«Journal de Bolivie» : à la quête de l’héritage de Che Guevara

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Par Emmanuelle LeBlond
«Journal de Bolivie» : à la quête de l’héritage de Che Guevara
Jules Falardeau et Jean-Philippe Nadeau Marcoux sont partis à la quête de l'héritage de Che Guevara en Bolivie. (Photo : gracieuseté)

CINÉMA. Jules Falardeau et Jean-Philippe Nadeau Marcoux ont parcouru la Bolivie pendant deux mois afin de comprendre quel est l’héritage de Che Guevara, depuis sa mort en 1967. Après trois ans de dur labeur, les réalisateurs sont prêts à présenter Journal de Bolivie, un documentaire qui donne une tribune à la classe populaire du pays.

En 1966, l’Argentin Ernesto Guevara, dit le «Che», se rend en Bolivie, accompagné de ses fidèles, pour mener une guérilla dans l’espoir d’y faire éclore une révolution. L’opération tourne au vinaigre et l’homme est capturé par l’armée bolivienne, en 1967. Le lendemain, Che Guevara est exécuté. Son corps est exposé dans une buanderie de la petite ville de Vallegrande.

Cinquante ans plus tard, la Bolivie se prépare à commémorer la mort de ce héros sud-américain. Question de documenter cet événement, les cinéastes québécois débarquent dans ce pays, équipés de leur matériel vidéo.

Jules Falardeau rencontre un Bolivien. (Photo: gracieuseté)

Les coréalisateurs entrent rapidement en contact avec des Boliviens qui adhèrent à Juventud Libre, un groupe militant qui traversait jadis la «Route du Che». Ce circuit historique retrace les derniers pas de Che Guevara avant sa mort.

Jules Falardeau a sauté sur l’occasion pour inviter la troupe à renouer avec l’expédition, ce qui amène un angle rafraîchissant au documentaire. «Le Che, c’est un sujet qui est abondamment traité et décortiqué. De revenir sur l’échec de la guérilla, tu n’as pas le droit de niveler par le bas. Il faut que tu amènes quelque chose au niveau du contenu qui est intéressant», précise le fils du défunt cinéaste Pierre Falardeau.

«En même temps, tu ne veux pas assommer le public avec de grandes explications. Ça te prend un peu d’émotion et d’humanité. Le fait qu’il y a la route en parallèle des explications historiques, ça donne un beau mélange qui permet aux spectateurs d’apprendre des choses et de vivre des émotions», complète-t-il.

Le pèlerinage

C’est lors du pèlerinage que les langues se délient et les témoignages font leur apparition. «On a développé un lien très fort avec le groupe. Au début, certains des membres qui étaient plus vieux avaient des réserves à voir deux touristes étrangers arriver. À partir du moment qu’ils comprennent notre démarche, on a partagé des moments de camaraderie. On a vécu de grandes discussions et des moments forts. C’est une très grande richesse», témoigne le coréalisateur.

Un Bolivien lors du pèlerinage. (Photo: gracieuseté)

Le groupe a parcouru les lieux où le révolutionnaire a été capturé. «On est arrivé à La Higuera assez tôt le matin. On est descendu dans le ravin où le Che a été capturé. On était les seuls à cet endroit. On a vécu une période de recueillement où on a pris la parole chacun notre tour», raconte Jules Falardeau, avec émotion.

Diversité

Journal de Bolivie se distingue par la diversité de ses intervenants. «Je voulais savoir quelle était la mémoire du Che dans la mythologie populaire. Ça va autant du docteur universitaire qui a des explications précises sur des sujets, à des gens qui ont moins souvent la parole et qui sont autant impliqués émotionnellement auprès du Che», soutient le coréalisateur.

Par l’entremise de cette prise de parole, le spectateur constate tout l’amour que les Boliviens ont pour leur patrie. «Ce que j’ai toujours trouvé intéressant chez les Latino-Américains, c’est l’espèce de fierté nationale qui est très présente et sans ambiguïté. Il n’y a pas de mal à aimer et à être fier de son pays. Il n’y a personne qui va avoir des sentiments négatifs à cet égard. Je trouve ça très inspirant.»

En Bolivie, il y a plusieurs murales de Che Guevara. (Photo: gracieuseté)

Selon Jules Falardeau, l’implication politique des Boliviens peut avoir un écho auprès du public québécois. «On montre que ce n’est pas nécessaire de militer dans un parti. Ça peut être beaucoup plus grandiose et moins stérile. Les choses qui m’ont ému, c’est quand les étudiants en grève en 2012 avaient une ferveur, une volonté de s’intéresser et de s’impliquer. J’ai l’impression que la balloune s’est dégonflée avec les années», mentionne-t-il.

Rappelons que Jules Falardeau est de passage ce mardi soir au cinéma Capitol de Drummondville dans le cadre d’une rencontre avec le public, pour la projection de 19 h 15.

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