Jean Lemire toujours en avant pour défendre la biodiversité

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Par Jean-Pierre Boisvert
Jean Lemire toujours en avant pour défendre la biodiversité
Jean Lemire est à la fois navigateur, chercheur, écologiste, cinéaste et auteur. (Photo : Gracieuseté)

MAGAZINE. Ce n’est pas parce que Jean Lemire n’est pas à bord de son voilier Sedna IV à sillonner les océans de la planète afin de sensibiliser les populations aux grands enjeux environnementaux, comme il l’a fait au début des années 2000, qu’il ne milite pas pour la cause qu’il a tant à cœur : la protection de la biodiversité.

Le Drummondvillois de 58 ans, fort d’un intérêt marqué pour la biologie et l’océanographie, participe activement à l’élaboration d’un plan mondial pour le respect des habitats des animaux, tant sur terre que dans la mer, qui devrait être adopté au printemps prochain à Kunming, en Chine.

C’est à titre d’émissaire aux changements climatiques et aux enjeux nordiques et arctiques, nommé par le gouvernement du Québec, qu’il a pris part ces dernières années à différents forums servant de rencontres de négociation avec l’objectif d’assurer la protection de la biodiversité sur une superficie équivalente à 30 % de la planète.

«Mon rôle est d’être le porte-parole du Québec parmi de nombreux autres états fédérés, comme la Californie notamment, qui souhaitent mettre au point une convention internationale destinée à protéger les habitats des animaux et des plantes. C’est une négociation qui n’est pas facile avec la présence de pays tel que l’Arabie saoudite, dont les intérêts sont différents des nôtres, mais elle est importante, car elle tracera le cadre pour au moins 10 ans. Nous avons eu une première réunion à Nairobi, au Kenya, et une deuxième à Rome pour discuter des modalités de ce plan mondial», a-t-il confié avec enthousiasme à L’Express Magasine.

Les zoonoses

Fier membre de l’Ordre de Drummondville, Jean Lemire ne tarde pas à rappeler que la science sert depuis longtemps de sérieux avertissements quant à l’importance de ne pas laisser se dégrader, à des fins commerciales, la relation naturelle entre l’humain et les animaux.

Jean Lemire lors d’une de ses missions. (Photo gracieuseté)

«Il faut savoir que 75 % des maladies infectieuses viennent des animaux, ce qu’on appelle les zoonoses, qui sont des maladies se transmettant entre l’animal et l’humain. Il y a de plus en plus de contacts avec les animaux sauvages, entre autres parce que la déforestation les pousse vers les milieux urbains. Ça nous a pris une pandémie et une chute de l’économie mondiale pour acquérir une plus grande conscientisation de la biodiversité. La population est de plus en plus écoutée et on fait une plus grande place à l’environnement», fait-il observer, en voulant pour preuve l’initiative «One Health», un mouvement qui promeut une approche intégrée, systémique et unifiée de la santé publique, animale et environnementale. Elle vise notamment à mieux affronter les maladies émergentes à risque pandémique.

Celui qui fut chef des expéditions Mission Arctique, Mission Baleines, Mission Antarctique et la mission 1000 jours pour la planète, toutes réalisées à bord du voilier Sedna IV, caresse un grand projet pour son légendaire bateau désormais amarré au port de Montréal : en faire un outil de recherche et d’éducation.

«Je veux encourager les jeunes qui sont intéressés par la recherche scientifique, tant sur le fleuve Saint-Laurent que dans l’Arctique. Entrer en contact avec les autochtones m’apparaît comme une belle occasion de jeter un regard différent sur notre monde. Le bateau est bien adapté pour ça et j’aimerais laisser ce legs aux générations à venir. De toute manière, faire des missions comme avant autour du monde, c’est devenu très difficile à financer. Ce sera ma façon à moi de redonner localement».

Navigateur, chercheur, écologiste, cinéaste et auteur, Jean Lemire n’a pas eu de misère à vivre le confinement. «J’ai passé 430 jours sur mon bateau (en 2005 et 2006), j’étais bien préparé à composer avec ça», dit-il en tirant un sourire. «La pandémie nous a amenés à faire une réflexion fondamentale sur nos comportements. On a réalisé qu’on dépendait un peu trop des importations et des exportations. On a vu que ça allait trop vite. Évidemment, on ne veut pas que ça revienne. Il faut donc prendre les moyens pour y arriver. Une notion qui sera cruciale dorénavant c’est l’autonomie alimentaire. Et l’environnement est lié directement à cette question. En fait, l’environnement est au cœur de la santé publique. Nos grands-parents, il n’y a pas si longtemps, vivaient comme ça, cultivant sans engrais chimiques», de faire valoir le cultivateur d’ail sur sa ferme dans l’Estrie.

Toujours conscient du monde qui l’entoure et des besoins qui s’y rattachent, Jean Lemire a mis la main à la pâte durant la pandémie. Il est allé servir durant deux mois au CHSLD de LaSalle, à titre de préposé aux bénéficiaires.

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