MAGAZINE. Ruben Arévalo s’est retrouvé devant un double défi à son arrivée au Québec en 2008 : reconstruire sa vie et rebâtir le département de pédiatrie du CSSS Drummond. Et ce, tout en jonglant entre le deuil de son pays natal et son intégration.
Originaire de Caracas au Venezuela, Ruben Arévalo, néphrologue pédiatrique reconnu et apprécié de ses pairs, a immigré au Québec pour fuir la dictature et la violence terroriste de son pays qu’il avait pourtant tatoué sur le cœur.
«Quand j’ai commencé à remarquer qu’il n’y avait pas de loi, que le gouvernement était corrompu, ç’a été le moment d’immigrer, car je suis un homme de loi», affirme-t-il.
Contre toute attente, cette chance s’est offerte sur un plateau d’argent.
«Un dimanche, en ouvrant le journal, j’ai trouvé une énorme publicité qui disait : «Est-ce que vous voulez immigrer au Canada?». C’était le service d’immigration du Canada», se rappelle-t-il encore ébahi.
À travers un processus de trois ans, le Vénézuélien a appliqué sur le programme Recrutement santé Québec lui permettant de décrocher un emploi à Drummondville… en pédiatrie.
«Mon CV a été envoyé un peu partout dans la province et Drummondville l’a retenu. Donc avant d’arriver, j’avais déjà un travail comme pédiatre à l’Hôpital Sainte-Croix et au CLSC!» indique-t-il avec un énorme sourire.
Mission pédiatrie
Le département de pédiatrie de l’hôpital était complètement désert depuis l’affaire Jocelyn Lussier.
«Il s’est écoulé deux ans entre le procès et mon arrivée. Ils étaient cinq pédiatres avant, mais ils ont tous quitté quand le verdict est tombé. Ç’a été un bouleversement très important, donc c’était pour moi tout un défi. Il a fallu rebâtir de zéro et rétablir une confiance avec la clientèle. Tout ça alors que Drummond s’approchait des 100 000 habitants. C’était épouvantable de ne pas avoir de pédiatre sur place», se rappelle-t-il, satisfait maintenant de la belle équipe qui l’entoure.
M. Arévalo trouve également agréable de pouvoir exercer sa profession au Centre famille-enfant (CFE) qui s’était fait promettre.
«Quand j’ai su que Drummondville était intéressée à m’avoir, en 2006, j’ai eu une téléconférence et le boss des médecins parlait déjà du CFE. On me l’avait promis!»
Deuil et sentiment d’appartenance
Si Ruben Arévalo a fait le choix de quitter sa patrie, il confie néanmoins qu’il a dû surmonter un deuil.
«C’est très difficile de quitter, car il y a toujours un petit cordon qui reste, parce que c’est ton vécu et qui tu es. J’étais connu, j’exerçais ma spécialité. Toute ma vie était faite. Là, il fallait que je reparte à zéro et réinvente ma vie. Ç’a été tout un deuil».
L’ordre, la justice et l’égalité, voilà ce qui a marqué de façon positive le Vénézuélien à son arrivée. En revanche, il se désole de voir le caractère individualiste de la société québécoise.
«C’est beaucoup difficile de se faire des amis, d’avoir un sourire de quelqu’un. Même dans le milieu de la santé, c’est difficile d’intégrer les équipes, il y a beaucoup de concurrence», se dit-il d’avis.
Le chemin parcouru jusqu’ici l’emplit de fierté, même s’il a été parsemé d’embûches et de remises en question.
«Il y a eu des pierres dans le chemin, des moments de faiblesse et de chagrin, mais comme mon objectif était clair de rester ici, je n’ai pas lâché», indique le citoyen canadien depuis 2013.
Somme toute, M. Arévalo ne retournerait pas en arrière et se sent Drummondvillois à part entière.
«Quand tu commences à sentir l’amour pour ton pays, ta ville, ton parcours commence à avoir un vrai sens. Ç’a pris quatre ans (…) Au départ, je me disais que je travaillerais cinq ans ici et que je me casserais ensuite, car je n’étais pas un mec fait pour habiter une petite ville. Je voulais aller à Montréal! Maintenant que j’ai vieilli, je me sens très heureux et Drummondvillois. Je vais rester ici tant et aussi longtemps que les Drummondvillois voudront de moi», expose en terminant le coloré pédiatre.