ENVIRONNEMENT. Si les lacs, les rivières et le majestueux fleuve Saint-Laurent captent votre regard et stimulent votre désir de protection de l’environnement, avez-vous déjà pris le temps d’observer les milieux humides, soit les marécages, étangs, tourbières ou marais, qui constituent, eux aussi, des trésors écologiques?
1. L’Étang Canards illimités, le secret bien gardé du secteur Saint-Joachim-de-Courval
Parmi tous les milieux humides que l’on retrouve sur le territoire, l’Étang Canards illimités, situé au parc régional de la Forêt Drummond, dans le secteur Saint-Joachim, étonne par beauté et son étendu. On peut le découvrir en empruntant un sentier, accessible à partir du stationnement des Érables argentés, sur le sinueux boulevard Foucault.
Cet étang a été aménagé par l’organisme Canards illimités Canada il y a plusieurs décennies, mais sa présence demeure naturelle. Il est formé d’un assemblage, soit d’une tourbière boisée, d’une tourbière minérotrophe (aussi appelé fen) et d’un étang d’une superficie totale de 21 hectares.
La biologiste Virginie Dumont, que L’Express Magazine a questionnée sur ce milieu, a expliqué qu’il a pris naissance après qu’un dispositif de contrôle de niveau d’eau ait été installé sous la piste cyclable – l’ancien rang 3 – pour qu’il agisse comme un barrage. L’eau y est donc retenue d’une façon permanente. La mosaïque de milieux humides est traversée par un cours d’eau qui se nomme décharge Grondin, branche Caron. Au fil des années, des infrastructures telles qu’un belvédère et une passerelle y ont été aménagées pour permettre aux gens d’admirer la beauté des lieux et la faune qui la fréquente. On y retrouve d’ailleurs une sauvagine abondante.
Quand on prend le temps d’observer l’Étang Canards illimités, on pourrait croire à première vue qu’il s’agit d’un lac, surtout après une bonne pluie. Pour bien comprendre la distinction, souvenez-vous qu’un étang n’aura jamais plus de deux mètres d’eau de profondeur.
2. Marais du Quartier, une éponge plus qu’essentielle
Le marais du Quartier est situé au nord de la rue du Marais ombragé à Drummondville, secteur Saint-Charles-de-Drummond. D’une superficie d’un hectare, il est alimenté par le ruisseau du Castor noir qui se jette dans la rivière Saint-François, non loin du pont Curé-Marchand. Une passerelle piétonnière traverse l’ouest du marais et se poursuit en sentier piétonnier le long du cours d’eau.
Ce milieu avait fait couler beaucoup d’encre lors du développement de ce secteur résidentiel, au début des années 2000.
«À une certaine époque, on enlevait tout et on créait des quartiers, mais là , on a pris soin de préserver une grande partie de ce milieu naturel. C’était nouveau comme façon de penser à l’époque. Aujourd’hui, il remplit sa fonction écologique, soit celle de retenir et filtrer l’eau. Il s’agit d’un beau modèle», exprime Virginie Dumont, qui travaille à la Ville de Drummondville.
3. La tourbière Saint-Joseph, une rareté urbaine
La tourbière Saint-Joseph mérite également qu’on s’y attarde étant donné qu’elle est de type «à dôme». Située à l’angle des autoroutes 20 et 55, côté opposé à la Ville de Drummondville (à partir de la rue Rhéa), elle est constituée d’un assemblage de divers types de milieux humides pour une superficie surprenante de 204 hectares, soit plus de 300 terrains de football.
Étonnamment, dans ce «complexe» de deux kilomètres carrés, on retrouve une tourbière ombrotrophe, une tourbière boisée et un marécage, soit un lieu fort intéressant à étudier pour les biologistes et tous ceux qui ont à cœur la conservation des milieux naturels.
Qu’est-ce qu’une tourbière? C’est un milieu où l’on retrouve une épaisseur de tourbe de plus de 30 centimètres d’épaisseur. À la tourbière Saint-Joseph, certains coins en cachent plus d’un mètre.
«En fait, il y a tellement de tourbe d’accumulée qu’au lieu de former un trou au centre de cette vaste étendue, les données topographiques indiquent la présence d’un dôme, d’une bosse, au centre. Il s’agit de la tourbière la plus intègre que nous avons dans la région», indique Virginie Dumont, qui est aussi chargée de cours au Cégep de Drummondville.
On y retrouve, en bonus, des plantes rares qu’on ne trouve nulle part ailleurs de même qu’une faune particulière.
«Pour inventorier ce genre de tourbière de façon sécuritaire, il faut le faire en raquette durant l’été pour éviter de caler profondément dans le sol. Personnellement, j’ai déjà expérimenté de caler d’un coup jusqu’aux hanches. C’est assez paniquant», tient à partager Mme Dumont.
D’autres milieux humides sont aussi très intéressants à découvrir. Soulignons le marécage du Sanctuaire (Saint-Majorique-de-Grantham), l’étang aux castors de La Plaine (Saint-Majorique-de-Grantham) ainsi que l’étang du Domaine Lemire (Saint-Lucien).
Espèce envahissante
Malheureusement, tous ces milieux sont menacés par le roseau commun (phragmite), une espèce exotique envahissante qui étouffe littéralement les milieux humides. C’est le cas notamment du marais du Quartier, qui devra faire l’objet à court terme d’une attention particulière visant à équilibrer sa végétation aquatique. L’étang Canards illimités est aussi aux prises avec cet envahisseur.
«Des interventions ont cependant été effectuées par Proformen en 2005. Elles ont permis de freiner la progression du roseau commun laissant toute la place à la beauté naturelle», précise Mme Dumont.
Les fonctions des milieux humides
– Filtre l’eau de pluie et améliore la qualité de l’eau en captant des éléments nutritifs en surcharge et des polluants.
– Régularise et retient l’eau en période de fortes pluies puis la «relâche» tranquillement (diminue les risques d’inondation).
– Contrôle l’érosion et améliore la stabilisation des rives.
– Réapprovisonne la nappe phréatique (crucial en milieu urbain, car les surfaces imperméables comme l’asphalte et les bâtiments bloquent l’infiltration de l’eau de pluie dans le sol).
– Séquestration du carbone.
– Bassin de diversité faunique et floristique incroyable.