Québec veut contrer les cas d’abus dans le sport

Québec veut contrer les cas d’abus dans le sport
Isabelle Charest. (Photo : capture d'écran)

SPORTS. La ministre déléguée à l’Éducation et ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, a dévoilé vendredi le bilan de ses actions de la dernière année en matière de sécurité dans le sport.

Cette annonce concrétise la mise en place, par l’ensemble des fédérations sportives québécoises, d’une politique de gestion des cas d’abus et de harcèlement, qui devra inclure un officier indépendant des plaintes. La ministre confirme également des mesures financières totalisant 1,4 million de dollars pour favoriser la pratique sécuritaire de sports et de loisirs.

«Ces mesures sont le fruit d’un an de travail qui a débuté en novembre 2019 avec mon énoncé ministériel. Toutes les fédérations y ont adhéré avec enthousiasme et se doteront d’une politique de gestion des cas d’abus et de harcèlement et d’un officier indépendant des plaintes d’ici février 2021. Cette réponse claire aux enjeux de la violence, des abus et du harcèlement en contexte sportif aura pour effet de placer l’ensemble des intervenants dans un environnement où ils pourront avoir confiance pour dénoncer», a affirmé Isabelle Charest en conférence de presse.

«Je suis également fière d’annoncer qu’une somme de 1,4 million de dollars sera consacrée au soutien de la sécurité, de l’intégrité ainsi que de l’équilibre physique et mental des sportifs et des amateurs de loisirs. En ce contexte de pandémie où tout doit être adapté, la sécurité doit demeurer au cœur de nos actions.»

Prévention des cas

Il y a près d’un an, la ministre a demandé formellement aux fédérations sportives de se doter d’une procédure efficace et impartiale de gestion des cas d’abus et de harcèlement. Elle est fière d’annoncer aujourd’hui que grâce au travail conjoint du gouvernement, des fédérations sportives et du Regroupement loisir et sport du Québec, une politique-cadre en matière de protection de l’intégrité de la personne sera mise en place dans l’ensemble des fédérations sportives. L’échéance pour le déploiement de cette politique est le mois de février 2021.

Cette nouvelle politique, qui comprend un officier indépendant pour le traitement des plaintes, permettra d’établir un climat de confiance pour que les victimes puissent dénoncer sans crainte de représailles. Dorénavant, le processus de dénonciation sera standardisé et équitable, et les plaintes seront analysées de manière objective et indépendante. Il s’agit d’une avancée majeure dans le monde du sport, puisque jusqu’à présent, le traitement des plaintes était géré de manière différente par chaque fédération, faute de ressources. Cette nouvelle politique et l’officier indépendant des plaintes qui l’accompagne partagent non seulement la responsabilité de la gestion des cas d’abus et de harcèlement dans l’ensemble de la communauté sportive, mais permettent aussi d’offrir le même service de qualité à l’ensemble des victimes d’abus et de harcèlement dans le milieu sportif à travers la province.

De plus, pour faire de la prévention et sensibiliser les personnes concernées, des outils d’information et de formation seront mis à la disposition des athlètes, des entraîneurs, des officiels, des administrateurs et des bénévoles impliqués dans le loisir et le sport.

Chaire de recherche

Une contribution additionnelle de 400 000 $ est aussi accordée pour soutenir la création de la Chaire de recherche en sécurité et intégrité en milieu sportif (SIMS) de l’Université Laval. Cette somme s’ajoute à l’enveloppe budgétaire accordée cette année en raison de la COVID-19, portant le financement total du Ministère à 800 000 $ pour les trois prochaines années. Les recherches qui découlent de la Chaire SIMS permettront, à l’échelle provinciale :

  • de soutenir l’évaluation du phénomène de la violence en contexte sportif à partir d’outils validés;
  • d’identifier les facteurs de risque menant à la violence sous toutes ses formes;
  • de soutenir la conception d’interventions efficaces et efficientes visant à prévenir le phénomène;
  • d’évaluer les mesures préventives élaborées pour mettre en place des pratiques exemplaires dans le milieu sportif.
Aide supplémentaire

Toujours dans le but d’apporter une aide précieuse aux sportifs, qui vivent parfois des moments difficiles en raison de la pandémie, un montant de 187 500 $ est accordé à l’organisme Sport’Aide. Cette somme servira, entre autres, à l’opérationnalisation de la ligne d’aide pour les jeunes sportifs victimes ou témoins d’abus et de violence. L’organisme offre également divers services d’accompagnement, d’écoute et d’orientation.

Une aide supplémentaire de 850 000 $ est prévue pour assurer la pratique saine et sécuritaire d’activités physiques, particulièrement en période de pandémie. Ces sommes serviront à soutenir la réalisation d’initiatives porteuses visant à modifier les structures, les environnements et les comportements ayant trait à la sécurité et à l’éthique dans le loisir et le sport. De plus, la mise en place d’activités de sensibilisation adaptées, d’outils de prévention et de trousses informatives actualisées contribuera à assurer à l’ensemble de la population une pratique saine et sécuritaire du sport en contexte de pandémie.

Ce qu’ils ont dit

Sylvie Parent, Ph. D., professeure titulaire, Université Laval : «Même si la violence en contexte sportif est une question qui préoccupe de plus en plus les décideurs et les organisations sportives, il existe encore peu de données probantes sur la prévalence du phénomène, sur les facteurs de risque qui y sont associés ou encore sur sa prévention. Je remercie donc le Ministère de cet appui financier à la chaire, dont les travaux fourniront un meilleur portrait de la situation de la violence dans le sport tout en soutenant le développement d’initiatives de prévention et le transfert des connaissances.»

Sylvain Croteau, DG de Sport’Aide : «Pour l’ensemble de la communauté sportive québécoise, cette annonce confirme de nouveau toute la volonté du gouvernement du Québec de prendre soin de nos jeunes sportifs et de leur assurer une expérience sportive positive. Les mesures mises en place depuis quelques années et celles à venir répondent à des besoins importants ainsi qu’à des enjeux sociétaux incontournables. Bref, il s’agit là d’une avancée significative qui atteste une fois de plus que le Québec est un leader en matière d’environnements sportifs sécuritaires.»

Sylvain B. Lalonde, PDG du Regroupement Loisir et Sport du Québec : «La protection de l’intégrité est une responsabilité partagée. Les fédérations sportives se mobilisent pour offrir un environnement sécuritaire, juste et dans lequel on peut avoir confiance, en mettant en place un mécanisme de gestion des plaintes. Elles saluent l’implication financière du gouvernement pour la mise en place d’outils et de ressources en appui à nos athlètes en matière de protection de l’intégrité.»

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