Trois conseillers s’opposent au budget d’investissement 2021

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Par Marilyne Demers
Trois conseillers s’opposent au budget d’investissement 2021
John Husk, conseiller municipal du district 5. (Photo : Ghyslain Bergeron)

POLITIQUE. Trois conseillers municipaux de Drummondville ont exprimé leur désaccord face au budget d’investissement 2021. John Husk, William Morales et Alain D’Auteuil ont voté contre.

Après la présentation d’une vingtaine de minutes du Programme triennal d’immobilisations (PTI) 2021-2022-2023 par le maire Alain Carrier à la séance du conseil municipal, le conseiller du district 5 a été le premier à prendre la parole.

«Il ne faut pas oublier que nous vivons une crise sanitaire sans précédent qui pourrait avoir un grand impact sur les finances publiques à tous les niveaux. Depuis 2015, la Ville a un cadre financier, une sorte de GPS, dont le but est de mettre des balises pour contrôler l’endettement et arriver à en payer davantage comptant. À l’origine, en suivant ce GPS, l’investissement total recommandé par l’équipe administrative en 2021 était de 33 M$. La majorité du conseil a plutôt décidé qu’il y aurait l’an prochain un investissement total de 38 M$, dont un surplus uniquement pour du pavage», mentionne John Husk.

Ce dernier est d’avis que les investissements prévus de 7 M$ en 2020, et qui devaient atteindre 15 M$ en 2029, étaient suffisants. De plus, il estime qu’il existe plusieurs besoins en termes d’infrastructure autre que le pavage des rues. «Qu’on pense à la réduction du refoulement d’égout, aux travaux d’aqueduc, aux remplacements de ponceaux, etc.», énumère-t-il.

Jugeant qu’il s’agit de dépenses non essentielles en contexte de pandémie, John Husk a voté contre un budget d’investissement pour la première fois en 12 ans. «Au moment où on vit toujours une crise sanitaire imprévisible et sans précédent et où tous les niveaux de gouvernement font face à la possibilité très réelle d’une crise des finances publiques par la suite, je crois qu’il faut s’en tenir aux limites préétablies et contrôler l’endettement», mentionne-t-il.

Le conseiller du district 6, William Morales, est du même avis. «Il n’y a aucune situation extraordinaire pour engager des dépenses additionnelles non planifiées, ou du moins non planifiées depuis le cadre financier qui nous a été présenté depuis des années et qui vise une augmentation progressive de certains investissements comme c’est le cas pour l’asphalte», soutient-il.

Alain D’Auteuil a été le troisième membre du conseil municipal à s’exprimer contre le budget d’investissement 2021. «Je m’oppose fortement à cette décision de détourner à d’autres fins les montants donnés pour soutenir la population, même si lesdites fins sont légitimes. Je pense qu’en temps de crise, pas juste la crise du coronavirus, la crise économique qui va s’en suivre et la crise environnementale qui, à mon avis, est supérieure et de beaucoup, je propose plutôt de les utiliser en soutien alimentaire aux plus démunis, en soutien aux organismes communautaires qui sont les dernières mailles du filet social», propose le conseiller du district 4.

Votant pour, le conseiller et maire suppléant Yves Grondin s’est senti «dans l’obligation» de prendre la parole. «Je vais voter pour ce PTI, qui aura des conséquences budgétaires aussi. Il adresse une situation que les citoyens n’ont pas arrêté de nous parler depuis quelques années, qui est entre autres l’état des rues», indique-t-il.

«Est-ce que ce sera une différence qui sera que cosmétique? Le temps le dira et la population aura le temps aussi, parce que disons-le, l’éléphant dans la pièce, c’est l’élection l’année prochaine. Alors les gens pourront l’année prochaine donner leur accord ou non à ce que le conseil s’apprête à faire aujourd’hui», ajoute Yves Grondin.

Tension
Le maire de Drummondville, Alain Carrier, a réagi aux propos des conseillers John Husk, William Morales et Alain D’Auteuil. «Quand on montre des signes de panique, j’aurais aimé ça qu’on en parle avant un peu, mais de toute façon, un plan triennal, c’est un plan d’orientation», a-t-il dit d’emblée.

«On en a réfléchi. La subvention qui nous est allouée de 4,9 M$ [du gouvernement], je l’ai dit à toutes et à tous au moins 10 fois. Quand notre plan triennal d’immobilisations était terminé, on a appris qu’on avait une subvention qui nous était accordée. On ne le savait pas. Je tiens à vous dire qu’on a encore cette réserve-là qui est là», a-t-il précisé, ajoutant que le détail financier sera connu lors de la présentation du budget de fonctionnement à la mi-décembre.

Durant son intervention, le maire Carrier s’est adressé spécifiquement à John Husk. «Je sais qu’on ne pourra jamais s’entendre», a-t-il dit, ce qui n’a pas manqué de faire réagir le conseiller, qui a hoché la tête de gauche à droite.

«On a mis cette année dans les parcs 125 000 $ de plus. On met près de 2 M$ en pistes cyclables. Malgré tout ça, ce n’est peut-être pas suffisant. Vous savez, jamais, tant que je serai là, que je ne vais faire un budget triennal en disant que je vais mettre 33 M$ de pistes cyclables ou que je vais planter pour 33 millions d’arbres. Ça n’arrivera jamais, mentionne-t-il. Je pense que le travail qui a été exécuté, c’est très bien réfléchi.»

Rappelons que la Ville de Drummondville a adopté un budget d’investissement 2021 de l’ordre de 83, 8 M$, dont 38,4 M$ sera à la charge des contribuables. Une somme de 5 M$ a été allongée pour la réfection des rues, pour un total de 21,4 M$ investis dans les infrastructures routières.

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