la journée, précise Mike Lemay. «Parfois, il y a trois, quatre ou cinq clients, pas plus. On n’a jamais été débordés.» Le respect des règles imposées reste une priorité.

En somme, le temps des Fêtes apporte une vague d’espoir. «Les plantes m’aident à passer à travers la pandémie. C’est plaisant non seulement pour les revenus qui me permettent de payer mes frais, mais aussi pour les employés que j’engage. Souvent, c’est le pourboire qui aide à combler le reste de leur paie. Je suis vraiment très content pour eux qu’il y ait plus d’action.»

Vers la débrouillardise

À La grange des artisans, la propriétaire France Giard est rapidement passée à l’action. Pour éviter une forte affluence et les files d’attente, l’entrepreneure a décidé d’ouvrir la boutique en dehors des heures d’ouverture, et ce, à compter du 7 décembre. «Du lundi au jeudi, les clients ont la possibilité sur rendez-vous seulement de réserver un temps de magasinage privé. Les heures disponibles sont de 8h à 9h et de 9h à 10h. Les gens peuvent appeler pour réserver», explique-t-elle.

Chacun des blocs peut accueillir six clients. «De cette manière, on libère des places pendant la journée et on permet aux clients de magasiner le matin s’ils le désirent», indique-t-elle, en précisant que le magasin a une capacité de 14 acheteurs.

France Giard est la propriétaire de La grange des artisans. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Aussi, France Giard a prévu une alternative pour éviter que les consommateurs patientent à l’extérieur, si les conditions météorologiques se révèlent capricieuses. «S’il fait très froid dehors ou s’il y a des intempéries, je vais prendre le numéro de téléphone pour que les clients puissent attendre dans leur véhicule. Quand un client va sortir, je vais les appeler.»

Des craintes pour les petits commerçants

Pour la propriétaire de la Librairie Tourne La Page, Isabelle Aubin, ces nouvelles mesures apportent avec elles plusieurs craintes et questions. «Je trouve dommage que tous les commerces soient mis sur un pied d’égalité. Ce n’est pas ici que le monde se bat pour un même livre. Ce n’est pas ici que le danger est grand, contrairement, peut-être, aux plus grandes surfaces», s’est désolé Mme Aubin.

Étant la seule employée de son commerce, Isabelle Aubin s’inquiète d’être tenue responsable si les clients ne respectent pas les limites. «Il va falloir que je gère le nombre de personnes à l’intérieur du commerce et, en plus, il va falloir que je gère les gens qui font la file à l’extérieur pour savoir s’ils respectent le deux mètres, ce qui est mission impossible pour moi. Je comprends mal pourquoi ça serait au commerçant d’avoir l’amende si les gens ne respectent pas le deux mètres à l’extérieur», a-t-elle remarqué.

Isabelle Aubin, propriétaire de la Librairie Tourne La Page. (Photo: Ghyslain Bergeron)

C’est surtout la perte de clientèle qui ferait le plus mal à l’entrepreneure, qui s’attend à être impactée. «La majorité des gens prennent le temps de regarder ce qu’on a comme livres. Quand je vais avoir mes quatre personnes à l’intérieur, je ne pense pas que les clients vont attendre dehors au froid. Ils vont partir. Est-ce qu’ils vont revenir? Je ne le sais pas», s’est demandé Isabelle Aubin.

Les Promenades Drummondville restent confiantes

Aux Promenades Drummondville, les Gérances Westcliff ont finalisé jeudi l’application des nouvelles mesures. Depuis la réouverture cet été, un marquage au sol et des patrouilles plus fréquentes des employés sont en place pour favoriser la distanciation. «Il faut respecter une limite d’une personne par 20 mètres carrés d’espace accessible. À partir de ça, on s’aperçoit qu’on a une bonne marge de manœuvre. Seulement certaines journées risquent d’être critiques à l’approche de Noël», a commenté Marc Montpetit, directeur régional chez Westcliff.

Les commerces devront afficher la capacité d’accueil du local sur la devanture. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Dans les Promenades Drummondville, chaque commerçant est responsable du nombre de clients qui peuvent entrer dans leur local et de l’affichage de ce nombre. Marc Montpetit ne pense pas nécessairement que la limite de clients sera atteinte, puisque celle-ci est assez élevée dans le centre commercial.

Grâce à des mesures de contrôle électroniques aux portes, la direction de l’établissement est en mesure de connaître le nombre de personnes qui circulent dans le mail. «Idéalement, on ne va pas faire attendre nos clients à l’extérieur en plein hiver. Si on est capable de faire des files d’attente à l’intérieur tout en respectant la capacité, on va le faire», ajoute Marc Montpetit.

Rappelons que les commerçants sont tenus d’afficher clairement le nombre de clients permis à l’intérieur de leur magasin. En cas de non-respect des consignes, ceux-ci s’exposent à des amendes variant de 1 000$ à 6 000$. En ce sens, des inspecteurs de la CNESST et des policiers seront chargés de faire respecter ces règles.

Partager cet article