L’hôpital Sainte-Croix au bord de la rupture de services

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Par Cynthia Martel
L’hôpital Sainte-Croix au bord de la rupture de services
Dre Isabelle Godin, urgentologue, Marco Gallant, spécialiste en médecine interne à l’hôpital Sainte-Croix (à gauche), et Dr Jean-François Albert, chirurgien (à droite). (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. L’hôpital Sainte-Croix est au bord du bris de services, en raison du personnel grandement épuisé et en nombre insuffisant puis d’un manque de lits. Trois médecins veulent sensibiliser la population à la fragilité du réseau et l’interpellent du même souffle à l’importance de continuer à respecter les consignes sanitaires liées à la COVID-19.

Essentiellement, les médecins souhaitent la contribution des citoyens afin de protéger les travailleurs de la santé, d’éviter de surcharger l’hôpital pour ainsi être en mesure de maintenir l’ensemble des soins et services.

«Provincialement, nous sommes aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre significative et ça ne fait pas exception ici. Les gens sont là pour vous, mais ils sont parfois fatigués et en quantité insuffisante. On ne peut donc pas se permettre de perdre une autre quantité de gens qui seraient en arrêt de travail en raison de la COVID-19, ce pourquoi on vous demande de vous protéger» lance d’emblée Dre Isabelle Godin, urgentologue.

«Aussi, ce qui est particulier ici, c’est que nos installations sont vieillissantes pour ne pas dire, désuètes, pour une bonne partie. On a beaucoup de chambres à quatre et à deux lits, ce qu’on ne retrouve pas partout et on est obligé de les fermer. Naturellement, en période de pandémie, on ne peut pas hospitaliser dans ces conditions-là, car le risque d’éclosion est élevé. Alors on essaie de récupérer des chambres à quatre plus grandes pour admettre des patients que l’on sait «verts» ou négatifs, mais ce n’est pas optimal», renchérit Marco Gallant, spécialiste en médecine interne à l’hôpital Sainte-Croix.

Il ajoute : «Donc en plus de manquer de personnel on manque de lits. Nous sommes sur le bord d’avoir des ruptures de services. Actuellement, la disponibilité des locaux se gère bien, mais si les cas augmentent de façon importante, ça ne se gérera plus. Naturellement, on craint une transmission communautaire qui amènerait une augmentation des hospitalisations».

La situation est telle que la réouverture de l’unité COVID pourrait causer certains problèmes et venir aggraver la situation.

«L’ouverture pourrait poser un grand problème de locaux et de personnel qui va nécessairement avoir des impacts épouvantables sur toutes sortes d’activités, ce qui veut dire que ça nous amènerait à devoir faire plus de délestage et on ne veut pas se rendre là», soutient Dr Gallant.

Bien que le délestage soit variable d’un service à l’autre, les médecins estiment que le volume des activités se situe entre 70 % et 80 %. C’est le cas pour la clinique externe de cardiologie de même que pour l’endoscopie, la colonoscopie et la gastroscopie.

D’ailleurs, Dr Jean-François Albert, chirurgien, a tenu à rappeler que la COVID-19 n’a pas mis un terme aux milliers d’autres maladies qui nécessitent des traitements, et donc le temps et le personnel requis.

«Quand le virus prend plus d’ampleur et plus de place dans nos hôpitaux, on arrête de faire des choses qui sont considérées moins urgentes (…) Je prends par exemple quelqu’un qui a une hernie inguinale : au lieu d’attendre quelques mois pour recevoir son traitement, ça sera plutôt beaucoup de mois, voire des années. C’est ça qu’on veut éviter», indique-t-il.

«On comprend que ce n’est pas facile de s’isoler, suivre certaines mesures, mais si on veut continuer à avoir un bon système de santé et un bon service à la population, c’est important de le faire», poursuit-il.

Si le trio de médecins souhaite éviter une trop forte pression sur le réseau de la santé, il rappelle néanmoins aux citoyens que tout le personnel est disponible jour et nuit pour eux et les encourage à ne pas hésiter à consulter. Le message : utiliser les services de façon judicieuse.

«Il ne faut pas hésiter à consulter par peur de contracter le virus. Actuellement, le délai de présentation est important, c’est-à-dire que les gens arrivent à l’hôpital avec des maladies dépassées, qui deviennent plus difficiles à traiter. Par contre, ils se retrouvent à être hospitalisés des journées, donc l’exposition à la COVID devient plus importante», fait valoir Dr Jalbert.

«Si votre état ne nécessite pas de se rendre à l’urgence, n’hésitez pas quand même à consulter et utiliser une plateforme autre, par exemple votre médecin de famille, votre pharmacien ou une clinique sans-rendez-vous. Mais pour les problèmes urgents et importants, venez nous voir, on est là pour vous, jour et nuit», insiste sa collègue urgentologue.

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