Un site d’enfouissement pour toujours? À moins que… (Tribune libre)

Un site d’enfouissement pour toujours? À moins que… (Tribune libre)
(Photo : Illustration, L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Il y a quelques années, j’ai présidé la Commission consultative sur l’élimination des déchets ultimes, laquelle avait été mandatée par le conseil municipal de Drummondville, afin d’établir une vision et une planification claires relativement à la gestion des déchets. L’analyse du dossier actuel sur l’agrandissement du site de St-Nicéphore nous rappelle, dès le départ, le manque de vision du gouvernement du Québec au cours des dernières décennies quant à l’élimination des déchets ultimes.

Depuis toujours, il est accepté que les grandes villes aillent «dumper» leurs déchets ultimes dans les régions. La décision des derniers jours du gouvernement Legault n’est pas surprenante.

Il faut bien dire qu’actuellement il y a 7 régions au Québec qui reçoivent les déchets ultimes des 17 régions. La Mauricie, le Centre-du-Québec et Lanaudière possèdent même deux sites d’enfouissement dans leur région respective. Voyons où se situent les sites d’enfouissement au Québec :

* Bury (Estrie)

* Champlain (Mauricie)

* Drummondville (Centre-du-Québec)

* Saint-Étienne-des -Grès (Mauricie)

* St-Lambert-de-Lauzon (Chaudière-Appalaches)

* St-Rosaire (Centre-du-Québec)

* St-Thomas ( Lanaudière)

* Ste-Cécile-de-Milton (Montérégie)

* Sainte-Sophie ( Laurentides)

* Terrebonne (Lanaudière)

En termes de responsabilisation des sites d’enfouissement, le gouvernement du Québec délivre les autorisations et peut obliger une municipalité à recevoir les déchets d’une autre municipalité. La MRC doit avoir un Plan de gestion des matières résiduelles et elle a un droit de regard qui permet de limiter ou d’interdire l’enfouissement sur son territoire.

En 2016, la MRC de Drummond a limité ce volume à 370 000 tonnes métriques. La Ville peut être appelée à délivrer un permis ou un certificat pour un projet d’agrandissement d’un site.

Depuis des années , les grandes villes ont toujours influencé les gouvernements pour être en mesure d’exporter leurs déchets dans les régions. Ces grandes villes laissent croire qu’un jour, une solution miracle se présentera avec une usine qui pourra transformer leurs déchets ultimes en une matière noble et, en attendant, elles continuent à exporter dans les régions.

Malheureusement, les solutions miracles n’existent pas et nous pouvons parier que la solution de l’enfouissement sera toujours présente dans 10 ou 20 ans. Il y aura toujours des vendeurs de rêves.

C’est pourquoi nous avions fait des recommandations réelles au gouvernement du Québec en 2016, entre autres :

Vision à préconiser : Le gouvernement du Québec devrait obliger les régions administratives à développer leur autonomie pour l’élimination des déchets ultimes d’ici 2025, en se dotant d’un site d’enfouissement dans chaque région;

Prise de position immédiate : A. Que le gouvernement du Québec oblige toutes les municipalités du Québec, qui ne possèdent pas de site d’enfouissement régionalement, à prendre une entente avec une municipalité où l’on retrouve cette ressource. Entre autres, par cette entente d’une durée maximale de 5 ans, la municipalité réceptrice devra recevoir une compensation égale à la somme payée au site enfouissement par la municipalité expéditrice. Seule une contribution financière majeure incitera les grandes municipalités à agir concrètement et rapidement pour mieux gérer leurs déchets.

(exemple : Si la Ville de Montréal paie 100$/Tm à WM pour enfouir ses déchets ultimes, elle devra compenser la Ville de Drummondville d’une somme égale de 100$/Tm jusqu’à l’autonomie de sa région.)

B. Que le gouvernement du Québec mette en place des bureaux régionaux de gestion des matières résiduelles dont le mandat porterait sur le développement d’une approche régionale de gestion intégrée des matières résiduelles.

Sans une vision claire et une prise de position rapide, nous serons devant le même cul-de-sac en 2030 où le gouvernement du Québec acceptera, une autre fois, un agrandissement du site d’enfouissement, malgré le désespoir de la population. Drummondville s’est doté des moyens de ses ambitions dans le cadre des matières résiduelles, entre autres en choisissant le site de St-Rosaire dont la durée de vie est de plus de 50 ans et où les dangers écologiques sont quasi inexistants.

Le gouvernement du Québec et les députés de notre région devraient mieux regarder ce qui se fait à Drummondville, par ses efforts de gestion des matières résiduelles, pour mieux influencer leurs collègues qui prennent des décisions faciles pour eux et les grandes villes. Dans dix ans maximum, chaque région devrait posséder son site d’enfouissement et on ne devrait plus trouver deux sites d’enfouissement dans certaines régions.

Pierre Levasseur Msc Démographe (Drummondville)

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