Sainte-Croix : la pression et le ton montent à l’urgence

Sainte-Croix : la pression et le ton montent à l’urgence
Des infirmières de l’urgence de l’hôpital Sainte-Croix se disent sous pression, débordées et épuisées. (Photo : Depositphotos)

URGENCE. La pression et le ton montent de plus en plus au sein du personnel soignant de l’urgence de l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville.

À l’aube d’une deuxième vague de patients atteints du coronavirus, le manque de personnel se fait cruellement sentir à l’urgence, un département critique s’il en est un. Requérant l’anonymat afin d’éviter des sanctions disciplinaires, des infirmières de l’urgence ont choisi de dénoncer la situation.

Devant composer avec des charges de travail et des horaires trop chargés, notamment en raison du fameux temps supplémentaire obligatoire (TSO), ces infirmières se disent sous pression, débordées et épuisées. Elles pressent la direction du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) d’agir pour améliorer la situation et ainsi éviter des interruptions de services.

«Plus ça va, plus il y a de TSO. C’est de pire en pire. On ne réussit plus à avoir notre équipe de base. On n’en vient pas à bout», a lancé une de nos sources, dans un vibrant témoignage livré à l’issue de son troisième quart de travail de 16 heures en l’espace d’une semaine.

L’urgence de l’hôpital Sainte-Croix. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

«Le personnel n’en peut plus, a-t-elle poursuivi. Le monde est à bout de nerfs. Le monde pleure. C’est juste trop lourd. Le « Ça va bien aller » et la petite tape dans le dos, ça ne marche plus du tout. On essaie de tenir le fort, mais on ne tiendra pas le coup longtemps. Je ne veux pas y laisser ma peau.»

La semaine dernière, le ton serait d’ailleurs monté lors d’une rencontre entre le personnel de l’urgence et l’une des têtes dirigeantes du CIUSSS MCQ. «À part prendre des notes, aucune solution n’a été proposée. Et mettre en place des solutions, on sait bien que ce n’est jamais immédiat», a souligné une infirmière.

«Ça semble difficile de comprendre notre réalité sur le plancher. Ce dont on a besoin, c’est de l’aide à court terme», a renchéri une autre employée, en précisant que les infirmières demandent également que l’urgence n’accepte plus les patients jugés non prioritaires.

Selon une infirmière, la situation pourrait même s’avérer dangereuse pour les patients. En guise d’exemple, elle soutient que le manque de personnel contraint des employés à intervenir en zone jaune, réservée aux patients présentant des symptômes d’allure grippale, avant de revenir en zone verte. «On n’a pas le choix. C’est sans compter que la fatigue, la frustration et la surcharge de travail, ça peut aussi mener à des erreurs», a-t-elle fait observer.

Démissions

Irritées et à bout de forces, des infirmières de l’urgence auraient quitté leur emploi au cours des dernières semaines. Celles qui restent envisagent maintenant des «démissions en bloc» pour lancer un message clair à la direction de l’hôpital.

«Présentement, c’est congé de maladie par-dessus congé de maladie et démission par-dessus démission. Chaque perle perdue, on s’engouffre encore plus. Si ça continue, on va tous tomber au combat. C’est une question de temps avant que ça explose», a exprimé l’une d’elles, en soulignant le précieux apport des préposés aux bénéficiaires et des aides de service, qui sont également malmenés par des horaires surchargés.

«Heureusement, les cadres ne nous laissent pas tomber. Notre chef de service et les coordonnateurs viennent même nous aider sur le terrain. Les médecins nous appuient aussi. Ils tentent de trouver des solutions.»

S’exprimant de plus en plus sur les médias sociaux, les infirmières dénoncent la loi du silence qui leur est imposée. «La dernière fois qu’on a fait un sit-in, on a été sanctionnées. On nous demande de garder un secret de polichinelle. C’est un non-sens.»

Au bout du compte, c’est la qualité de vie du personnel soignant qui en paie le prix. «Quand on finit de travailler, on n’a plus d’énergie ni de patience. Nos familles en souffrent. Quand maman est à bout de nerfs, c’est toute la maisonnée qui s’en ressent.»

Pour leur venir en aide, les infirmières consultées par le journal implorent l’embauche de personnel supplémentaire. «Nos cris d’alarme ne datent pas d’hier. La ville de Drummondville a grossi, mais pendant ce temps, il n’y a pas eu d’embauches d’effectifs supplémentaires à l’urgence. Le recrutement a été inadéquat. Aujourd’hui, on en paie le prix. On vit avec les répercussions de cette mauvaise gestion du personnel.»

«Aujourd’hui, on réclame des soldats. Mais pour recruter des gens capables de faire ce travail, il faudra sortir des primes. Sinon, personne ne va venir se jeter dans la gueule du loup. Le feu est pris. Il faut l’éteindre», ont conclu les infirmières sondées par L’Express.

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