Stéphanie Bédard, vivre en toute authenticité

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Par Emmanuelle LeBlond
Stéphanie Bédard, vivre en toute authenticité
Stéphanie Bédard est native de Drummondville. (Photo : Olivier Samson Arcand OSA Images)

MAGAZINE. Belle sans artifice, c’est la bannière qui représente maintenant Stéphanie Bédard. Celle qui s’identifiait autrefois comme une chanteuse a plutôt décidé d’embrasser l’entrepreneuriat en regroupant ses plus grandes passions : la musique, la fabrication de savons et la location de chalets.

La musique a toujours fait vibrer Stéphanie Bédard, et ce, depuis sa tendre enfance. «En secondaire 4, je savais que j’avais envie de faire ça de ma vie. C’est là que j’ai réalisé que ça se pouvait. Je chantais dans mon salon avec Céline Dion depuis que j’étais toute petite. Je m’imaginais dans une grosse carrière dans des gros stades avec des milliers de personnes», raconte-t-elle.

Que ce soit avec Star Académie, Belle et Bum, The Voice-France, Robin des Bois, Notre Dame de Paris, Stéphanie Bédard a sauté sur les opportunités en accumulant les réalisations. «J’ai souvent eu dans ma vie des personnes clés qui sont arrivées et qui ont ouvert une porte. J’entends des propositions et je suis souvent portée à dire ‘’oui’’», soutient-elle.

Les comédies musicales Robin des Bois et Notre Dame de Paris étaient des grosses productions françaises qui rassemblaient un public de 7000 personnes par soir. Stéphanie Bédard vivait son rêve de jeunesse.

La Drummondvilloise a longtemps surfé sur cette vague. Jusqu’au jour où elle a fait face à un mur.

Changement de cap

Il y quelques années, Stéphanie Bédard a été plongée dans une importante remise en question. «Dans le métier que tu fais, en musique, ce sont des périodes. Parfois tu reçois beaucoup d’appels et parfois on ne t’appelle pas. Ça ne veut pas dire que tu n’es pas bonne. C’est juste qu’il n’y a pas de gens qui pensent à toi pour t’appeler. J’étais tannée de subir ça. Je suis capable de faire avec l’instabilité financière. C’est juste que je trouve ça un peu plate dépendre des autres.»

Plusieurs réflexions ont traversé l’esprit de la Drummondvilloise. «À cette époque-là, je me demandais si je savais faire autre chose. Je me définissais par mon métier depuis que j’avais 17 ans. J’avais mis beaucoup d’effort à travailler sans relâche. Est-ce que je voulais encore faire ça? Est-ce que je voudrais me valoriser ailleurs? Je me suis rendu compte que je pouvais faire plein d’autres affaires. Je voulais exploiter ça», exprime-t-elle.

La route des lacs est un nouveau concept, imaginé par Stéphanie Bédard. (Photo: Olivier Samson Arcand OSA Images)

À partir de ce moment précis, l’artiste a décidé d’être maître de sa propre carrière. Stéphanie Bédard a retiré son chapeau de chanteuse afin de coiffer celui d’entrepreneure. «Jusqu’à 30 ans, on se fout de nos valeurs. On vit des expériences et c’est cool. J’approche de la quarantaine et j’ai envie de poser des gestes cohérents avec mes valeurs. J’ai envie d’identifier mes valeurs et de les mettre de l’avant», ajoute-t-elle.

L’authenticité, la connexion et la nature, voici ce qui a inspiré la bannière Belle sans artifice. «À brûle-pourpoint, quand on associe la musique, les savons et le chalet, il n’y a personne qui va faire le lien, mais c’est moi le lien. La musique, je ne veux plus faire de grosses salles et avoir les projecteurs sur moi. J’aime beaucoup mieux partager avec les gens. Les savons, je fais attention à ce que je consomme autant par la peau que par la nourriture. Et finalement, j’adore la nature», explique-t-elle, d’une voix posée.

Beauté au naturel

L’automne dernier, la Drummondvilloise a pris une décision qui allait influencer le cours de sa vie. Lors d’un tournage télévisé, elle a fait le choix de ne plus jamais porter de maquillage. «Ça faisait déjà des années que je ne me maquillais pas, sauf pour les spectacles et les plateaux de tournage. Pour moi, c’était une tâche avant le show de me priver d’un temps de souper avec les boys pour aller me maquiller. Je perdais des souvenirs précieux. Ça m’a tout le temps marqué.»

À son passage à Y’a du monde a messe – une émission diffusée à Télé-Québec – Stéphanie Bédard a mis de côté les pinceaux et le fard à paupières. «J’avais de belles discussions back stage avec les invités et quand c’était à mon tour de me faire maquiller, ça ne me tentait pas. J’ai dit à la maquilleuse que je passais mon tour.»

Cette résolution a rapidement suscité de la curiosité de la part de ses pairs. «Les gens me disent que je suis audacieuse. La société devrait accepter les femmes comme elles le sont. On est habitué de les voir maquillées, c’est sûr que tout ce qui est en dessous de ce standard-là, on a l’impression que ce n’est pas beau. Il n’y a rien que je trouve de plus beau qu’une photo en noir et blanc d’une personne âgée avec ses rides. La beauté est là.»

Stéphanie Bédard soutient que le regard porté à la vieillesse devrait être positif. «Je suis fière de ma ride de front. Elle a un nom cette ride, témoigne-t-elle, en rigolant. Si elle est là, c’est parce que j’ai eu des expressions dans ma vie. C’est parce que j’ai ri, j’ai été fâchée et j’ai pleuré. Elle a son histoire.»

Route des lacs

Pendant la pandémie, Stéphanie Bédard ne pouvait pas rester les bras croisés à ne rien faire. Elle voulait trouver une solution originale pour continuer à faire de la musique, malgré le contexte de distanciation physique. L’artiste a finalement eu l’éclair de génie tant convoité. Pourquoi ne pas donner des spectacles sur des quais flottants? Kayak, pédalo, canot, quai-ponton : tout le monde est invité à se mêler à la fête.

La route des lacs est un nouveau concept, imaginé par Stéphanie Bédard.

«Je me suis dit que j’allais aller retrouver les petits bouts de paradis des autres», affirme-t-elle, les étoiles dans les yeux.

Ce nouveau concept respecte les exigences de santé publique. «Sur les lacs, c’est la réglementation de navigation de plaisance. Il n’y a pas de limite avec le nombre de personnes qui peut être là, sauf que les embarcations doivent respecter les deux mètres et sur une embarcation, il ne peut pas avoir plus que dix personnes de trois foyers différents», explique-t-elle.

L’artiste s’est promenée tout l’été à travers le Québec pour présenter sa formule Jukebox, où les spectateurs peuvent se prononcer sur le choix des chansons.

Avec du recul, Stéphanie Bédard se dit heureuse du chemin qu’elle a parcouru. «Je n’ai pas nécessairement la carrière à laquelle j’aspirais. Ce n’est vraiment pas la vision que j’avais du métier, mais je préfère de loin la vision que je vis maintenant» conclut-elle, sereine.

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