Nathaniel Leavey voit les insectes autrement

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Par Emmanuelle LeBlond
Nathaniel Leavey voit les insectes autrement
Nathaniel Leavey, propriétaire des Entreprises Maheu, est passionné par les insectes, et ce, depuis son jeune âge. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Fourmis, abeilles, puces et coccinelles : ces petits insectes attendent l’arrivée du printemps pour sortir de leurs cachettes afin de se déployer dans la nature. Au lieu de vouloir les éliminer à tout prix, pourquoi ne pas se réjouir de leur présence? C’est ce que propose Nathaniel Leavey, propriétaire des Entreprises Maheu, qui croit fermement en l’utilité des insectes. Nouveau regard sur un univers méconnu.

Cet homme au grand sourire contraste avec l’idée préconçue que monsieur et madame Tout-le-Monde ont des exterminateurs. «Les gens pensent souvent qu’un exterminateur est celui qui met n’importe quel produit partout – le plus fort possible – pour tuer le plus d’insectes possible», explique-t-il.

Nathaniel Leavey préfère voir le côté positif des insectes.

Nathaniel Leavey opte plutôt pour une autre approche. «Je me dis que pour mieux contrôler les insectes, il faut bien les connaître et les aimer. Si on haït notre ennemi, on peut manquer des choses. Si on l’aime, on a envie de s’informer.»

Le propriétaire des Entreprises Maheu œuvre dans l’entreprise familiale depuis une trentaine d’années. Il a constaté que plusieurs Drummondvillois cultivent une réticence envers les insectes. Pourtant, ces petits animaux ont un apport essentiel dans notre écosystème.

«Si tous les insectes disparaissaient, cela créerait d’autres problèmes, indique-t-il. Les insectes ont un rôle de prédation. Par exemple, les fourmis vont contrôler les pucerons et d’autres insectes qui sont sur les plantes. Si on élimine toutes les fourmis, les autres parasites vont envahir nos jardins. Il faut faire attention.» Selon l’expert, tout est une question d’équilibre.

Généralement, la peur des insectes est alimentée par l’inconnu et l’ignorance, souligne-t-il. Pour démystifier cet univers, Nathaniel Leavey anime des conférences dans les garderies et les écoles, depuis une quinzaine d’années.

«Je veux que les enfants réalisent que les insectes sont fabuleux. C’est intéressant de montrer qu’il y a tout un monde organisé derrière la bestiole qu’on veut écraser», appuie-t-il, avec assurance.

Un échantillon de la collection de Nathaniel Leavey.

Afin d’illustrer ses propos, ce fin connaisseur présente des espèces de sa collection d’insectes. Que ce soit des scarabées ou des araignées, la curiosité gagne instantanément l’assistance. «J’apporte beaucoup de visuels. J’essaie d’amener du ‘’vrai’’ pour qu’ils puissent voir les vraies belles couleurs, comme le papillon bleu», raconte-t-il.

Beaucoup de travail se cache derrière cette collection. Dans ses temps libres, Nathaniel Leavey encadre lui-même ses petits trésors. «Quand je reçois un scorpion, il est en boule. Je dois l’humidifier. Je lui place les pattes. C’est tout un travail de minutie! Je pourrais acheter un papillon déjà monté par mon fournisseur, mais je préfère m’en occuper parce que c’est la passion de le manipuler», explique celui qui possède une collection de plus de mille insectes.

Rationnaliser leur présence

L’arrivée du beau temps est synonyme de réveil de la nature. Selon Nathaniel Leavey, il est important de rationaliser la présence des insectes, ne serait-ce que pour comprendre le message qu’ils peuvent nous envoyer.

«Au printemps, ce qui dérange beaucoup les gens, c’est la fourmi charpentière. Elle s’attaque à notre bien précieux qui est la maison. On ne veut pas qu’elle s’installe et qu’elle grignote notre structure. Contrairement à ce que les gens peuvent penser, la fourmi charpentière ne mange pas le bois comme un termite, elle mange la moisissure qu’il y a sur le bois», amène l’expert.

Les insectes sont utiles pour notre écosystème.

Ainsi, ce petit insecte est présent pour nous signifier que la «maison est malade», ajoute Nathaniel Leavey. «Si on répare la maison, on règle souvent le problème. On peut traiter, ça va régler le problème plus vite. Mais juste en réparant la fenêtre qui est pourrie, en ouvrant le cadrage, les fourmis vont tomber comme une chute», complète-t-il.

Cette vision est d’ailleurs préconisée par les exterminateurs d’aujourd’hui. «On appelle ça de la gestion parasitaire. On trouve la cause, on trouve une solution et on l’applique. Si on oublie une de ces étapes et qu’on veut juste appliquer la solution, on passe à côté», soutient-il.

Les insectes vous donnent encore froid dans le dos? Vous n’êtes pas encore convaincu? Eh bien, dites-vous qu’ils sont à la base inoffensifs. «Il n’y a pas d’insectes qui sont fondamentalement méchants, qui veulent attaquer pour tuer. Souvent, ils veulent défendre leur nid, leur colonie», conclut Nathaniel Leavey.

Des insectes à découvrir

Nathaniel Leavey possèdent plusieurs insectes dans sa collection personnelle. Voici deux de ses espèces préférées.

En premier lieu, il y a le scarabée bousier qui provient de l’Afrique. «C’est un insecte qui roule sa boule de crottin toute sa vie. C’est une femelle qui va pondre ses œufs dans la boule pour que les enfants qui viennent au monde se nourrissent des grains qui se trouve dans l’excrément. C’est fascinant comment elle est prête à donner sa vie pour défendre sa boule. Aussi, j’aime ces insectes parce qu’ils sont souvent très colorés», explique-t-il, tout sourire.

En deuxième lieu, Nathaniel Leavey voue beaucoup d’admiration pour les fourmis. «Il y a toute sorte de fourmis dans le monde et elles sont extrêmement intelligentes. On dirait que ce sont les fourmis qui nous imitent, mais c’est nous qui les imitons! Par exemple, les fourmis vont avoir des cimetières et des garde-manger dans leur nid. Elles font de l’agriculture tout comme de l’élevage. Elles vont aussi organiser et contrôler les naissances. Aussi, elles font des guerres et elles colonisent», énumère-t-il.

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