Ondrej Palat : celui qui joue sans peur

Ondrej Palat : celui qui joue sans peur
Ondrej Palat joue du hockey inspiré depuis le début des séries éliminatoires. (Photo : Lightning de Tampa Bay)

HOCKEY. Ondrej Palat est en mission. Pour la deuxième fois de sa carrière, l’ex-attaquant des Voltigeurs participe à la finale de la coupe Stanley dans l’uniforme du Lightning.

À mesure que les séries avancent, le Tchèque de 29 ans multiplie les performances inspirées au sein du premier trio du Lightning. André Ruel, l’homme derrière l’arrivée de Palat à Drummondville en 2009, se réjouit de voir son ami vivre des moments aussi exaltants dans la bulle de la Ligue nationale de hockey (LNH) à Edmonton.

André Ruel (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

Selon Ruel, c’est avant tout l’insatiable désir d’apprendre de Palat qui fait de lui le joueur qu’il est devenu aujourd’hui. «Ondrej n’est jamais satisfait de lui-même. Que ce soit à l’entraînement ou sur la glace, il veut toujours en faire plus. C’est un gars qui pose beaucoup de questions et qui fait beaucoup de vidéo. Il continue de progresser parce qu’il a toujours le désir de s’améliorer. Même s’il est aujourd’hui bien établi dans la LNH, il veut encore devenir meilleur. C’est ce qui fait toute la différence.»,

À la gauche de Brayden Point et Nikita Kucherov, Palat complète un trio particulièrement difficile à contenir pour l’adversaire. «Ce trio doit produire offensivement, mais Ondrej a aussi la responsabilité de couvrir ses coéquipiers en défensive. Il réussit à remplir ces deux mandats à merveille. C’est un gars qui carbure aux challenges. C’est pourquoi son coach l’apprécie tant», a affirmé Ruel.

Ne représentant pas les intérêts de Palat dans la LNH, l’agent de joueurs au sein de la firme CAA se dit impressionné par la persévérance et la force de caractère du numéro 18 des Bolts. «C’est un gars qui joue sans peur. Il bloque des lancers et il continue de jouer malgré les blessures. Il accepte de souffrir pour aider son équipe à gagner.»

Une adversité payante

À l’issue d’une saison historique en 2018-2019, Tampa Bay a subi un gênant balayage face à Columbus dès le premier tour éliminatoire. Au lieu de s’effondrer, la formation floridienne est revenue en force lors des présentes séries, venant successivement à bout des Blue Jackets, des Bruins et des Islanders.

Selon André Ruel, la troupe de l’entraîneur-chef Jon Cooper est sortie grandie de cette adversité. «Cette défaite a été un choc pour eux, mais on dit qu’il faut apprendre à perdre avant de gagner. Wayne Gretzky avait eu cette réflexion après la défaite des Oilers en finale contre les Islanders en 1983. En passant devant la chambre de l’adversaire après le match, il avait vu les joueurs soigner leurs blessures avec des sacs de glace. Il avait compris la leçon», a relaté Ruel.

Cet échec a été particulièrement difficile à avaler pour Palat. «Ça lui a fait très mal. Cette année, il se dit que c’est peut-être une de ses dernières chances de gagner. En séries, il a élevé son jeu d’un cran, un peu à l’image de Daniel Brière en 2010», a fait valoir Ruel.

«Le noyau du Lighning est le même que l’an dernier, mais l’équipe a ajouté quelques gars de caractère. C’est une équipe qui travaille d’arrache-pied. Les gars sont vraiment focussés.»

Une perle dénichée en Pologne

C’est lors d’une compétition internationale de second ordre disputée en Pologne en 2008 que Ruel, alors recruteur européen pour les Voltigeurs, avait déniché Palat. Relégués en deuxième division, les Tchèques avaient facilement remporté le championnat mondial des moins de 18 ans.

«Palat n’avait que 16 ans, mais il jouait déjà sur la première ligne. On était intéressés à le repêcher, mais ses parents tenaient à ce qu’il termine ses études secondaires dans son pays», a relaté Ruel, qui s’était finalement tourné vers les défenseurs russes Dmitry Kulikov et Igor Golovkov.

Ondrej Palat (à droite) est félicité par Julien Tremblay lors d’un match des Voltigeurs en 2010. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

L’année suivante, Ruel s’était déplacé au Dakota du Nord afin d’épier Palat au véritable championnat mondial des moins de 18 ans. Méconnaissable, le jeune attaquant avait été relégué au sein du quatrième trio.

«Les recruteurs se demandaient pourquoi il jouait moins, mais j’avais su qu’il se remettait d’une mononucléose. C’est lui qui avait insisté pour jouer. Son rôle était plus effacé, mais il continuait de tuer des punitions et de bloquer des lancers. Je n’étais pas inquiet : je savais qu’il allait devenir un excellent joueur chez les juniors.»

En deux saisons dans l’uniforme des Voltigeurs, Palat aura finalement totalisé 136 points (56-80) en 120 parties en saison régulière. En 2010-2011, le fougueux ailier a formé un duo dominant aux côtés de Sean Couturier.

L’été suivant, André Ruel et le dg Dominic Ricard sont ensuite parvenus à convaincre Guy Boucher et le Lightning d’opter pour Palat lors du repêchage de la LNH tenu au Minnesota. Les deux hommes ont toutefois dû attendre jusqu’en fin de septième ronde, au 208e rang sur 211, pour entendre le nom de leur protégé. «Matthew Peca était le joueur ciblé par le Lightning. Dans les dernières minutes, Guy Boucher avait convaincu Steve Yzerman de faire un échange pour obtenir un deuxième choix en septième ronde.»

Ayant fait ses débuts dans la Ligue américaine dès l’âge de 20 ans, Palat a aidé le club-école du Lightning à remporter la coupe Calder lors de ses deux premières saisons professionnelles, en 2012 et 2013. Aujourd’hui, l’ex-Voltigeur s’approche déjà du plateau des 500 matchs en huit saisons en carrière dans la LNH. Palat revendique également 87 parties d’expérience en séries.

Des liens avec Drummondville

Selon Ruel, Palat et le Lightning auront fort à faire pour venir à bout des surprenants Stars de Dallas en finale. «Ils sont lourds, leur avantage numérique est dangereux et leur gardien est extraordinaire, a-t-il fait observer avant le premier match. Anton Khudobin défie les tireurs en s’avançant dans son cercle. Même s’il y a du trafic autour de lui, ça ne le dérange pas. Ils devront trouver une solution pour le battre, par exemple en travaillant derrière le filet pour ramener la rondelle dans l’enclave.»

Et si le Lightning parvient à décrocher un deuxième titre depuis 2004, les amateurs des Voltigeurs pourront alors rêver de voir Palat débarquer à Drummondville avec la coupe Stanley. «Habituellement, chaque joueur peut profiter de la coupe pour une seule journée. Pour Ondrej, ça se passerait en République tchèque. Mais comme le Lightning compte sur quelques gars du Québec, un arrêt de quelques heures à Drummondville n’est pas impossible. D’ailleurs, Ondrej a développé une belle relation avec sa famille de pension de l’époque. Ce sont des liens forts qui se créent à l’adolescence et qui durent souvent toute une vie», a conclu le vieux loup du hockey.

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