Jean-Benoit Lasanté, l’âme musicale de l’émission En direct de l’univers

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Par Pierre-Olivier Poulin
Jean-Benoit Lasanté, l’âme musicale de l’émission En direct de l’univers
Originaire de Drummondville, Jean-Benoit Lasanté est directeur musical de l’émission En direct de l’univers depuis 2012. (Photo : Gracieuseté – Eric Myre)

MAGAZINE. Baignant dans la musique d’aussi loin qu’il s’en souvienne, Jean-Benoit Lasanté possède une feuille de route qui ferait saliver n’importe quel artiste du milieu musical. Ayant cumulé plusieurs projets différents, un peu partout autour du globe, le Drummondvillois d’origine est l’âme musicale, le directeur musical de la populaire émission En direct de l’univers, et ce, depuis 2012.

Inspiré par ses parents qui gravitent également dans ce domaine, le jeune Jean-Benoit est bercé très tôt par les sons des Beatles, un des groupes préférés de son père, et par les Oldies des années 1950 et 1960.

Ayant eu ses premières expériences avec la batterie durant son enfance, celui-ci est intrigué par la guitare vers l’âge de 11 ans en écoutant le blues rock d’artistes comme Jimi Hendrix, Carlos Santana et Stevie Ray Vaughan en plus du jazz fusion, grâce au groupe québécois UZEB. Depuis ce temps, la guitare est devenue la spécialité de Lasanté, même s’il a pu apprendre à jouer d’autres instruments au cours de son cheminement. Un atout important, selon lui.

«Je joue également de la basse, du piano et des percussions. Aujourd’hui, j’ai mon propre studio et je fais des productions à la maison, donc je joue de tout. Comme ça, je n’ai pas besoin d’engager des musiciens», note le principal intéressé.

En plus d’avoir eu des cours de guitare classique à l’école À la portée des sons, l’artiste a poursuivi son parcours en Interprétation jazz au Cégep de Drummondville avant de transférer vers celui de Vanier pour bénéficier de meilleurs contacts dans l’industrie.

«À cette époque, je travaillais déjà pour Les légendes fantastiques avec Sylvain Marcotte comme chef. Je m’occupais également des revues musicales et on faisait près de 50 spectacles de Broadway et de disco. Cela m’a amené beaucoup d’expériences», raconte Lasanté.

Une tournée qui change tout

Durant sa carrière, le guitariste aura joué avec des gros noms de la musique québécoise comme Garou, Gregory Charles, Sylvain Cossette, Jean-Pierre Ferland et Nanette Workman. (Photo Eric Myre)

En 2003, la carrière du musicien prend une tournure encore plus grandiose et spectaculaire alors qu’il a la chance de faire une tournée mondiale dans 15 pays différents en tant que guitariste pour le chanteur Garou lors des prestations pour promouvoir l’album Reviens. Une aventure spéciale pour celui qui n’avait que 22 ans à l’époque.

Cette succession de spectacles deviendra un catalyseur important pour Lasanté, qui revient par la suite au Québec avec une réputation de plus en plus solide et une expérience professionnelle des plus enrichissantes.

«Dans ce temps-là, Garou c’était la plus grosse tournée que tu pouvais avoir après Céline Dion. On est allé au Liban, dans les pays de l’Est, l’île de la Réunion, en France, en Hollande. C’était extraordinaire et on était dans des conditions incroyables. J’ai tout appris durant cette tournée et j’ai été chanceux d’avoir de super musiciens avec moi», raconte-t-il.

«Ce que j’ai appris le plus, surtout en côtoyant mes collègues, c’est de rester soi-même. Je sais que c’est cliché un peu, mais j’aurais pu voir cette tournée comme quelque chose de gros. Au final, il faut que tu restes vrai envers toi-même et que tu apprécies toujours ce que tu as, car tu ne sais jamais quand ça peut finir», a poussé comme réflexion Lasanté.

Après d’autres remplacements comme guitariste pour Jean-Pierre Ferland et Sylvain Cossette, il reçoit un appel du chef d’orchestre Guy St-Onge pour participer à une audition pour être sur l’émission «Véro», animée par Véronique Cloutier. Même si cela n’aura duré qu’un an, Lasanté a pu se forger sa réputation dans le monde télévisuel avec pas moins de 125 spectacles lors de la diffusion de la quotidienne de 2005 à 2006.

Une fructueuse association

En plus de l’émission pilotée par France Beaudoin, Lasanté s’occupe également du spectacle de la Fête nationale depuis les cinq dernières années. (Photo Eric Myre)

Cette coopération avec Guy St-Onge marquera un autre moment clé dans la carrière du guitariste. Chef d’orchestre pour Gregory Charles, St-Onge approche de nouveau Lasanté pour faire partie de l’ensemble à temps plein.

Toutefois, ce dernier devait prouver une fois de plus sa valeur en participant à l’album I Think of You produit en 2006. Dès sa parution, le succès est au rendez-vous avec près de 380 000 copies vendues.

Il a ensuite fait partie du band de Gregory Charles durant neuf ans, ce qui l’a mené à faire d’innombrables prestations sur scène et à la caméra en plus de participer à d’autres albums en studio. Il s’agira d’une grande école pour Jean-Benoit Lasanté, qui aura appris à jouer n’importe quelle chanson populaire, en plus de lui ouvrir toutes les possibilités pour la télévision.

«Maintenant, tu me demandes de te jouer n’importe quelle chanson, je vais la faire. Ça ne me stresse pas. À cause de Gregory et de mes parents, j’en connais beaucoup. Même si je n’en connais pas une, je vais trouver un moyen de la jouer pareil. Je n’ai pas peur d’y aller et je ne me mets pas de barrières».

Maître du casse-tête

Maintenant dans l’équipe d’En direct de l’univers à Radio-Canada, la majeure partie du travail du travail de Lasanté consiste à prendre la liste de chansons proposée par l’invité et positionnée par l’équipe de contenue pour créer des arrangements originaux.

Ce qui semble être un travail relativement simple à première vue est pourtant tout un casse-tête à assembler pour le directeur artistique alors qu’il doit agencer entre 15 et 30 chansons différentes uniquement pour le medley d’ouverture.

«Souvent, il y a un processus de démêlage. Je m’assois chez nous et j’entame ça. Si ce n’est pas le même tempo, j’essaie de cibler une chanson qui est plus facile à être sur le tempo puis j’intègre des petits bouts de chanson. Des fois, c’est spontané et ça se fait tout seul, mais certaines ne vont pas bien ensemble. Il y a un gros travail derrière cela», explique le directeur musical.

Ce genre de travail lui a également servi lorsque le temps est venu de mettre en place le spectacle annuel de la Fête nationale, un autre gros contrat qu’il a décroché pour la télévision et qu’il honore depuis cinq ans.

Or, l’édition 2020 a été une expérience fort différente de ce qu’il a pu vivre dans les années passées. En plus d’être transféré des Plaines d’Abraham à l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières, le spectacle présenté devant normalement des dizaines de milliers de spectateurs a dû être modifié étant donné l’absence des spectateurs dû à la pandémie.

«Le meilleur souvenir que je garde, c’est la solidarité entre les artistes et les techniciens. Tout le monde voulait aller à la même place et travaillait dans le même sens. J’ai vraiment senti une force intérieure des gens qui voulait donner son 100 % afin de faire le meilleur spectacle possible. C’est comme cela chaque année, mais il y avait de quoi de plus, car c’était vraiment une situation vraiment inhabituelle», raconte Jean-Benoit Lasanté.

Toutefois, du côté technique, ce changement a entraîné des façons de faire quelque peu différentes.

«La technicalité restait la même que celles des autres années, sauf que le spectacle en tant que tel a écopé du fait qu’il n’avait pas de public. Ç’a bien été, mais c’était bizarre au début. Normalement, quand tu finis une chanson ou un medley, il y a des applaudissements. Là, il n’avait rien. On a traité ça comme un vrai spectacle de variétés sans public.»

Volet créatif

Même s’il apprécie ses contrats avec l’univers télévisuel, Lasanté n’exclut pas, un jour, de prendre un virage quelque peu différent et d’explorer un côté plus créatif de son art.

Encore sous contrat pour deux ans avec l’équpe d’En direct de l’univers le musicien souhaite poursuivre sa carrière le plus longtemps possible, mais ne cache pas qu’il aimerait incorporer d’autres petits projets personnels dans son bagage.

«On sait jamais où la vie nous mènera. Peut-être qu’un spectacle va s’arrêter et qu’un autre va débuter. Peut-être que ça va ralentir de ce côté-là. Je pourrai me concentrer sur ce que j’ai envie de faire personnellement. Musicalement, il y a plein d’idées que je veux faire sans nécessairement sortir un album ou quoique ce soit. Juste me concentrer à faire mes compositions à moi, c’est quelque chose de très fort que je n’ai pas tant de temps de faire, car je travaille énormément. Mais je projette cela. J’aimerais prendre du temps un moment donné», conclut Lasanté.

La populaire émission animée par France Beaudoin reviendra pour une douzième saison, cet automne, à compter du 19 septembre. Parmi les invités, les spectateurs pourront voir à l’écran Jean-Marc Généreux, Mélissa Bédard, David St-Jacques, Guy Jodoin et Patrice Godin.

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