Drummondville est sous les projecteurs dans le film Yankee

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Par Emmanuelle LeBlond
Drummondville est sous les projecteurs dans le film Yankee
Devon Slack est l'actrice principale de Yankee. (Photo : gracieuseté)

CINÉMA. Drummondville est mis à l’honneur dans le nouveau long métrage de Stéphan Beaudoin, Yankee. Si le cœur de l’action se déroule à l’ancienne usine Denim Swift, les personnages gravitent aussi au centre-ville et sur les berges de la rivière Saint-François.

Yankee raconte l’histoire de Skylar, une jeune fille qui fuit les États-Unis après avoir commis un crime. Son cousin Kev, un trafiquant de drogue minable, l’accueille dans son patelin à Drummondville. Désirant se tailler une place dans les combats illicites, Kev convainc sa cousine de se battre dans des fight clubs «undergrounds» pour subvenir à leurs besoins.

Aux yeux de Thomas Liccini, producteur et coordonnateur des cascades, Drummondville était l’emplacement idéal pour tourner les scènes du long métrage.

L’ancienne usine Denim Swift. (Photo d’archives)

«La Denim Swift, c’était un cadeau de Dieu. C’est une énorme usine. Avec une location, on avait plusieurs lieux de tournage et ça ne paraît pas dans le film. On dirait qu’on a tourné dans plusieurs locations différentes. Pour un film indépendant, c’est rare», explique-t-il. La majorité des scènes de combat se sont déroulées à cet endroit.

L’équipe de Yankee a été charmée par l’esthétique de certains quartiers, qui sont le reflet de l’ère industrielle, et la proximité de la rivière Saint-François. «J’ai beaucoup aimé l’appartement sur la rue Des Forges qui était coincé entre deux buildings. C’était énormément évocateur. J’ai adoré ce look-là, affirme Thomas Liccini. Les paysages étaient magnifiques sur le bord de la rivière Saint-François. On a aussi tourné dans un dépanneur. On n’a vraiment pas eu de difficulté à avoir les autorisations.»

Les comédiens sur le bord de la rivière Saint-François. (Photo: gracieuseté)

À la suite d’un coup de cœur mutuel, la scénariste Sophie-Anne Beaudry s’est chargée d’écrire le scénario en fonction du territoire drummondvillois. Puisque les comédiens étaient déjà choisis, quelques mois ont suffi pour tout mettre en place et débuter les tournages. En 2015, L’Express avait justement assisté à quelques scènes de combat.

La communauté s’est rapidement approprié le projet cinématographique, à la grande surprise du producteur. «Les gens ont vraiment embarqué. J’ai trouvé ça génial! Je ne pense pas que j’aurais pu faire un film comme ça à Montréal, témoigne-t-il. On a eu des journées où on avait de 50 à 60 figurants. Ce sont des gens qui sont venus gratuitement. On avait de longues journées de tournage et tout le monde restait de A à Z. J’ai été impressionné.»

L’univers des combats illicites

Le film indépendant sort des sentiers battus pour les thèmes qui sont abordés. Les combats de rue et la violence sont omniprésents. «On voulait jeter un regard sur le cercle de la violence. On est vraiment dans les bas-fonds. Dans le milieu dans lequel on traite (les vendeurs de drogue et les gens qui ont des problèmes de consommation), la violence physique et la violence verbale viennent l’un avec l’autre», soutient le producteur.

La majorité des combats se déroule dans la Denim Swift. (Photo: gracieuseté)

Pour ce faire, Thomas Liccini a déployé beaucoup d’efforts pour que les comédiens effectuent leurs propres cascades. «C’était une priorité dans ce film. Il n’y a aucune doublure de cascades. J’ai entraîné Émile Mailhiot, Jean-Philippe Perras et Devon Slack pendant des mois. On a commencé l’entraînement de cinq à six mois avant le tournage.» Rappelons que l’actrice principale Devon Slack est une cascadeuse professionnelle depuis 2010, possédant une certaine base en la matière.

L’équipe de Yankee est persuadée que le fait que les cascades soient exécutées par les comédiens représente une valeur ajoutée. «Ça se sent quand c’est l’acteur qui performe. On a toujours de meilleurs résultats. Quand on est obligé d’utiliser des doublures, ça nous limite dans la façon de filmer la scène.»

Malgré la noirceur de certains personnages, chacun d’eux dévoile une partie de leur vulnérabilité. «On traite tellement de sujets durs que c’est important qu’on se reconnaisse. Je ne baigne pas dans ce milieu-là, mais je m’attache quand même aux personnages. De la violence pour de la violence, c’est vide et le spectateur ne se reconnaît pas. En exposant le côté humain, on voit qu’ils sont coincés là-dedans et qu’ils essaient de s’en sortir, mais plus ils se débattent, plus ils s’enfoncent.»

Jean-Philippe Perras interprète Kev. (Photo: gracieuseté)

Thomas Luccini est content de pouvoir enfin présenter le fruit de son travail au grand public. «Pour moi, on tourne la page de cinq ans de ma vie. C’est comme si on accouchait de notre bébé. Maintenant, il volera de ses propres ailes.»

Pour les intéressés, le long métrage est disponible au festival Fantasia, sous une formule virtuelle. Les billets virtuels sont présentement disponibles.

À noter : puisque l’actrice principale provient de la Colombie-Britannique, les échanges entre les comédiens sont autant en français qu’en anglais.

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