Le retour du plastique

Michael Deetjens
Le retour du plastique
Dès le début de la pandémie, plusieurs détaillants ont interdit l’usage de sacs réutilisables afin de limiter les possibilités de transmission de la COVID-19. (Photo : Deposit)

MAGAZINE. Mesures sanitaires obligent, plusieurs commerces de la province ont dû mettre sur pause leur transition écologique. Le plastique à usage unique, qui se faisait pourtant de plus en plus rare sur les comptoirs des détaillants, est revenu en force. Toujours possible, ce virage vert?

Du jour au lendemain, la demande en sacs de plastique, en légère baisse depuis son interdiction dans plusieurs commerces, a littéralement explosé. En effet, dès le début de la pandémie, plusieurs détaillants ont interdit l’usage des sacs et contenants réutilisables afin de limiter les possibilités de transmission de la COVID-19.

Simon Chrétien, président d’Alliance polymère du Québec confirme que «les usines de production de plastique fonctionnent à plein régime». Emballages EB, basée à East Broughton, produit habituellement moins de 450 tonnes de sacs de plastique par année. Dans les six derniers mois, l’entreprise en a produit plus de 1800 tonnes, s’étonne son PDG, Frédéric Lessard.

À Drummondville, Geneviève Bisson, gérante et copropriétaire du Café Van Houtte, constate la quantité astronomique de gobelets et de vaisselle jetables utilisés dans les derniers mois. «Depuis le début de la pandémie, je passe trois fois plus de gobelets de café. Les gens utilisent beaucoup plus la vaisselle jetable», déplore-t-elle.

L’interdiction des sacs et contenants réutilisables n’est bien sûr pas permanente. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a d’ailleurs déjà assoupli les règles. «Vous pouvez apporter vos sacs réutilisables chez les détaillants, mais vous devrez emballer vos achats. De la même façon, les contenants qui sont apportés par les consommateurs ne devraient être manipulés que par eux seuls», affirme le ministère sur son site internet.

Encore tôt pour affirmer si nous nous dirigeons vers un retour à la normale. Frédéric Lessard a tout de même observé récemment une légère baisse des commandes de sacs de plastique. Il précise toutefois que la demande est encore très forte. Conscient que le plastique n’a pas la cote, il tient à préciser que les sacs qui étaient auparavant importés de Chine sont maintenant produits au Québec. Un gain écologique selon lui.

Sacs et propagation du virus : qu’en dit la science?

Pour Christian L. Jacob, président de l’Association des microbiologistes du Québec, il était normal d’appliquer certaines mesures sanitaires par précaution. «On connaissait très peu de choses sur le virus et d’ailleurs on en sait encore très peu». Selon l’Institut national de la santé publique du Québec, on sait aujourd’hui que «la principale voie de transmission du virus se fait par le biais de gouttelettes de personnes à personnes rapprochées pendant plusieurs minutes. Le risque via le contact avec un objet, tels les sacs réutilisables, est jugé plus faible et le lavage des mains casse la chaîne de transmission», précise l’INSPQ.

M. Jacob insiste sur le fait que le respect du lavage des mains, de la distanciation physique et du port du masque sont les éléments les plus importants pour se protéger du virus.

Les commerçants drummondvillois innovent

Des commerçants de la région ont choisi de poursuivre leur virage vert tout en respectant les règles sanitaires. C’est le cas de Simon Bonin, co-propriétaire du Ô Bouddha Vert et de l’épicerie biologique Au Bonheur d’Endorphine. «J’offre à mes clients des sacs de papier», explique-t-il. Ce dernier invite d’ailleurs tous les commerçants à opter pour des matériaux recyclables et biodégradables. «Il n’y a pas de défaite, il existe même des plastiques faits à partir de base végétale et qui sont biodégradables», affirme-t-il, confiant que malgré la situation, il est tout de même possible de limiter notre empreinte écologique.

Qui est Michael Deetjens?

Drummondvillois d’origine, Michael Deetjens est un spécialiste en environnement. Il est titulaire d’une maîtrise en biologie, cheminement écologie internationale, de l’Université de Sherbrooke. Il détient également un baccalauréat en géographie de l’Université Laval et a complété un diplôme d’études supérieures spécialisées en journalisme à l’Université de Montréal. Il collabore régulièrement avec L’Express Magazine.

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